Verhofstadt à Lyon : vous reprendrez bien un peu d’Europe…

Les Libéraux et démocrates, représentés en France par le MoDem et l’UDI, tenaient meeting ce mercredi soir à Lyon. Parmi les présents, François Bayrou, Rama Yade, Yves Jégo et Hervé Morin. Mais les stars européennes étaient Sylvie Goulard, tête de liste dans la région Sud-Est, et Guy Verhofstadt, candidat à la présidence de la Commission européenne.

Comme l’a dit Michel Mercier en introduction, il leur faut du courage. Ces Libéraux et démocrates, représentés en France par le Modem et l’UDI, défendent l’Europe. Pis, rangés derrière la bannière du Belge Guy Verhofstadt (au centre de la photo ci-dessus), ils promeuvent une nouvelle avancée fédérale. Ce mercredi soir, ils tenaient meeting à Lyon, où la chef de file est Sylvie Goulard. Près de 300 personnes avaient fait le déplacement pour la Confluence. Alors que les eurosceptiques ont le vent en poupe, et après six ans d’une crise partie des Etats-Unis mais qui a surtout sévi en Europe, nul doute que cette voix aura du mal à se faire entendre dans les trois semaines de campagne qu’il reste.

“Est-ce que c’est mieux d’être petit ?”

D’aucuns n’ont pu s’empêcher d’exhumer le souvenir des deux guerres mondiales pour défendre le premier acquis communautaire : la paix. Des poncifs ont aussi été déclamés : “L’Europe nous protège”, a-t-on entendu, “Seul, on va plus vite, à plusieurs on va plus loin”, a complété un autre. Un intervenant a parlé des financements européens obtenus pour bâtir Euroméditerranée à Marseille (sans rien dire des transferts vers l’Union européenne qui ont rendu possible cette redistribution). Une chef d’entreprise basée à Limonest a vanté le grand marché économique européen, occultant l’atonie de sa consommation et de sa croissance. “Est-ce que c’est mieux d’être petit ?” s’est interrogé Michel Mercier. Et le maire de Thizy-les-Bourgs de convoquer l’imagerie paysanne en citant Aragon : “Quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat, fou qui songe à ses querelles.”

Hervé Morin a voulu s’attaquer aux autres poncifs, ceux du camp adverse qui accable un peu vite Bruxelles : “Si la France va mal, ce n’est pas à cause de l’Europe”, a-t-il fait valoir. Il regrette le manque de concurrence du marché intérieur français, et défend même le cours de l’euro “qui nous protège de la dévaluation et de l’inflation”. Il souhaite un budget européen plus fort, pour créer de la “convergence économique” entre le Nord et le Sud. “Nous avons fait l’Europe, il nous reste à faire les Européens”, a-t-il conclu.

“La crise a été mal gérée en Europe”

À mi-chemin entre la colère et l’enthousiasme, et non sans rappeler parfois la fougue de Daniel Cohn-Bendit (les gros mots en moins), Guy Verhofstadt s’est payé Marine Le Pen, qui fraye avec Poutine, et le PS qui “ne défend plus l’héritage de Delors et de Mitterrand”. Ce Flamand parfaitement francophone n’a pas éludé les fautes de l’Europe, en particulier celles de la commission Barroso. “La crise a été mal gérée en Europe”, a-t-il admis, faisant allusion au chômage dans les pays du Sud. On aurait aimé entendre ce que lui aurait fait. Car il défend une présidence de la Commission émancipée “de Berlin” et des autres chefs de gouvernement, critiquant au passage Nicolas Sarkozy qui préférait une Europe intergouvernementale.

“Pourquoi Google, pourquoi Facebook, pourquoi Twitter ?” a scandé Guy Verhofstadt, pointant la nationalité américaine de ces nouveaux géants. “Parce qu’on n’a pas un marché unifié du digital et des télécoms”, juge-t-il, plaidant pour de nouvelles avancées du marché unique. Sylvie Goulard s’en est prise à ceux qui prônent la sortie de l’euro : “La dévaluation, ça consiste à vous piquer une partie de votre épargne, la dévaluation, ça consiste à vous voler”, s’est-elle exclamée. Elle a aussi défendu le traité de libre échange avec les Etats-Unis, en cours d’élaboration. “Nous sommes 500 millions, de quoi avons-nous peur ?” De l’Europe, pour certains.

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