Un an après l’élection d’une dizaine de maires Front national aux municipales, un sondage Ifop-Fiducial pour iTélé, Sud Radio et Paris Match montre que les habitants des communes “frontistes” sont plutôt satisfaits de leurs édiles.
Un an après leur prise de pouvoir, les maires FN ou apparentés ne sont pas déjugés par leurs électeurs ni par les habitants qui n'ont pas voté pour eux. C'est du moins ce que révèle un sondage Ifop-Fiducial pour iTélé, Sud Radio et Paris Match.
73 % des habitants sondés dans dix villes “frontistes” (Beaucaire, Béziers, Cogolin, Fréjus, Hayange, Hénin-Beaumont, Le Luc, Le Pontet, Mantes-la-Ville et Villers-Cotterêts) se disent satisfaits de l'action de la municipalité depuis les élections municipales de mars 2014. Un chiffre qui est même supérieur à celui des villes de taille comparable gérées par d'autres partis que le FN : 66 %. Seuls 9 % sont très mécontents.
Les personnes interrogées donnent un satisfecit à l'action menée sur des thématiques comme la propreté (77 %) ou la sécurité (73 %). Les administrés sondés estiment que l'argent public est bien utilisé à 72 %, quand ils ne sont que 59 % à le penser dans des villes de même taille tenues par des maires d'autres partis.
1995, l’expérience ratée
Le FN semble avoir appris de ses échecs de 1995 où, après la conquête d'une poignée de villes (Toulon, Marignane, Orange, Vitrolles), l'expérience frontiste avait été désastreuse. Entre gestion financière catastrophique, délibérations cassées par la justice et condamnations diverses pour malversations, le Front national avait échoué à faire de ces communes des laboratoires.
En 2015, après un an d'exercice du pouvoir, les retours sont totalement différents. Contrairement à 1995, les maires frontistes n'ont pas tenté de "renverser la table". Seuls 34 % des personnes interrogées ont trouvé des mesures prises par les nouvelles équipes municipales choquantes. Un changement politique qui se matérialise dans ce sondage Ifop-Fiducial : 60 % des sondés souhaitent que leur maire soit réélu en 2020, une prime au sortant qui est à peu près la même que celles d'élus d'autres partis. 54 % des sondés estiment que leur ville a changé en bien depuis un an. Ils sont aussi 71 % à trouver que les promesses de campagne sont tenues.
"Ce sondage vient confirmer le phénomène d’installation et de banalisation du FN dans une part croissante de l’opinion. Cette banalisation est attestée par le sentiment d’indifférence éprouvé aujourd’hui par une majorité relative des personnes interrogées (42 %) à l’égard du fait de vivre dans une commune dirigée par un maire frontiste. Face à ce bloc d’indifférents que l’on retrouve même à un niveau non négligeable chez les sympathisants de gauche (37 %, contre 56 % à l’UMP), se font face un tiers d’habitants éprouvant des sentiments positifs (sympathie ou enthousiasme) et un quart se tenant sur une posture de rejet (colère, peur ou hostilité) à l’égard de leur ville passée au FN", estime Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop.