Au micro de Sud Radio, l’ancien secrétaire d’État aux transports, Frédéric Cuvillier, explique pourquoi il a refusé de rempiler. Il se montre très critique sur les budgets alloués aux grandes infrastructures. Il commente également l’accueil de Manuel Valls par le Medef et la proposition d’Emmanuel Macron de revenir sur les 35h. “Pas une attente”, selon lui.
C’est un des grands sortants du gouvernement Valls I. L’ancien secrétaire d’État aux transports, Frédéric Cuvillier, qui a refusé de rempiler dans le nouvel exécutif, était ce jeudi matin l’invité de Sud Radio.
Lundi, le Premier ministre recevait une standing ovation après son discours devant le patronat, à l’occasion des universités d’été du Medef. "Je ne comprends pas pourquoi les hommes de gauche n'aimeraient pas les entreprises. Il n’y a pas de divorce qui serait naturel entre les hommes de gauche et les entreprises", affirme Frédéric Cuvillier. L’ancien membre du Gouvernement précise toutefois : "J'aurais ajouté : “J'aime l'entreprise et les ouvriers qui travaillent dans les entreprises”."
“Ça manque de sens”
Manuel Valls tiendra-t-il le même discours lors de l'université d’été du PS qui débute à La Rochelle ? "Il devra présenter les objectifs et les politiques qu’il compte mener. C’est à La Rochelle que les socialistes doivent clarifier leurs orientations politiques et économiques", estime Frédéric Cuvillier, qui appelle à une ligne "plus claire, plus compréhensible, plus lisible, plus audible. Aujourd’hui, ça manque de sens".
"Il faut qu’on apprenne à tirer les conséquences des messages d'alerte. C’est d’ailleurs une des raisons de mon refus de participer à ce nouveau gouvernement, explique l’ancien secrétaire d’État aux transports. Il faut un gouvernement qui soit sensible à ce qu'attendent les Français." "Le Gouvernement n'est pas audible. Il manque de proximité et de réponses aux interrogations majeures des Français", détaille-t-il, pointant des lacunes dans le domaine du logement, des transports, de la mobilité et de la sécurité.
“Le patronat n’a pas joué le jeu”
Si le Premier ministre a été ovationné par les patrons, Frédéric Cuvillier craint que ces derniers ne s’engagent pas derrière le Gouvernement : "Il faut qu'au-delà des applaudissements ça se traduise dans les faits." "Le patronat n'a pas joué le jeu, il n'a pas répondu au pacte de responsabilité. Peut-être que ces universités d’été du Medef vont marquer un tournant ; mais il faut agir vite, puisqu’il y a désormais une forme de désespérance républicaine."
Et Frédéric Cuvillier de douter de l’intérêt des mesures gouvernementales aux yeux des patrons : "Beaucoup de chefs d’entreprise ne mobilisent pas le crédit d’impôt. Un tiers du crédit d’impôt seulement a été utilisé. Il y a des politiques qui sont prises mais pas mobilisées par les chefs d’entreprise. Peut-être aussi n’est-ce pas ce qu’ils souhaitent pour être plus efficaces et créer de l’emploi."
Assouplir les 35 heures ? “Pas une attente”
Quid alors de la proposition d'Emmanuel Macron, qui se montrait favorable à un assouplissement des 35 heures par branches et à un abaissement des salaires, dans une interview au Point donnée avant qu’il ne soit nommé ministre. "Ça ne peut pas passer sans un accord avec les partenaires sociaux", tranche l’ancien membre du Gouvernement, qui balaye dans un même mouvement un abaissement des salaires. "Je ne suis pas persuadé que ce soit une attente", avance Frédéric Cuvillier, qui ajoute que "le Macron d'avant la nomination n'est pas le même, il ne parlait pas au nom du Gouvernement".
“Je ne suis pas un frondeur”
Mais, au juste, pourquoi Frédéric Cuvillier, pourtant proche de François Hollande, a-t-il refusé de rempiler ? "Je ne suis pas un frondeur, mais je crois en ce que je fais. Si je n’ai pas les moyens pour le faire, alors je considère que je serai plus utile ailleurs." "Il faut un grand ministère des Transports et de l'égalité du territoire", plaide Frédéric Cuvillier, qui conclut sur une analyse cinglante : "Non, nous n'avons pas les budgets qui permettent le renouvellement et l’entretien des infrastructures. Non, nous n'avons pas les budgets pour les grandes infrastructures ! Cela va faire deux ans sans investissement public sur les grandes infrastructures. C’est dangereux et économiquement intenable."