INTERVIEW - Damien Abad, 30 ans, secrétaire général adjoint du Nouveau Centre, député européen (PPE) du Grand sud est (Rhône-alpes, PACA , Corse) et membre de la commission des budgets au Parlement européen à Strasbourg, milite actuellement dans les rangs du PPE pour faire adopter le principe d'une taxation des transactions financières au niveau mondial. Une première venant d'un député français.
Lyon Capitale : Vous voulez instaurer une taxe Tobin* au niveau européen, c'est-à-dire une taxe sur les transactions financières et ainsi enrayer la financiarisation à tout crin de l'économie, n'est-ce pas un peu surprenant de la part d'un député de droite de vouloir ainsi taxer le monde de la Finance ?
Damien Abad : Ce n'est pas surprenant, c'est audacieux. On a effectivement tendance à penser que la régulation des transactions financières est un sujet de gauche. Selon moi, il ne s'agit ni d'un sujet de droite, ni d'un sujet de gauche, mais d'un enjeux d'ordre public mondial. On a bien vu les conséquences des effets entre la sphère réelle et la sphère financière pendant la crise et l'Europe ne peut pas rester les bras croisés face à une telle crise !
Cette idée fait-elle consensus au sein de votre majorité, c'est-à-dire dans les rang du PPE ? Et plus précisément, savez-vous ce qu'en pense les autres députés de votre circonscription : ceux de droite en particulier : Françoise Grossetête, Dominique Vlasto, etc ?
C'est le président français qui a lancé cette idée, il l'a inscrite dans sa feuille de route pour la présidence française du G20 qui a commencé, c'est donc lui qui l'a portée. Au niveau du Parlement européen, on a déjà voté dans ce sens. J'ai le résultat du vote et contrairement à ce que disent les membres du PSE (parti socialiste européen, NDLR), les députés PPE français ont voté pour cet amendement. Les Britanniques, en revanche, ont voté contre. Donc, moi, je dis aux députés Verts français, aux socialistes, mettons nos forces en commun et portons cette idée jusqu'au bout. Je suis prêt à porter le débat au sein du PPE. Et si les Verts et le PSE peuvent convaincre leurs groupes, alors nous serons en capacité de porter cette initiative du Président français au niveau européen.
Si une "position commune" du Parlement européen émergeait sur cette question, quelle seraient vos chances de voir un jour cette taxe Tobin appliquer par les Etats membres ? Avez vous les moyens de les y contraindre ? Quand on sait le peu de pouvoir du Parlement face aux Etats membres en Europe, on est en droit de douter …
La taxation sur les mouvements financiers ne pourra se faire qu'au niveau mondial, il ne s'agit donc pas de contraindre les Etats européens. L'objectif, c'est d'obtenir une position commune au sein du Parlement européen, afin de jouer un rôle d'impulsion au niveau du G20, pour montrer que l'Europe est unie sur cette question. Le G20 sur les finances a commencé, il va durer jusqu'à la fin de l'année. On a donc un an pour convaincre les autres. En Allemagne, l'idée fait son chemin. Reste à convaincre les Etats du sud et de l'est de l'Europe. Ensuite, il faudra convaincre les Etats-Unis, ce qui pourrait faire pencher la balance. Mais la décision contraignante ne pourra être prise qu'au niveau du G20.
Je suis moi-même intervenu, mardi 15 février, en séance plénière à Strasbourg. C'était la première fois qu'un député PPE (parti populaire européen, divers-droite, NDLR) prenait une position ferme sur le sujet de la taxation des transactions au niveau européen, y compris dans les rangs français. Autant, les députés PPE français y sont favorables, autant ils ne portent pas le débat, donc je suis intervenu. La commission européenne doit rendre des conclusions sur le sujet avant l'été. J'essaie donc de tout faire pour que le Parlement et la droite ne soient pas timorés sur ce sujet. Le combat ne fait que commencer ….
Et cette Taxe Tobin, quelle forme pourrait-elle prendre selon vous ?
On verra. Je suis pour le principe d'un taux faible à assiette large, pouvoir taxer un maximum de mouvements financiers à un taux extrêmement faible. Car si vous taxer seulement une partie des transactions financières, vous pouvez entraîner un mouvement, la spéculation se reportant sur une partie des transactions financières seulement. C'est dangereux. mais dans tous les cas, il faut d'abord arrêter le principe d'une telle taxe, on rentrera ensuite dans le détail des modalités. Ceux qui sont contre, se jettent d'ailleurs sur les détails du projet au niveau européen. Il faut arrêter de sortir des détails techniques pour occulter le débat politique !
(*) La taxe Tobin, suggérée en 1972 par le lauréat du "prix Nobel d'économie" James Tobin, et reprise par Nicolas Sarkozy dans sa feuille de route pour le G20, consiste en une taxation des transactions monétaires internationales afin de ne plus inciter à la spéculation à court terme. Le taux choisi serait faible, de 0,05 % à 1 %.
ENFIN !!!! En effet à quand la taxation sur la bourse...Imaginez !La Bourse de Paris, dans une journée d'échange cela représente entre 3 et 6 milliards d'euro.Admettons qu'elle soit ouverte 200 jour par an, en fait c'est plus. Cela représente entre 600 et 1 200 milliards d'euro échangé.Taxé à 1%, cela représente un budget compris en 60 et 120 milliard d'euro...L'impôt sur le revenu n'en représente 'que' 49 milliards cette année !!!!!!!!!!!!On pourrait ainsi alléger les impôts sur le revenu et les impôts sur les sociétés, deux impôts très injuste car beaucoup y compris des riches - particuliers et entreprises - n'en paient quasiment pas - comparativement parlant bien entendu !
Je n'ai qu'une question, qui n'aura peut-être pas de réponses ici mais tant pis !Quel serait l'intérêt de la droite à taxer le grand capital sur lequel elle vit ?D'après moi, ces gens là n'auront pas d'intérêt personnel à le faire, l'altruisme n'étant pas l'apanage de la droite.Néanmoins, je soutiens totalement ce type d'initiatives ! L'idée d'une taxe de type Tobin, ou d'une transparence des échanges financiers comme le propose la campagne 'Aidons l'argent' ne peuvent être que bénéfiques à terme.