Rivalta, bientôt exclu du PS ?

Les 116 000 euros que doit Bernard Rivalta au Sytral sont à ajouter à l’estimation de 100 000 euros que le président du Sytral doit au Parti Socialiste. Des militants PS sont bien décidés à lui demander des comptes et à réclamer son expulsion du PS.

Même sous le feu des mises en accusation publiques, Bernard Rivalta a toujours bénéficié du soutien de ses amis socialistes, surtout parmi les grands élus, Gérard Collomb le premier. La chose étonne tant et si bien que ce soutien inconditionnel suscite une interrogation sceptique et incrédule chez ceux qui ne s’expliquent toujours pas (rationnellement) le soutien dont bénéficie le président du Sytral face à des indemnités (116 000 euros) dont la justice administrative a jugé qu’elles étaient illégales. La réprobation éthique et les critiques devant le comportement effronté de Bernard Rivalta étaient, croyait-on, réservées à quelques bonnes âmes comme Béatrice Vessiller (Verts) ou Richard Llung (PS) qui sauvaient, un peu, l’honneur de la gauche. Mais un cercle de militants socialistes de Villeurbanne, sorte de village gaulois en pleine baronnie socialiste, espère bien s’attaquer au piédestal sur lequel repose Bernard Rivalta.

Conduit par le secrétaire de section de Villeurbanne, Frédéric Vermeulin, ces militants PS espérent saisir la commission des conflits du parti afin de demander l’exclusion de Bernard Rivalta. Le motif reste une histoire de gros sous. Mais pas ceux que Rivalta doit au Sytral. Plutôt en raison du non paiement des cotisations qu’il doit au... PS et qu’il n’a jamais payées puis qu'il est élu, soit une trentaine d'années. L’estimation de la somme a de quoi faire tousser : entre 90 000 et 150 000 euros ! Certains proches de la fédération PS du Rhône, tablent plutôt sur un montant de 100 000 euros. “Les militants PS travaillent pour le faire élire, ce qui lui a permis d’être élu et d’empocher des revenus. La moindre des choses est qu’il reverse sa côte-part au Parti. Ce qu’il n’a jamais fait ! C’est moralement inacceptable ! ” explique Frédéric Vermeulin. Donc, entre le Sytral et le PS, Rivalta doit pas mal d’argent. Si les bons comptes font les bons amis, on se demande comment le président du Sytral se débrouille pour avoir encore des “camarades”.

Une demande de précision sur les arriérés de cotisations a été envoyée au premier secrétaire fédéral Jacky Darne. “Personne ne m’a saisi des problèmes de cotisations de Bernard Rivalta”, affirme pourtant M. Darne. La déclaration est surprenante mais traduit l’embarras du PS devant cette affaire qui arrive en pleine campagne pour les Régionales. Donc au plus mauvais moment. La tentation est de mettre le dossier en sommeil pour ne pas donner le spectacle d’un parti déchiré. “Si on doit traiter ça plus tard et bien on le traitera plus tard. Mais il faut le régler ! C’est une chose qui me tient à coeur, d’autant que ce dossier tient aussi à l’affaire du Sytral”, note Frédéric Vermeulin étrangement sibyllin.

Car cette affaire du Sytral, c’est non seulement les indemnités illégalement perçues par Rivalta mais c’est également un courrier envoyé à Jacky Darne et signé par six socialistes* du Comité Syndical du Sytral. Rendue publique par nos confrères de

Libération

, cette lettre réclame des sanctions contre Richard Llung qui a eu la désobligeance de tenir des “propos inacceptables critiquant la gestion et l’honnêteté de Bernard Rivalta au Sytral en réclamant sa démission”.

La demande de saisie de la commission des conflits pour les arriérés de cotisations de Bernard Rivalta apparaît donc comme une riposte graduée de la part des socialistes villeurbannais après l’attaque contre M. Llung. Visiblement, le PS gère le cas Rivalta comme on gère une guerre stratégique entre riposte graduée, envoie de scuds et mise en sommeil du dossier pour éviter de polluer les Régionales.

* Jérôme Sturla, Jean-Louis ubaud, Odette Garbrecht, Renaud Gauquelin, Christian Coulon et Jean-Louis Touraine.

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