Avec de nombreux gels de crédits et des suppressions de postes, le budget 2018 de la Ville de Lyon s’annonce de rigueur, dans un contexte de baisse des ressources des collectivités territoriales. Il est pourtant jugé trop dispendieux par la droite… et pas assez par la gauche. Ce qui ravit Georges Képénékian, qui se félicite “d’avoir trouvé un point d’équilibre”.
Au conseil municipal de ce lundi 20 novembre, avait lieu le débat d’orientation budgétaire (DOB). Dans un contexte national de baisse des dépenses publiques, de réduction du déficit public et de refondation du financement des collectivités locales – notamment par la suppression de la taxe d’habitation –, Richard Brumm s’est satisfait de la situation financière de la Ville de Lyon. Selon l’adjoint aux finances, “comme les budgets précédents”, celui-ci propose “un plan d’équipement soutenu en conservant une santé financière durable pour continuer d’investir”. Dans le détail, cela passe par “une baisse des dépenses de gestion courante”, des suppressions de postes “en nombre supérieur aux créations” et “un gel des subventions de fonctionnement aux organismes publics et privés” – mis à part les crèches. Enfin, 7,6 millions d’euros seront dégagés par le plan “marges de manœuvre”. Dans l’ensemble, les dépenses de fonctionnement devraient augmenter de 0,5 %. Sur l’exercice 2018, l’épargne brute devrait être comprise entre 65 et 70 millions, la dette entre 430 et 435 millions d’euros et la capacité de désendettement autour de 6,5 années. “Standard & Poor’s reconduit notre note AA avec perspective stable. C’est la meilleure note à laquelle la Ville de Lyon peut prétendre, puisqu’une collectivité locale ne peut avoir une note supérieure à la note de l’État dans lequel elle se trouve. D’ailleurs, l’agence n’exclut pas de relever cette note à condition du relèvement de la note de la France et du renforcement de notre gouvernance financière”, s’est félicité Richard Brumm.
“Il faut revoir les dépenses de personnel”
Denis Broliquier a quant à lui critiqué le manque de “courage” de la mairie sur la “réduction des dépenses” et la “réorganisation des services”. “Les contraintes budgétaires obligent les collectivités territoriales à se repenser (…) Quels leviers la Ville de Lyon a-t-elle enclenchés depuis 2014 ? a questionné le maire du 2e arrondissement. D’abord, le levier fiscal, en augmentant de 5 % la fiscalité locale directe. Puis le recours à l’emprunt, en fin de mandat dernier, pour investir largement avant l’élection de 2014.” Il a aussi critiqué “la hausse des dépenses de personnel” : “Le tabou de la réduction des charges de personnel tend à être brisé en France, mais pas à la Ville de Lyon, alors que ces dépenses représentent 46 % du fonctionnement. Sans faire de rabotage ici ou là, il faut revoir totalement ces dépenses, avec des mutualisations pour gagner en productivité à l’échelle du territoire”, préconise Denis Broliquier.
“Heureusement que vous avez les automobilistes !”
Du côté des élus Les Républicains, Laurence Balas a aussi tancé le manque de “réformes de fond depuis l’amorce de la baisse des dotations”. L’élue du 6e arrondissement a notamment regretté le manque de baisse de dépenses malgré le plan “marge de manœuvre” : “Monsieur Képénékian, aurez-vous le courage que Gérard Collomb n’a jamais eu, en remettant à plat l’organisation du temps de travail à la Ville ? Quand les agents travailleront-ils les 1 607 heures annuelles obligatoires ? Quand mettrez-vous en place de véritables mesures pour faire baisser l’absentéisme ?” a-t-elle questionné. La conseillère municipale a aussi critiqué la réforme des tarifs de stationnement – qui doivent permettre de récolter 2,6 millions d’euros : “Heureusement que vous avez les automobilistes pour équilibrer votre budget. Vous ne voulez plus de voitures en ville, mais comment ferez-vous sans elles ?”
“Vous préférez la vente du patrimoine plutôt qu’un endettement modéré”
Si Richard Brumm s’est félicité de la “faible utilisation du levier fiscal”, Nathalie Perrin-Gilbert a critiqué “la pression sur les Lyonnais que constituent les hausses des tarifs municipaux – cantines, vignette, piscines, activités périscolaires, etc.” La maire du 1er arrondissement a aussi dénoncé un plan “marge de manœuvre” qui cacherait “une diminution du personnel, des suppressions de services et une augmentation de la charge de travail du personnel”. Enfin, elle réprouve le choix fait par la municipalité de renoncer à “un endettement modéré pour faire plaisir aux agences financières” pour préférer la “vente du patrimoine des Lyonnais” : “Si les générations futures peuvent composer avec un endettement modéré, elles ne pourront pas récupérer le patrimoine vendu”, souligne Nathalie Perrin-Gilbert.
Avant l’adoption du budget, Georges Képénékian s’est félicité “d’avoir trouvé un point d’équilibre entre [sa] gauche, qui trouve [qu’il] n’en fait pas assez et [sa] droite qui trouve [qu’il] en fait trop”. Il s’est aussi félicité des mots de Standard & Poor’s, qui a salué la “prévisibilité [de] la trajectoire financière” de la Ville de Lyon. Le maire a conclu par un petit tacle à l’intention de Laurence Balas : “Madame, j’ai croisé Bruno Lemaire, que vous connaissez bien [elle l’avait soutenu à la primaire de la droite, NdlR] et il semble dans cette logique.”