Si trois députés du Rhône ont signé l’appel “des 200” qui soutiennent la politique du gouvernement de Manuel Valls – sans être “godillots”, précisent-ils –, Pascale Crozon ne l’a pas fait. Elle s’en explique auprès de Lyon Capitale. La députée du Rhône exprime quelques doutes sur la politique pro-entreprises du Premier ministre mais ne “souhaite pas que le Gouvernement soit mis en difficulté” lors d’un prochain vote de confiance.
Lyon Capitale : Pourquoi n’avez-vous pas signé l’appel des 200 députés qui restent loyaux à François Hollande et Manuel Valls ?
Pascale Crozon : "J'avais été signataire d'une première tribune, il y a quelques mois, disant qu'il fallait mieux prendre en compte les plus défavorisés, en faisant un effort sur les prélèvements obligatoires. Le Gouvernement avait pris en compte toutes nos recommandations, donc j'étais assez satisfaite. Je ne suis pas signataire de cette nouvelle tribune, c'est vrai, car il y a des points qui m'interrogent beaucoup."
Lesquels ?
"C'est principalement la question de l'entreprise. On a vu l'accueil du Medef hier... Je voudrais que soient mieux aidées les PME et PMI, qui sont les entreprises qui embauchent. C'est vrai qu'elles le sont déjà à travers le CICE, qu'elles peuvent solliciter. Mais je ne veux pas que notre politique soit trop dirigée vers les grandes entreprises. J'ai une famille qui est dans le monde de l'entreprise, je peux constater leurs difficultés."
Manuel Valls doit-il craindre le vote de confiance de la rentrée ?
"Il devra se donner les moyens de rassembler tout le groupe socialiste, sans forcément compter sur les écologistes et les autres députés de gauche. Il doit participer aux débats. Il y a des questions qui sont légitimes. Je ne souhaite pas que le Gouvernement soit mis en difficulté."
Le mini-remaniement qui vient d’avoir lieu consacre-t-il la ligne social-libérale ?
"Ce n'est pas parce que le nouveau ministre de l'Économie [Emmanuel Macron, Ndlr] est social-libéral que la ligne va changer. Les discussions qui vont avoir lieu cette semaine aux universités d'été de La Rochelle, puis celles qui auront lieu à la rentrée parlementaire, doivent permettre de rester sur une ligne social-démocrate."