Sarkozy fait le bilan du PS

De passage à Eurexpo, Nicolas Sarkozy s'en est pris aux socialistes en dressant le bilan de leurs années au pouvoir. Un message inédit dans la bouche d'un candidat qui est aussi le sortant. Il a accusé François Hollande de refuser le débat et reproché aux socialistes d'avoir laissé entrer la Grèce dans l'Europe.

À Villepinte, à la recherche du second souffle, Nicolas Sarkozy avait relancé sa campagne en parlant d'Europe. Samedi à Lyon, le président-candidat a rétréci son champ de vision : il ne s'est exprimé que sur la "Hollande". 80% de son discours s'articulait autour des propositions du candidat socialiste et que Nicolas Sarkozy a tourné en ridicule et donné à huer à ses militants. "Ça fait du bien de temps en temps un discours pour les militants. Nous étions sur les valeurs, sur nos fondamentaux", commentait après coup François-Noël Buffet, sénateur-maire UMP d'Oullins. Les 7 000 militants présents ont bu du petit lait. Et les Jeunes Populaires sorti leur tube du moment "Hollande en Corrèze, Sarkozy à l'Élysée".

Sur la scène, Nicolas Sarkozy enchaîne les "fondamentaux" : les attaques contre les socialistes. Un mot d'abord, en préambule, pour François Hollande : "On ne peut pas indéfiniment quand on est candidat à l’élection présidentielle ne parler de rien, ne s’engager sur rien". Puis vient le tour de tourner en ridicule ses propositions : "On ne respecte pas les Français quand, un jour, on leur dit qu’on veut lutter contre l’immigration clandestine, que, le lendemain, on déclare qu’on va régulariser massivement les clandestins et le surlendemain qu’on les régularisera au cas par cas et, le jour suivant, qu’au fond après y avoir bien réfléchi, on ne changera pas les règles actuelles".

"J'en ai assez des lecçons de morale"

Tous les thèmes de campagne de François Hollande sont retournés par Nicolas Sarkozy. En Rhône-Alpes, terre de Michel Noir et Alain Carignon dans les années 1990, Nicolas Sarkozy attaque les socialistes sur la moralisation de la vie politique : "j’en ai assez des leçons de morale d’une gauche qui, au cours des 30 dernières années, a été à l’origine des plus grands scandales de la République, dont personne n’a oublié ... en mémoire URBA, les Bouches-du-Rhône, le Carrefour du Développement, les écoutes de l’Élysée. Franchement, quand on a un bilan pareil, on ne donne à personne des leçons de morale !".

"L'ignorance honteuse" du retrait du mot "race"

La seule attaque nouvelle porte sur la proposition de François Hollande d'ôter de la Constitution le mot "race"."Ils veulent nous faire croire qu’en effaçant le mot "race" de la Constitution, ils vont en finir avec le racisme. Mais ici, ici... à Lyon, et dans ce département, le mot "race" a été écrit dans le préambule de 1946, ici, on comprend que ce mot a été écrit avec le sang, le sang des Français libres, le sang des Résistants, le sang des fusillés, le sang des déportés des camps d’extermination ! Avec leur sang, on a écrit le mot « race » dans le préambule de 1946 pour que nul n’oublie jamais les millions de victimes de la plus grande entreprise raciste que le monde ait connue. Je ne laisserai pas effacer ce mot d’un document qui est un document sacré dans l’histoire de France ! C’est une inconséquence, une inconséquence morale ! C’est une ignorance, une ignorance honteuse !", harangue Nicolas Sarkozy

Le président-candidat ne fait que peu de cas de son bilan. Le bilan qu'il évoque est celui des socialistes au pouvoir. Un scénario qui n'a plus cours depuis 2002. "J’en ai assez de recevoir des leçons d’Europe de la part de ceux qui lorsqu’ils ont négocié le Traité de Maastricht n’en ont détecté aucune des imperfections, de la part de ceux qui ont laissé entrer la Grèce dans la zone Euro avec des chiffres faux, de la part de ceux qui n’ont pas voté le plan de sauvetage de la Grèce, qui n’ont pas voté le mécanisme européen de solidarité et qui ont tourné le dos à leur idéal européen pour des raisons de basse politique politicienne !"

"On va gagner de justesse"

La veille à Meaux, il promettait la victoire à ses troupes en conclusion du meeting. À Eurexpo, il est revenu au refrain habituel : "aidez-moi à gagner". Pourtant dans la salle, les troupes se seront remises à croire en la victoire. "On va gagner, de justesse mais on va gagner. François Hollande fait des erreurs. Nicolas Sarkozy fait des propositions tous les jours", insiste François-Noël Buffet. Le centriste et président du conseil général Michel Mercier s'affichait lui en caution centriste d'un discours par moments bien ancré à droite : "Si je ne me retrouvais pas dans le positionnement de Nicolas Sarkozy, je ne serai pas venu". Avec un positionnement clairement anti-socialiste, Nicolas Sarkozy ménageait tous les courants de sa famille politique. Pour le 1er tour, l'enjeu du candidat UMP est clairement la mobilisation de son électorat à droite.

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