REPORTAGE - Le 29 novembre, à Villeurbanne, l'UMP dévoilait le second volet de son programme pour 2012. Les questions de sécurité et d'immigration ont été au cœur du meeting, la droite désirant aller encore plus loin en termes de répression : moins de réduction de peine, un nouveau code pénal pour les mineurs et plus de places de prison.
La caravane nationale de l'UMP ne voyage pas à vide. Ce mardi soir, elle faisait étape à Villeurbanne où Jean-François Copé, le président du parti majoritaire, et les cadres de son mouvement dévoilaient un nouveau pan de leur programme pour 2012. Enfin plusieurs, tant le lien entre l'éducation, l'immigration, le patriotisme, la sécurité et la laïcité ne saute pas aux yeux. Devant un peu moins de 1 000 personnes, l'UMP a servi un show parfaitement réglé. En deux heures, une trentaine de points du programme sont évoqués ou survolés. Des militants choisis au préalable passent à la question des parlementaires et ministres sur les quatre thèmes de cette convention nationale. Les réponses sont courtes et précises : trois ou quatre minutes jamais plus.
Dans leur argumentaire, les cadres de l'UMP se débrouillent aussi pour adresser quelques piques au Parti Socialiste. Jean-François Copé les qualifie à plusieurs reprises de Parisiens coupés des réalités des Français. "Nous n'avons pas vocation à se laisser intimider par ce petit cercle parisien qui n'a pas idée de ce que, nous élus, nous avons à affronter de l'autre côté du périphérique", exhorte le patron de l'UMP. Tout au long du meeting, il pose le thème de la campagne : la droite a les mains dans le cambouis quand la gauche plurielle affiche ses dissensions. Philippe Cochet, député-maire de Caluire et président de la fédération du Rhône, avait d'ailleurs ouvert la réunion publique en utilisant tout le champ lexical de la division pour décrire les relations entre les socialistes et les écologistes.
Fin du collège unique
Chaque thème est présenté comme la continuité de l'action de Nicolas Sarkozy. Luc Chatel, ministre de l'Éducation nationale, égrène la liste de ses réalisations et les axes d'un éventuel second mandat. En cas de réélection, le collège devrait être l'objet d'une réforme en profondeur. "Il faut dépasser le collège unique car c'est chaque enfant qui est unique", résume Jean-François Copé. "Au moment où nous personnalisons un parcours pour chaque enfant avoir un collège unique est absurde. Il faut donc une pré-orientation dès la classe de 4è mais qui ne doit pas être définitive. Nous devons préparer à des métiers et des filières. Un point sera fait à la fin du collège pour l'orientation", développe Luc Châtel, le ministre de l'Éducation nationale. Les autres mesures annoncées constituent une prolongation actuelle du crédo sarkozyste en la matière : faire mieux avec moins de professeurs. La promesse d'embauche de 60 000 postes d'enseignants en plus formulée par François Hollande est alors tournée en ridicule. "Le PS n'a aucune proposition courageuse : il ne veulent pas prendre le risque d'être impopulaire", tonne Jean-François Copé. Les militants se délectent.
Vite évacuées, les questions éducatives glissent doucement vers le cœur de cette seconde convention : la sécurité. Exercice difficile pour l'UMP que d'annoncer le besoin de faire plus sans renier l'action qu'ils mènent depuis 2002. Un petit message vidéo de Claude Guéant, ministre de l'Intérieur, donne le ton : "Depuis 2002, chaque année, la délinquance recule mais nous devons faire davantage avec plus de présence sur le terrain. Il faut mieux articuler le travail entre la police, la gendarmerie et la justice afin que les sanctions soient effectuées. Nous devons rester fidèles à nos principes : les voyous ne sont pas des victimes". "Il n'est pas nécessaire d'aller sur des réductions automatiques de peine. Une peine doit être appliquée aux deux tiers. Il y a un seuil incompressible. Il ne sert à rien non plus d'arrêter les gens si on les juge pas", poursuit le député Jean-Paul Garraud. Les différents interlocuteurs listent ensuite leurs mesures phares : création d'un code pénal pour les mineurs, création de places de prison supplémentaires, encadrement militaire des jeunes délinquants.
Les étrangers doivent accepter "les pratiques culinaires" des Français
Le thème de l'immigration accolé à celui de la laïcité est ensuite développé. Philippe Meunier, député UMP de l'Est lyonnais, recueille un tonnerre d'applaudissement en annonçant le retour des lois Pasqua. Pour lui, la nationalité française ne doit plus être donnée aux bi-nationaux de façon automatique. Françoise Grossetête évoque le droit de la nationalité bradé par les socialistes par le biais de leur proposition d'accorder le droit de vote aux étrangers lors de scrutin locaux. Le débat sur l'identité nationale remonte aussi à la surface. Si le dossier a été abandonné en cours de route, l'argumentaire est toujours là. "Si on veut être Français, il faut s'assimiler à la France : à l'égalité homme-femme, accepter des pratiques culinaires. Le vivre ensemble baisse aujourd'hui", assène Philippe Meunier.
Là encore la salle valide ses propos d'une salve d'applaudissements beaucoup plus nourris qu'au moment d'évoquer la réforme du collège unique. Sur ces questions comme sur celles de la laïcité et les intervenants et le public de la convention semblent s'épanouir. "Il faut contrôler les flux migratoires, assumer la République dans sa diversité mais nous ne voulons pas une République du communautarisme. Nous voulons la République des talents, des règles, des valeurs. Voilà l'unité de notre nation. La France n'est heureuse que quand elle est rassemblée et pas quand elle dresse les uns contre les autres, quand chacun trouve sa place", conclut Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture et coordinateur du projet UMP pour 2012.