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crédit : Tim Douet

UMP : Nora Berra dénonce le "lobbying monstrueux de gens installés"

Elle se défend d'être "une franc-tireuse". Toutefois la secrétaire d'Etat s'attaque à la fédération départementale de l'UMP "qui s'est coalisée pour mettre en péril" sa candidature. A travers son combat électoral, elle entend crever "le plafond de verre" qui empêche la réussite "des femmes, des personnes d'origine étrangère, des personnes handicapées, des homosexuels, des jeunes…"

La ministre revient avec nous sur la polémique déclenchée jeudi par ses propos à RTL. "J'ai l'audace d'avoir des parents qui viennent de l'autre côté de la Méditerranée. On m'a fait comprendre que mes origines pouvaient poser un certain problème aux yeux de certains électeurs", a-t-elle lancé à l'antenne, visant des cadres de l'UMP. "Inqualifiables", "pas sérieux", "inacceptables", a tempêté le président départemental de l'UMP, Philippe Cochet. Quant à Jean-Claude Gaudin, co-président de la commission nationale d'investiture de l'UMP, il y a vu "une déclaration d'hostilité". Elle leur répond aujourd'hui.

Lyoncapitale.fr : Que se passe-t-il depuis jeudi ?

Nora Berra : La fédération UMP du Rhône s'est coalisée pour mettre en péril ma candidature, et a considéré qu'elle était irrecevable. Le circuit s'est grippé par ce lobbying monstrueux de gens installés dans leur confort politique. Ils ne m'ont jamais demandé mon envie. J'ai toujours été exclue des réunions qui se tenaient.

Comment expliquer que tous ces élus vous barrent la route ?

Je n'ai jamais eu de problèmes avec personne. Sauf peut-être avec un, qui ne peut pas supporter qu'une personne d'origine étrangère réussisse… J'ai toujours déclaré être derrière Michel Havard pour les municipales. Je suis légitimiste, j'ai respecté l'organigramme de mon parti. Je ne suis pas une franc-tireuse.

Quelles sont les raisons de leur choix en faveur de Dominique Nachury ?

L'UMP a une dette envers elle. On lui avait promis la 1ere vice-présidente du conseil général, finalement dévolue à Michel Forissier. Pour le reste, il y a des raisons inavouées…

Auraient-ils peur de vous pour les municipales ?

Certains, oui.

Pourquoi Dominique Nachury n'est-elle pas selon vous la bonne candidate ?

Elle est connue dans son canton, pas ailleurs. Dans le sondage, j'avais dix points de plus qu'elle, en termes de notoriété.

Vous avez vu Nicolas Sarkozy ce jeudi. Lui avez-vous parlé de votre candidature ?

J'ai trop de respect pour lui. Les législatives, ce n'est pas de son ressort. Il a une campagne à mener.

Et Jean-François Copé ?

Il m'a appelée. Il m'a dit : "je t'ai toujours soutenue, je n'ai pas compris tes propos". Je lui ai rappelé que je lui avais envoyé une lettre où je lui faisais déjà part de mes préoccupations sur ce que j'avais entendu de la part de ses conseillers.

Vous avez connu une ascension rapide. N'est-ce pas normal qu'on vous demande de faire vos preuves ?

Trois ans d'exercice ministériel, ce n'est pas une preuve ? Loi sur la bioéthique, loi sur la psychiatrie, loi sur le médicament, loi de financement sur la Sécurité sociale, etc. Je suis rodée à l'exercice parlementaire plus que certains parlementaires eux-mêmes. On m'a toujours fait le procès en illégitimité. "Comment peut-elle être ministre alors que certains font de la politique depuis plus de vingt ans ?", ai-je entendu. Je veux rappeler que je n'étais pas en position éligible eux européennes. Elle l'est devenue éligible par le prix de mon engagement sur le terrain. Je n'ai rien eu sur un plateau.

Il y a cet argument selon lequel la circonscription est trop conservatrice pour une personnalité issue de la diversité. Qu'en pensez-vous ?

Il y a la vision du parti et il y a celle des gens, des citoyens, des Lyonnais, à laquelle je suis très attentive et que je respecte. La sociologie de la circonscription a changé. Les Lyonnais vivent avec leur temps. Les réflexes conservateurs sont partout, dans le privé, dans les entreprises, dans les autres partis. Si je m'assois là-dessus, comment faire progresser les mentalités ? Le plafond de verre existe, pour les femmes, les personnes d'origine étrangère, les personnes handicapées, les homosexuels, les jeunes…

Vous dénoncez certains propos tenus par des cadres de l'UMP. Mais que dire de ceux de Claude Guéant ? Par exemple sur l'inégalité des civilisations ?

Il s'en est expliqué. Il entendait par civilisation un régime, une organisation de la société. Je n'ai pas d'autres commentaires à faire.

Et que pensez-vous de la Droite Populaire ?

Elle est à l'UMP. Heureusement elle est minoritaire.

Votre situation fait penser à Rachida Dati. Elle a réussi à être maire d'un arrondissement conservateur parisien, le 7e. Est-ce un exemple ?

Je trouve ça normal. Grâce au président de la République, on arrive à être visible. Il a bousculé les codes, fait bouger les lignes. Nicolas Sarkozy est dans son temps. Lui-même est issu de la diversité. C'est le parti qui est en retard.

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