Terroristes : pour Wauquiez, la France “leur avait trop donné”

Lors de son meeting mercredi soir à Lyon, Laurent Wauquiez a encore donné un tour de vis sécuritaire à sa campagne. À quelques jours de l’élection, il veut reconquérir les électeurs du FN, un parti qu’il accuse de faire le jeu du PS.

Laurent Wauquiez en meeting à Lyon

© Tim Douet
Laurent Wauquiez en meeting à Lyon lors de la campagne des régionales

Donné à égalité avec Jean-Jack Queyranne par quatre sondages consécutifs, Laurent Wauquiez a décidé d'infléchir sa campagne pour trouver des réserves de voix pour le second tour. Et c'est sur sa droite qu'il lorgne.

Mercredi soir, lors de son meeting lyonnais, dans une Salle 3000 remplie, le candidat de la droite et du centre aux régionales a consacré une bonne partie de son meeting à tenter de capter l'électorat frontiste. Le premier tiers de son discours porte sur ses positions des dernières semaines : plus de sécurité dans les lycées et les trains. Dans un discours très national, salué par les militants à grands coups de "Laurent président" qui ne se limitait peut-être pas au conseil régional, le député-maire du Puy-en-Velay a encore durci son propos.

"L'ennemi, ce n'est pas Daech, c'est l'islamisme radical. Ceux qui ont tiré contre des Français étaient des intégristes islamistes, il faut avoir le courage de le dire. Ces hommes qui ont frappé la France sont allés à l'école de la République. Ils ont bénéficié de la générosité de la France et ils ont choisi de tourner les armes contre le pays qui leur avait donné tant, qui leur avait trop donné. La seule indécence, c'est celle des élus passifs. Oui, monsieur Hollande, que n'a-t-on agi plus tôt", scande Laurent Wauquiez, faisant exulter les militants.

Wauquiez dénonce le laxisme du PS

Après la création de centres d'internement pour les personnes fichées S, Laurent Wauquiez a proposé de nouveaux critères pour la déchéance de nationalité : "Quand quelqu'un qui a la double nationalité se rapproche de réseaux terroristes ou intégristes, c'est la déchéance immédiate de nationalité et l'extradition hors du territoire français." S'ensuit un tacle adressé à Christiane Taubira qui fait chavirer les militants républicains.

Plus tard, le nom de Najat Vallaud-Belkacem provoquera aussi des huées générales, qui tranchent avec les applaudissements que recevait au même moment la ministre de l'Éducation nationale à quelques mètres de la Salle 3000, lors du meeting de Jean-Jack Queyranne au Transbordeur.

Le procès en angélisme du PS recueille l'assentiment bruyant des militants quand Laurent Wauquiez raille Jean-Jack Queyranne : "Ce ne sont pas des subventions aux associations qui arrêteront les terroristes. Aujourd’hui, c’est le communautarisme qui a pris le pas sur la République. Et les socialistes nous expliquent que pour lutter contre le terrorisme il faut encore plus d’argent dans les quartiers et encore plus d’argent aux mouvements d’éducation populaire, je ne veux pas accepter cette culture de l’excuse et du laxisme."

Laurent Wauquiez en meeting à Lyon

© Tim Douet
Laurent Wauquiez en meeting à Lyon lors de la campagne des régionales

Racines chrétiennes

Dans son offensive sur les terres du FN, Laurent Wauquiez développe aussi son identité nationale : "Je suis fier de 1789, des droits de l'homme, de nos racines chrétiennes. La France, c'est tout cela. Ce sont aussi nos crèches dans nos mairies, que personne ne nous fera retirer, car c'est une partie de l'identité française."

François Baroin, député-maire Les Républicains de Troyes et président de l'Association des maires de France, s'était positionné contre la présence de crèches dans les mairies. Pour lui, ce n'est pas "compatible avec la laïcité". Si ce discours sur le thème des valeurs a été vivement applaudi par les militants, il n'a pas toujours été bien accepté par la famille centriste. Interrogée sur son degré d'adhésion au discours de Laurent Wauquiez, une centriste botte en touche : "Je regardais mon Facebook."

Baisse des impôts

Après ces considérations plus nationales que régionales, Laurent Wauquiez en est venu aux fondamentaux de sa campagne : "l'inaction" de la majorité de Jean-Jack Queyranne face à la crise du chômage, de l'agriculture, la ponctualité des TER. "Leur bilan, c’est tout un résumé de ce qu’est le Parti socialiste : on ne sait pas à quoi ça sert, mais ça nous coûte cher", tacle-t-il avant de dresser une énième fois le parallèle entre un "Jean-Jack Queyranne qui n'a jamais voté une baisse d'impôts en quarante ans" et lui, maire du Puy-en-Velay, qui baisse les taux depuis trois ans. Après trois mois de campagne, le discours est rodé.

Vote utile

Mais, à la veille du premier tour et alors que le verdict des urnes n'a jamais été aussi incertain, Laurent Wauquiez a aussi voulu préparer le second tour. Sans réserve de voix après le premier tour, la montée du FN place le candidat de la droite et du centre dans une position inconfortable. C'est donc aux électeurs frontistes que Laurent Wauquiez a voulu adresser un message : "Je sais bien que certains de nos compatriotes sont en colère et veulent voter FN. C’est exactement ce qu’attend le PS. Le FN est la seule bouée de sauvetage du PS. La situation est facile à résumer : voter FN, c’est voter Queyranne. Le FN ne fait que lister des problèmes."

"Le chef de file du FN a déclaré que, pendant que le général de Gaulle était à Londres, lui aurait fait le choix de Pétain. Je n'accepte pas cela dans mon pays. Cette région mérite mieux", a asséné le secrétaire général du parti Les Républicains en citant l'interview accordée par Christophe Boudot à Lyon Capitale.

Et Laurent Wauquiez de conclure sur les valeurs de la droite : "L'exigence du politiquement correct a conduit notre pays dans l'exaspération. Je ne veux plus que notre famille politique s’excuse de ses convictions et de ses valeurs."

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