ENTRETIEN – Étienne Blanc, député UMP de l’Ain, maire de Divonne-les-Bains, candidat à la candidature pour la présidence de Rhône-Alpes en 2015 a décidé de ne pas s’incliner face à Michel Barnier. Il appelle de ses vœux l’organisation d’une primaire à l’automne. “Le temps nous est compté, la campagne va être très courte”, presse-t-il les instances nationales.
Lyon Capitale : Maintiendrez-vous votre candidature face à Michel Barnier (UMP) si le commissaire européen l’officialise après l’été, comme cela semble se confirmer ?
Étienne Blanc : Bien sûr, il faut organiser une élection primaire. Ce n'est pas le débat sur les personnes qui est important, mais le débat sur le fond car, comme Manuel Valls l'a indiqué dans son discours de politique générale, le Gouvernement envisage de renforcer les régions au détriment des départements. La France va devenir une France fédérale. C'est un changement très profond. Or il existe différentes façons de voir les choses sur le sujet. D'abord, une conception très européenne, très fédéraliste, et une autre – qui est la mienne –, celle des régions fortes au service d'une France puissance. J'imagine plutôt une France très décentralisée mais qui ne serait pas une nation affaiblie par des régions dans le cadre d'un système fédéral. Ma vision s'inspire du discours du général de Gaulle dans son discours de 1969. C'est un vrai sujet, dont il faut débattre dans le cadre d'une primaire à l'UMP.
Michel Barnier a été défait dans la course à la présidence de la Commission européenne. Ses pairs lui ont préféré le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker. Il avance maintenant ses pions en vue de la primaire UMP pour les élections régionales. Peut-on parler de parachutage ?
Non, je ne crois pas. Michel Barnier a encore des attaches rhônalpines. Il s'est éloigné de la région pendant plusieurs années mais, incontestablement, il a encore une image en Rhône-Alpes. Moi, je n'ai pas eu la chance d'être ministre, ni commissaire européen, ni secrétaire d'Etat, je ne sais pas si c'est un avantage, ce sont les électeurs qui le diront lors de la primaire.
Donc vous ne vous coucherez pas devant Michel Barnier en vue des régionales ?
Non, je pense qu'il faut d'abord donner la parole à ceux qui veulent porter cette campagne régionale. Une fois la primaire passée, les choses s'éclairciront.
Quand pourrait avoir lieu cette primaire en Rhône-Alpes ?
C'est aux instances nationales d'en décider. Moi, je fais acte de candidature, je pense que Michel Barnier fera acte lui aussi. Ensuite, je demanderai aux instances nationales de mettre en place les instances de contrôle et de transparence, comme lors de notre congrès cet été. C'est un travail relativement lourd, mais il ne faut pas perdre de temps car, après la primaire, il faudra rassembler les forces qui se sont exprimées lors de la campagne interne. Nous sommes déjà en mai. La campagne va être très courte.
Le fait que vous soyez proche du président de l’UMP, Jean-François Copé, vous isole d’une partie des conseillers régionaux UMP, les fillonistes plus proches de Bernard Accoyer. Avez-vous les capacités de rassembler ?
Ce sera tout le challenge de cette élection primaire, mais je crois que pour rassembler il ne suffit pas de jouer au Meccano et d'assembler des pièces entre des copéistes d'un côté, des fillonistes de l'autre. Il faut un projet pour rassembler et convaincre ceux qui ne pensent pas comme nous que la région peut être une réponse très forte à une série de maux qui rongent la France : la carence dans l'investissement, la peine que nous avons à soutenir et à développer nos entreprises. Le vrai problème, c'est le décrochage de la compétitivité en France. Au niveau régional, on peut avoir de vraies réponses sur le sujet. Très clairement, cette question des copéistes et des fillonistes n'a plus beaucoup de sens relativement à ces sujets.
Les querelles de chapelles entre fillonistes d’un côté et copéistes de l’autre sont donc derrière vous ?
Oui, indiscutablement.
Nota bene : Contactée par nos soins, la commission d'investiture nationale de l'UMP n'a pas encore pris de décision concernant l'organisation d'une élection primaire en Rhône-Alpes en vue des régionales. Elle se décidera après les sénatoriales, à l'automne.
Tout le monde en a assez des primaires. Tous veulent leur primaire pour la gloire, mais au final, cela épuise les militants ! et de gloire, il ne reste pas grand chose...