Françoise Grossetête ne veut pas nationaliser la campagne mais la recentrer sur le bilan de Jean-Jack Queyranne. Gare d’Allans, EPR, A45, A 51 : elle égraine les dossiers pour lesquels le président sortant oppose une fin de non-recevoir. Elle tend aussi la main aux électeurs du FN.
Lyoncapitale.fr : Cinq jours, est-ce suffisant pour mobiliser un électorat qui vous a lâché lors du premier tour ?
Françoise Grossetête : Je pense que nous avons réussi à mobiliser. Nous étions partout, tout le temps, sur le terrain et dès lundi matin. J’ai galvanisé nos électeurs, je le ressens. Des gens me disent qu’au premier tour ils ont voté pour le FN ou se sont abstenus et qu’ils vont revenir vers nous au second tour.
Entre votre discours du premier tour et celui du second tour, il n’y a pas eu de véritables changements...
Cette semaine, j’ai voulu expliquer aux gens que l’heure n’était plus au choix mais à la décision à prendre : 'voulez-vous vous encore d’une région paralysée par l’alliance rose-rouge ?'. Si la mobilisation avait été plus importante, nous n’aurions pas cette triangulaire.
L’entre deux tours a été marqué à droite par la chasse aux électeurs du FN. Est-ce le bon argument pour battre la gauche ?
Une partie des électeurs du FN n’est pas décidée à soutenir Bruno Gollnisch mais ils voulaient marquer un désaccord sur certains points. Aujourd’hui, ils ont compris qu’il ne fallait plus jouer ce jeu et vont revenir vers nous.
L’UMP a beaucoup parlé d’insécurité cette semaine pour tenter de siphonner le vote FN. La ficelle n’est-elle pas un peu grosse ?
Je ne suis pas tombée dans ce panneau. Depuis le début de ma campagne, j’ai toujours parlé de sécurité dans les lycées, les TER. Il faut rassurer les gens. Le débat sur l’insécurité est national mais ce n’est pas mon thème majeur de campagne. Je préfère parler du bilan de Jean-Jack Queyranne. Il est catastrophique et quand on voit que la Chine, l’Inde ou le Brésil avancent à toute vitesse et qu’une région comme Rhône-Alpes ne bouge pas, c’est grave pour l’avenir de nos emplois. J’alerte aussi l’attention des citoyens sur ce qui ne se fera pas en Rhône-Alpes si Jean-Jack Queyranne est élu : le désenclavement du Chablais, la gare d’Allans, le non au nucléaire et à l’EPR qui pourra permettre la création de 10 000 emplois, l’A 45, l’A 51. Ce sont des dossiers qui ne sont pas forcément du ressort de la région mais dans lequel le poids politique du président de région compte pour faire avancer des projets.
Vous parlez d’une alliance rose et rouge. Que faites-vous des écologistes qui, en cas de victoire, obtiendraient 35 élus et 6 vice-présidences ?
Les gens d’Europe Écologie sont des trotskistes, des rouges déguisés en verts. Il suffit d’entendre le discours qu’ils tenaient au premier tour. Ce que je veux pour Rhône-Alpes, ce n’est pas la décroissance. Jean-Jack Queyranne n’a pas fait une alliance mais du rafistolage. Il n’y a qu’à voir sa tête au soir du premier tour, il n’était pas content. Il a réalisé le deuxième plus mauvais score pour un président de région. Et le second tour ne va pas être simple pour lui, il va perdre des voix.
Le vote sanction qui repose sur des causes nationales, est-il évitable ?
Je n’ai pas parlé que de Nicolas Sarkozy durant ma campagne. Il m’est arrivé de le faire pour répondre à des gens. Je leur expliquais que sans le président de la République la France traverserait la crise encore plus dure. Les Français ne sanctionnent pas Nicolas Sarkozy sur tout. Il y a des choses qui les irritent mais pas tout.
Qu’est-ce qui les irritent ?
Nous sommes dans le pire moment de la crise. Des entreprises ferment, le chômage augmente et cela nous pénalise. C’est le plus mauvais moment pour nous et il y a aussi les nominations de personnalités d’ouverture qui n’ont pas été comprises et qui ont perturbé notre électorat. Ma campagne, je la fais en m’appuyant sur ma vision pour Rhône-Alpes. Jean-Jack Queyranne, lui, n’a pas d’idées. La chose qui importe pour lui est de garder la présidence de la région.
Vous estimez-vous en position de gagner la région dimanche soir ?
Nous ne sommes pas dans une position difficile. Nous avons gagné le premier tour alors que l’on nous annonçait battu. Nous sommes devant malgré tout ce dont a bénéficié Jean-Jack Queyranne. Sans triangulaire, nous aurions gagné à tous les coups. Sur ce deuxième tour, tout peut se passer.
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