Alors que la jeune chambre économique de Lyon vient de lancer un projet sur la réfection de la place des Terreaux pour contribuer au débat public, la métropole de Lyon a indiqué que des réflexions avaient débuté. Ces réflexions associent Daniel Buren, qui a dessiné la place et avait fortement critiqué le maire de Lyon en août dernier.
Dalles cassées et fontaines hors service, des mots qui résument bien aujourd'hui l'état des Terreaux. Face à la dégradation de cette place, la jeune chambre économique de Lyon (JCE) a lancé "place O vision" afin de proposer une nouvelle vision de la place des Terreaux.
“Le projet est né début 2012. On était parti du constat que toutes les places lyonnaises étaient en train d'être refaites mis à part la place des Terreaux, alors que c'est la place la plus symbolique de Lyon en raison de son histoire et de son emplacement”, regrette Benjamin Bayard, responsable de “place O vision”.
Leur objectif est d'apporter une vision neuve de la place dessinée par Daniel Buren. En partenariat avec une trentaine d'étudiants de l’école nationale d’architecture de Lyon. "[Leurs] projets sont très détaillés et proposent des rendus visuels", explique le responsable de Place O Vision. Les propositions sont basées sur une enquête de terrain. "On a sondé les Lyonnais et on a rencontré plusieurs associations pour connaître leurs besoins et leur vision. Ils veulent faire évoluer la place."
“Nous travaillons en lien avec Daniel Buren sur la réfection de la place des Terreaux”
En août 2015, l'artiste s'était lui aussi dit “écœuré” par le délabrement de la place, affirmant que Gérard Collomb n'était "même pas foutu de voir devant sa fenêtre". Le maire de Lyon avait alors expliqué que l'attaque de Buren venait "un peu tard", car la mairie était désormais "dans le mouvement" des rénovations.
Contactée par Lyon Capitale, la métropole de Lyon a réagi à l'initiative de la JCE et réaffirmé sa volonté de rénover les Terreaux : "On est complètement conscient qu'aujourd'hui il faut trouver une solution pour réaménager cette place, mais on ne sait pas à quel niveau. Tous les projets apportent des choses à la réflexion, mais on n'est qu'au début de cette réflexion. Le travail est engagé", indiquent les services de la métropole.
Quant à Daniel Buren, ses relations avec la mairie semblent s'être apaisées puisque l'artiste sera associé au projet, assure-t-on à la métropole : "Daniel Buren n'est pas opposé à une réfection des Terreaux. Nous travaillons en lien avec lui sur la réfection de la place. On est dans les premières réunions. Daniel Buren est d'accord pour envisager un travail. Mais il est encore tôt et rien n'a été choisi."
Juridiquement, le projet pourrait se faire sans Daniel Buren
Pourtant, du côté de la JCE, on explique que la réfection de la place pourrait se faire sans le plasticien : "On a organisé une conférence avec des juristes, qui ont montré que deux droits forts sont opposés. Mais, quand il y a eu opposition entre droit privé et administratif, c'est souvent le cadre administratif qui l'a emporté. En cas de condamnation, ce n'est jamais plus de 50 000 euros. Donc, dans tous les cas, une rénovation est possible."
Mais la JCE n'a pas vocation à porter le projet sur le long terme. "On a montré aux politiques qu'il y a une possibilité artistique et technique de faire quelque chose, ainsi qu’une faisabilité juridique – parce que c'est ça qui refroidit les politiques, poursuit Benjamin Bayard. Maintenant, il faut que d'autres s'en emparent. On a remis notre projet aux différents élus. Le débat est sur la place publique. Il y a un besoin citoyen. Le pouvoir politique doit prendre les choses en main. C'est à eux de faire le travail."
Les citoyens doivent savoir que la noria de bus transitant sur le pourtour de la place des Terreaux occasionne des surcharges et des vibrations que ne peut supporter le dallage 'à la Buren', notamment les C3 version longue qui pèsent 17 tonnes à vide + passagers. Au centre de la place des 'animations' utilisent des tréteaux des échafaudages qui la plombent, s'y rajoutent les véhicules de livraisons pour les dépôts. Trop c'est trop pour un revêtement fragile. Pour comparaison, l'environnement de la place (burennisée aussi) du Palais Royal à Paris 1° est plus protecteur et donc plus pérenne.