La ligne droitière et euro-sceptique du président du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes ne semble pas convaincre le parti qu'il dirige. Moins populaire que Alain Juppé, François Baroin, Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse, il a été visé par cette dernière sur son positionnement vis à vis de l'Europe et du FN.
Un patron impopulaire. Laurent Wauquiez semble fragilisé à la tête du parti Les Républicains. Il a toujours bien du mal à s'ancrer dans l'opposition à Emmanuel Macron au-delà de sa réthorique éculée contre les élites et les centres urbains. Un sondage Ifop publié mi-avril ne le plaçait que 4e opposant à la politique gouvernementale dans l'esprit des Français. Derrière Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen ou Philippe Martinez, le patron de la CGT... et juste devant Nicolas Dupont-Aignan. Ce mercredi, le baromètre Ifop-Fiducial en remettait une couche, soulignant son manque de popularité dans son camp. Laurent Wauquiez y recueillait ainsi moins d'opinions favorables que Alain Juppé, François Baroin, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse ou même Nicolas Sarkozy.
Moins populaire que ses cadres, le patron de la droite doit désormais en essuyer les assauts. C'est Valérie Pécresse qui a tiré la première, cette semaine. La présidente du conseil régional d'Île-de-France, qui lance son mouvement "Libres!", a attaqué la stratégie de son homologue en Auvergne-Rhône-Alpes, notamment sur sa communication tous azimuts. "Nous ne devons pas faire une course aux décibels mais une course à la crédibilité et, dans cette course, reconnaissons que nous partons avec un peu de retard, a-t-elle lâché dans une interview au journal Les Echos. Ce que les Français attendent de l'opposition, ce sont des solutions alternatives et crédibles". "Promettre un référendum sur l'immigration ne me paraît pas en être une, assène-t-elle, en référence à l'une des nombreuses annonces de Laurent Wauquiez. Pourquoi pas un référendum 'pour ou contre le chômage' ?"
"Le risque que certains font courir à la droite"
Valérie Pécresse a aussi tenu à réaffirmer la ligne de son parti. Une ligne libérale, européenne, de droite mais pas droitière. "Je souhaite une droite résolument pro-européenne, mais euro-lucide, qui s'engage à améliorer le fonctionnement de l'Europe, a déclaré l'ex-députée des Yvelines. Je crois à l'Europe des 27, pas à des cercles concentriques qui fractureraient l'Europe au lieu de la renforcer. Stoppons l'élargissement pour renforcer nos coopérations sur les sujets cruciaux de l'Europe de demain : protection des frontières, réindustrialisation... Ma ligne est claire. Elle ne fait pas peser sur l'Europe la responsabilité de nos lâchetés et de nos renoncements. La France doit être de retour en Europe".
Laurent Wauquiez l'aurait assuré de sa volonté de donner une ligne pro-européenne au parti de droite, précise Valérie Pécresse, qui en profite pour avertir fermement sur toute porosité avec l'extrême-droite. "Ma ligne rouge, c'est le refus de toute alliance avec le Front national ou ses affidés, insiste l'ex-ministre de Nicolas Sarkozy. Pour moi, le FN n'est pas le prolongement de la droite mais le contraire de la droite". Comme en réponse aux prises de positions répétées de Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse "refuse qu'on oppose territoires ruraux et banlieues ou centre-villes, parce que c'est à l'ensemble des Français que nous devons nous adresser". Et de souligner "le risque que certains font courir à la droite en la voulant eurosceptique, anti-entreprise, protectionniste ou populiste",