Entretien – Présidente du Sytral depuis octobre 2017, Fouziya Bouzerda a hérité d’une machine qui commençait à ronronner et semblait prête à terminer le mandat en pilotage automatique. Après une année où elle a pu rencontrer des difficultés à faire bouger cette administration, elle compte bien faire entendre sa voix.
Lyon Capitale : Le réseau TCL est-il victime de son succès ? Fouziya Bouzerda : C’est ça, mais c’est aussi positif, on gère aujourd’hui le succès d’un réseau, et le succès d’un réseau ce n’est pas une politique à l’instant T, c’est aussi la somme de tout ce qui s’est fait avant, comme le choix très tôt du métro. C’est vraiment le maillage d’un réseau qui fait son attractivité. Ce n’est pas le prix : on ne laisse pas sa voiture parce qu’il y a dix centimes de plus ou de moins sur l’abonnement ou sur le ticket ; on laisse sa voiture car on sait qu’on peut aller facilement d’un point A à un point B mais avec de la connexion, de la régularité. Donc, il faut que l’on continue de déployer encore plus fortement, que l’on développe encore plus le réseau, avec plus d’ambition – et il faudra l’être deux fois plus que ce qu’on l’a été par le passé. Ça devra s’inscrire dans des actes et des choix financiers ! Je veux bien faire 200 trams et 400 métros, mais à la fin il y a une logique financière et les contributions des collectivités diminuent. Pour l’instant, sur ce plan de mandat, c’est faramineux. Comment répondre à cette forte demande ? Ce qu’on a fait, c’est plus que de l’adaptation de l’offre, on a fait aussi du renfort, et l’enjeu c’est d’aller encore plus loin. Le renfort d’offre, c’est de ne laisser personne sur le bord de la route. L’objectif est de répondre à la demande par l’offre. L’objectif, c’est d’avoir plus de capacité. Il y a des endroits, c’est facile, on peut mettre plus de cadence, on réduit les temps d’attente du métro et du tram et on va encore travailler là-dessus. C’est long de commander des rames, mais elles arrivent. On a toujours une marge de progression, on est un réseau exceptionnellement performant et on a l’impression d’un réseau qui dysfonctionne… Les gens ont des exigences fortes, et elles sont légitimes. On est à un moment clé, les comportements changent. Il y a une prise de conscience, une revendication sociétale qui dit : “Si on est pour la durabilité de nos sociétés, on est pour les transports en commun, le vélo, la marche, pas pour du transport pendulaire en voiture ou tout seul, on est au minimum pour le covoiturage.” C’est un enjeu pour nous d’accompagner ça, la technologie nous aide à définir une mobilité qui sera un jour comme un service ultra intégré. Ça arrive ! Que demandez-vous aujourd’hui ?
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