Acclamé en 2012, chahuté en 2013, Manuel Valls clôturera l’université d’été du PS à La Rochelle dimanche matin. Quel sort lui sera-t-il réservé par les militants, qui pourraient trancher entre sa ligne politique et celle de Benoît Hamon et Arnaud Montebourg ?
L'an passé, Manuel Valls avait quitté l'université d'été de La Rochelle avec un bilan mitigé à l'applaudimètre. Christiane Taubira, avec qui il avait engagé un bras de fer sur la réforme pénale, avait reçu un accueil plus chaleureux. Celui qui était à l'époque ministre de l'Intérieur avait essuyé quelques sifflets. Un socialiste nous avait alors expliqué qu'il fallait y lire l'œuvre du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), mandaté par Benoît Hamon. Le scénario se reproduira-t-il cette année, avec peut-être encore plus d'intensité ?
“Des paris circulent”
L'aile gauche du PS, accusée d'avoir parasité son discours de 2013, jure ne pas recourir à ce type de procédé. “Je sais que des paris circulent sur l'accueil réservé à Valls. Mais je ne pense pas qu'il sera hué. Le Gouvernement a en fait en sorte que la salle ne lui soit pas défavorable. Ils ont rouvert des inscriptions. Il sera peut-être hué, mais ils font en sorte qu'il y ait suffisamment d'applaudissements pour les couvrir. Le MJS est autonome et les jeunes militants ne sont pas là pour huer le Premier ministre, même s'il se passe des choses historiques en termes de négation des habitudes du PS, un parti qui était ouvert à ses sensibilités diverses", précise Jules Joassard. Et le responsable départemental de la motion “Un monde d'avance”, l'aile gauche du parti, de suggérer un autre mode de contestation : “Il y a toujours une guéguerre d'applaudimètre à La Rochelle, mais ce n'est pas orchestré. La grande majorité des participants ne sont pas des apparatchiks.” Le combat devrait donc se jouer sur l'accueil réservé à Arnaud Montebourg et Benoît Hamon lors de leurs interventions. À ce petit jeu, comme l'an dernier, Manuel Valls pourrait ne pas gagner.
“Les gens sont blasés”
“Son intervention au séminaire des élus sur la réforme territoriale jeudi a fait grincer des dents”, prévient une militante lyonnaise. “S'il a décidé de jouer la carte de la provocation dans son discours, il pourrait être sifflé. Mais les militants savent qu'il y a des caméras de partout qui n'attendent que ça. Ils boycotteront peut-être son discours. Le MJS n'organisera pas la claque contre Valls. Je n'ai pas l'impression qu'il souffle un vent de rébellion ni une ambiance de guérilla. Je sens plutôt les gens blasés, de l'abattement généralisé", poursuit une élue lyonnaise.
Pour la première fois de la semaine, le PS pourrait donc jouer la carte de l'apaisement, comme le prône Jean-Christophe Cambadélis, son premier secrétaire, qui tente de ménager les deux ailes de son parti dans une improbable synthèse. Mais, à La Rochelle, rien n'est jamais sûr.