En coulisses, Richard Brumm, adjoint aux finances, avait tout fait pour passer sous silence la question de la responsabilité du prêt toxique. Moins pour étouffer l'affaire, comme l'estime Emmanuel Hamelin, que pour ne pas entraver les négociations en cours.
Le prêt toxique qui menace la Sacvl depuis des mois n'en finit plus de faire des vagues. Contracté en 2007 auprès de la banque CALYON, il a longtemps permis à la Sacvl d'économiser de l'argent avant de mettre cette société d'économie mixte (la ville de Lyon en est actionnaire à 80%) dans le rouge. La porte de sortie est entre 25 et 30 millions d'euros et les négociations avec CALYON sont d'ailleurs en cours.
Dans cette optique, Gérard Collomb et son adjoint aux finances, Richard Brumm, font tout pour que les tractations aient lieu en toute discrétion. Même lorsque le sujet se retrouve à l'ordre du jour du conseil municipal."On m'a mis la pression, s'emporte Emmanuel Hamelin qui a pris la parole lors de la séance. Richard Brumm m'a appelé pendant 30 minutes pour me demander de ne pas intervenir lors du conseil municipal. Il m'a expliqué que, par rapport aux négociations en cours avec la banque, ce serait mieux de ne rien dire. Mais je ne suis pas tombé dans le piège. Ils veulent étouffer l'affaire".
Richard Brumm reconnaît avoir téléphoné mais réfute l'accusation de pression. Il se dit prêt à débattre des responsabilités de chacun en septembre quand les tractations avec CALYON, la banque qui a vendu le prêt toxique à la Sacvl, seront terminées. "Nous sommes en pleine négociation et ce n'est pas le moment de se battre pour savoir si Gérard Collomb ou les dirigeants sont responsables. Pour nous, la responsabilité incombe à la banque et dans la négociation, nous voulons leur faire reconnaître leur erreur pour qu'ils en prennent une partie en charge. Les interventions pour dire c'est la faute d'un dirigeant, cela pollue la négociation. En ce moment, c'est mieux de ne pas en rajouter", explique Richard Brumm, adjoint aux finances de la ville de Lyon.
Un argument qu'Etienne Tête, conseil municipal Verts et pas réputé pour son sens du compromis, a trouvé "audible". "Pendant la tractation avec la banque, on ne va pas dire qui est responsable. La Sacvl dit que ce n'est pas la faute de ses dirigeants mais celle de la banque qui a failli à sa mission de conseil", souligne-t-il. Même son de cloche du côté de Christophe Geourjon, conseiller municipal du groupe Lyon Démocrate : "je n'emploierai pas le terme de pression. Richard Brumm m'a passé un coup de fil pour me dire que dans le contexte de négociation entre la Sacvl et la banque, il souhaiterait que mon intervention soit minimaliste. Je l'ai plus pris comme un souhait que comme une pression et j'ai décidé de reporter mon intervention à l'automne. Mon intervention aurait pu être réutilisée par la banque dans les négociations. Richard Brumm m'a promis un débat de fonds". En coulisses, les élus se sont agités mais au moment du vote, ils ont tous décidé d'octroyer à la Sacvl une enveloppe de 25 millions pour les aider à traverser cette période de turbulence.
Paul Terra
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