L'heure de gloire d'Hubert Julien-Lafferière est-elle venue ? Ce matin, le conseiller municipal socialiste, délégué à la coopération décentralisée et à la solidarité internationale, était reçu au Quai d'Orsay. Il y présentait le programme de développement du Grand Lyon en faveur des Roms, programme mené depuis 15 mois à Tinca (dépt du Bihor, Roumanie) et qui pourrait faire école.
Comment faire pour que les Roms restent chez eux ? Le Grand Lyon dont le président depuis 12 ans, Gérard Collomb, s'est toujours opposé à l'accueil de ces populations sur le territoire de la communauté urbaine, semble avoir trouvé la solution. Après avoir vécue plusieurs dizaines d'expulsions très contestées cet été de squats de roms sans solution de relogement, la Ville de Lyon envoyait ce matin son conseiller délégué à la coopération décentralisée, Hubert-Julien Lafferière, au quai d'Orsay. Reçu à partir de 10h par Pascal Canfin, ministre délégué au Développement et Marylise Lebranchu, ministre de la réforme de l’Etat, de la décentralisation et de la fonction publique, ainsi que par Dov Zerah, directeur général de l’Agence française de développement. Laurent Fabius étant lui en partance pour Addis-Abeba où il est attendu dans le cadre de la conférence des donateurs sur le Mali. Il allait vanter les mérites du modèle de coopération du Grand Lyon en Roumanie.
Maintenir la population Rom en Roumanie
Le conseiller lyonnais, déjà reçu le 15 janvier à l'Assemblée nationale, a présenté aux ministres le programme développé depuis quinze mois (01/11/11) à Tinca (Dépt du Bihor, Roumanie). Doté d'un budget de 491 600 euros, il vise à financer les infrastructures nécessaires au maintien de la population Rom en Roumanie (construction de bains-douches et de salle commune, raccordement au réseau électrique des maisons). La ville n'a pas été choisie au hasard. Sur 7000 habitants à Tinca, la population Rom est évaluée entre 2500 et 3000 personnes dont 700 à 800 personnes sont déjà venus à Lyon au moins une fois, selon Simon Virlogeux de l'ONG lyonnaise "Villes en transition" qui pilote le programme financé par le Grand Lyon.
Pascal Canfin et Marylise Lebranchu s'inspiront-ils du programme lyonnais ? La Commission européenne presse en tous cas depuis plusieurs mois la France d'améliorer son traitement des populations Roms et de mener des actions pour favoriser son intégration. Après Nantes et Lille, Lyon pourrait donc être pris en exemple à l'Assemblée, peut-être que le gouvernement pourrait s'appuyer sur l'exemple lyopnnais à Bruxelles.
Ils s'éclairaient à la bougie
Contacté par Lyon capitale, Hubert Julien-Lafférière précise : "Notre programme a une influence sur les flux de migration dans la mesure où les Roms préfèrent vivrent chez eux plutôt que chez nous, mais à condition d'avoir de bonnes conditions de vie. Si plusieurs villes françaises développait comme nous des programmes de coopération avec des communes roumaines, et si ces programmes pouvaient être co-financés par l'Europe, on pourrait avoir une influence certaine sur les migrations économiques et contraintes des Roms. Il y a 1,5 millions de Roms en Roumaine. Il faut qu'on arrive à convaincre quand on sait qu'il y a des centaines de milliers d'euros d'aide européenne ne sont pas dépensées chaque année parce que les autorités françaises, et elles ont raison, n'ont pas confiance en les autorités roumaines nationales. Ces aides pourraient maintenant servir à financer des projets de coopération comme le notre".
Depuis 2011, le Grand Lyon à travers son programme de développement a financé la construction de 350 m2 de sanitaires et d'espaces communs pour les enfants et de lieux de socialisation pour les parents à Tinca. Les nouveaux locaux ont été inaugurés à l'automne. "Notre but avec ces lieux de socialisation est d'inciter les parents à mettre leurs enfants à l'école", précise Hubert Julien-Lafférière. L'électrification des maisons est terminée depuis l'hiver 2011. Avant, selon Simon Virlogeux, les Roms s'éclairaient à la bougie.