Toufik Chergui, candidat aux régionales pris à tort pour un islamiste

Branle-bas de combat le 11 février chez les socialistes : l'un de leur candidat aux régionales, Toufik Chergui, conseiller municipal MoDem ayant rejoint la liste socialiste de l'Ain, est accusé d'être membre de l'Union des organisations islamistes de France (UOIF) et proche des Frères musulmans. Après vérification, l'information s'est révélée fausse. La thèse de l'homonyme ayant été véhiculée. Elle s'est avérée fausse elle aussi.

Jeudi 11 février, on pouvait lire dans un confidentiel du Figaro.fr que le préfet du Rhône, Jacques Gérault, avait fait un signalement au ministère de l'intérieur à propos d'un candidat aux élections régionales, Toufik Chergui, membre du MoDem, éligible sur la liste socialiste de l'Ain en 9ème position.

Le confidentiel du Figaro précisait que le candidat était “membre de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), mouvance proche des Frères musulmans“ et qu'il se présentait “sous ses références communautaires“. Le préfet de région avait donc “jugé bon d'attirer l'attention du ministère de l'Intérieur“, terminait le communiqué.

Le PS a réagi immédiatement : “je suis assez surpris par ce qui ressemble à une attaque en règle", a indiqué Hervé Saulignac, directeur de campagne de Jean-Jack Queyranne, président socialiste de Rhône-Alpes. “Le représentant de l'Etat ignore certainement qu'il s'agit d'un fonctionnaire de la République, puisqu'il est proviseur adjoint au lycée public de Bellegarde et qu'il est par ailleurs élu de la République, puisqu'il est conseiller municipal à Bellignat (01). C'est quelqu'un de parfaitement laïc. Cela fait quand même beaucoup pour un dangereux islamiste !“, s'est étonné le directeur de campagne du candidat Queyranne et tête de liste en Ardèche aux élections régionales.

Joint par téléphone, le préfet de région Jacques Gérault a indiqué que ni lui, ni ses services n'avaient joint le ministère pour l'avertir de quoi que ce soit. Et après vérification, il s'est avéré que le candidat en question Toufik Chergui était membre du Conseil régional du culte musulman (CRCM), dont il est le secrétaire depuis 2008, mais qu'il n'était pas membre de l'UOIF. “Je n'ai jamais eu ma carte à l'UOIF“, a confirmé l'intéressé lui même joint par téléphone. Une thèse appuyée par la secrétaire de l'Union des organisations islamiques de France, joint par téléphone à Paris. Elle n'a trouvé aucun Toufik Chergui habitant dans l'Ain dans ses fichiers. “Mais on le connaît“, a-t-elle simplement dit. La thèse de l'homonyme ayant d'abord été véhiculée. Elle s'est avérée fausse elle aussi.

Le président du Conseil régional du culte musulman, Azzedine Gaci a précisé quant à lui que : “Toufik Chergui était bien sur {sa} liste aux élections régionales pour la présidence du CRCM en 2008, mais qu'il s'agissait d'une liste d'union et non pas d'une liste UOIF“. Le président du Conseil régional du culte musulman (CRCM) rappelle que seules quatre mosquées sur deux cents en Rhône-Alpes sont tenues par l'UOIF.

Enfin, Toufik Chergui lui-même, proviseur adjoint et conseiller municipal est apparu très affecté par cette affaire, “depuis que je suis entré en politique, je n'ai jamais mis ma vie privée en avant. J'ai toujours strictement refusé de le faire et je n'ai jamais appartenu à quelques fédérations que ce soit. D'ailleurs je ne crois pas au vote communautaire. Les gens votent pour des idées, pas pour une religion“. Toufik Chergui en colère a envoyé jeudi un correctif au Figaro mis en ligne dans la soirée, puis retiré aussitôt.

Seize mois après le scandale de l'enquête de la Direction centrale du renseignements intérieur (DCRI, anciens RG) sur les fonctionnaires musulmans du Conseil régional, Jean-Jack Queyranne, président sortant de Rhône-Alpes s'apprêtait quant à lui, selon son directeur de campagne, à saisir le préfet de région par courrier pour lui demander des explications. A un mois des élections, Jacques Gérault enregistrait cette semaine les listes des candidats aux élections régionales. Habilité à faire remonter toute information lui paraissant suspecte, le préfet précisait néanmoins que “même si Toufik Chergui appartenait à l'UOIF, cela ne l'empêcherait pas d'être candidat aux régionales. C'est son droit, il est majeur et vacciné“.

Article actualisé à 17h32 le 12 février

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