Rhône : victoire nette de Benoît Hamon et confusion chez les élus

Les résultats sont sans appel dans le Rhône. Benoît Hamon (61,83%) devance très largement Manuel Valls (38,17%).. Si la victoire des urnes est nette dans le département, Benoît Hamon ne fait pas l'unanimité chez les cadres du PS qui soutiennent Emmanuel Macron et chez ceux qui soutenaient Manuel Valls.

À l'annonce des résultats en faveur de Benoît Hamon à la fédération PS du Rhône, les militants applaudissent, avant que certains ne soient irrités par le fait que Benoît Hamon entame son discours de vainqueur tandis que Manuel Valls n'a pas terminé celui du vaincu. Passé ce moment d'étonnement, les soutiens de Benoît Hamon affichent un triomphe modeste, malgré les nombreux revers essuyés pendant des années lors des élections internes.

Damien Berthilier, adjoint PS à la mairie de Villeurbanne, est confiant. "Nous sommes partis de très loin dans cette campagne et nous avons fait un travail extraordinaire, qui a créé un vrai élan pour Benoît Hamon. Cette victoire, nous la devons à cela. Maintenant, nous devons rassembler, cela en vaut la peine : les gens commencent à se dire qu'une victoire est possible en 2017. Demain matin, tous les compteurs seront remis à zéro. Manuel Valls a eu une réaction digne, il a clairement dit que la victoire de Benoît Hamon était légitime. Nous allons devoir travailler sur cela au niveau local, ceux qui devaient partir chez Emmanuel Macron l'ont déjà fait, mais je veux retenir que des militants de Manuel Valls m'ont dit qu'ils allaient faire campagne avec nous. Benoît Hamon va rassembler plus largement que ceux qui se lancent dans une aventure personnelle. Les 2 millions d'électeurs lui donnent un vrai poids, ce ne sont pas de simples clics sur Internet", indique-t-il en référence au ralliement de nombreux élus PS au mouvement d'Emmanuel Macron.

Jean-Paul Bret, le maire de Villeurbanne, a appelé dans un communiqué à un rassemblement "sans états d'âme et avec conviction" derrière Benoît Hamon. C'est aussi l'avis de Jean-François Debat, le chef de file de l'opposition à Laurent Wauquiez au conseil régional, qui s'est exprimé de Paris où il s'était rendu pour être aux côtés de Manuel Valls: "Manuel Valls a rappelé que les règles seront respectées. C'est à Benoît Hamon de faire mentir le deuxième tour annoncé entre la droite et l'extrême droite. Je pense que le parcours politique est collectif, et que ceux qui attendent que le parti se déchire n'ont pas gagné. Nous prenons acte du résultat et nous souhaitons que Benoît Hamon fasse le meilleur résultat à la présidentielle. Il a gagné, c'est à lui de faire le rassemblement. Je soutiens le candidat issu de la primaire."

Même chose du côté du député PS Pierre-Alain Muet, qui a écouté la consigne de vote d'Arnaud Montebourg: "Je salue une belle victoire et une belle mobilisation. La dynamique de Benoît Hamon est la meilleure façon pour rassembler autour de lui. Cette présidentielle est bien plus ouverte qu'on ne le croit. La campagne sera polarisée droite-gauche et Benoît Hamon va mordre sur beaucoup d'électeurs tentés par Jean-Luc Mélenchon."

“Une bonne participation, rien de plus”

L'organisateur de la primaire dans le Rhône, le député-maire de Feyzin Yves Blein, n'est pas bavard. Le candidat qu'il soutenait, Manuel Valls, a été battu par Benoît Hamon dans sa commune, contrairement aux résultats du premier tour. Dans L'Autre Direct, il n'excluait pas de rejoindre la campagne d'Emmanuel Macron. Ce dimanche, il "retient une bonne participation à la primaire, rien de plus" et attend de rencontrer Benoît Hamon, comme l'ensemble des députés PS, ce mardi à l'Assemblée, avant d'annoncer le candidat qu'il soutiendra.

"Nous avions eu un congrès du PS qui avait donné une ligne réformiste, mais ce réformisme n'a pas su rassembler, nous a déclaré ce soir David Kimelfeld, premier-vice président à la métropole de Lyon, qui avait annoncé son soutien à Emmanuel Macron bien avant cette primaire. Je reste sur cette ligne-là et Benoît Hamon n'est pas la majorité de ce que pense le PS, aujourd'hui encore. La question qui doit nous occuper, et Manuel Valls l'a dit, c'est de savoir qui est en capacité de troubler le match entre François Fillon et Marine Le Pen. Il n'y a que ça qui doit occuper notre énergie quand on est de gauche. Le seul à pouvoir le faire est Emmanuel Macron. Je partage avec lui ses engagements réformistes et je pense que les gens entendront les propositions réalisables, pas celles qui reposent sur du sable. Je n'ai pas l'intention de démissionner du Parti socialiste et je ne pense pas renier mes valeurs en soutenant Emmanuel Macron. Je ne serai pas le seul dans cet état d'esprit."

Le maire de Lyon, Gérard Collomb, qui tractait pour le meeting d'Emmanuel Macron à la veille du scrutin, n'a pas dit autre chose sur le plateau de BFM TV : "La victoire de Benoît Hamon est nette. D'une certaine manière, on a tranché un débat. Il y avait au PS deux ailes très différentes: celle qui est dans les rêves et celle qui est dans la réalité. Si ce débat avait été tranché plus tôt, peut-être que le quinquennat se serait mieux passé. Le seul qui est en position de gagner face à Marine Le Pen et François Fillon, c'est Emmanuel Macron."

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