'Les choses ne se passent pas trop mal' estime le maire de Lyon, qui pronostique : 'Nationalement, nous serons en tête. Et localement aussi'. Premier signataire de la motion de Ségolène Royal, Gérard Collomb semblait pourtant mal embarqué dans cette bataille où Bertrand Delanoë fait figure depuis le début de grand favori. Peut-être trop. Car parmi les 400 militants socialistes réunis vendredi, nombreux sont ceux qui voient la motion Collomb-Royal revenir en force : " Ségolène fait clairement la course en tête. Localement, elle devrait avoir dix points d'avance. Et nationalement, s'il se passe la même chose que dans les sections lyonnaises, elle sera devant aussi " estime ainsi un partisan de Benoît Hamon, qui a arpenté différentes sections du Rhône pour défendre sa motion.
A l'applaudimètre en tout cas, la motion Delanoë est loin d'avoir cassé la baraque. Elle était il est vrai défendue par le député de Lyon Pierre-Alain Muet, qui n'a pas les talents oratoires de ses concurrents du soir : Martine Aubry, chaleureusement accueillie par la salle, Manuel Valls, très enflammé, et surtout Benoît Hamon, la " révélation " de cette campagne.
S'exprimant en premier, Muet a tenu a rassurer le maire de Lyon : " Je voudrais lui dire que je soutiens pleinement sa politique municipale. (...) Mais l'enjeu de ce congrès n'est pas local, il est national ". Et de conclure : " J'espère que ce congrès va nous donner un chef d'orchestre. (...) On a su le faire deux fois, avant 81 et avant 97. Et les deux fois on a gagné. " Prenant le relais, Hamon s'est assuré un beau succès en plaidant pour une profonde rénovation du PS : " tout change sur la planète, mais il y a un lieu où rien ne change : le PS! " Tout le monde a noté au passage les messages de sympathie envoyés à celle qui lui a succédé au micro, Martine Aubry. La maire de Lille les lui a d'ailleurs bien rendus, ce qui n'a pas manqué d'alimenter dans la salle des discussions sur les prochaines alliances. Aubry a même poussé ce jeu d'approches jusqu'à prononcer, mot pour mot, la même supplique qu'Hamon : " il faut réarmer la puissance publique ! " Et d'appeler aussi à une profonde rénovation du parti : " Solférino est vide aujourd'hui. Il faut ouvrir les portes et les fenêtres ". S'exprimant en dernier, Manuel Valls a repris en écho : " Il nous faut un parti renouvelé, en phase avec la société. Je voudrais retrouver dans les salles du parti ces foules qui ont cru en nous " lors de la présidentielle. Là aussi, l'applaudimètre a chauffé. Bilan de la soirée : les applaudissements sont assez partagés et Gérard Collomb a probablement raison quand il annonce qu'aucune motion n'aura la majorité seule.
Collomb sifflé
En fin de meeting, Collomb a d'ailleurs pris la parole pour se poser en 'rassembleur' du parti : 'Si je n'ai pas souhaité m'exprimer ce soir, c'est que nous allons les uns et les autres défendre des motions différentes, mais si nous voulons gagner, nous avons le devoir de nous réunir, après le congrès et j'espère pendant.' Collomb a cependant tenu à dire quelques mots pour défendre sa motion. Quelques mots pour appeler à un certain réalisme : 'On doit dire que tout ne peut pas être possible.(...) Sinon les Français écouteront d'autres sirènes.' Et d'en référer au congrès de Tours, en 1920, quand 'Blum était un peu seul' pour défendre la voie réformiste, et que les révolutionnaires ont fait scission pour créer le Parti Communiste. Si une majorité de la salle a chaudement applaudi le maire Lyon, un petit tiers de l'assistance n'a franchement pas apprécié et l'a copieusement sifflé. 'En gros, il vient d'expliquer que tous ceux qui ne votent pas sa motion sont des staliniens qui préparent la scission du parti. Et que, puisqu'on n'est pas sûr d'arriver à mener une politique de gauche, autant défendre tout de suite une politique de droite...' décrypte un militant de l'aile gauche du parti. 'Il a dépassé son temps de parole, ça en a énervé certains. Et d'autres n'ont toujours pas digéré son ouverture à droite et au centre lors des municipales' relativise un partisan de Collomb. En conclusion de la soirée, Benoît Hamon est revenu sur l'incident pour dénoncer les sifflets : 'Ce n'est pas bien d'exprimer de la réprobation, (...) de se livrer à des actes que l'extérieur ne comprend pas. Pour les Français, nous sommes tous les mêmes.' Et de s'excuser pour ses propres dérapages sur certains plateaux TV. La salle, apparemment pas passionnée par les rivalités entre éléphants, a apprécié cet appel à l'unité. Et s'est dispersée dans une ambiance plutôt tranquille.
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