Des impôts peu élevés, de très faibles dépenses de fonctionnement et une dette presque nulle : la ville de Villeurbanne affiche une superbe santé financière. Elle figure même en première position dans notre classement de bonne gestion. Mais cette situation a en partie été obtenue au prix de certaines restrictions budgétaires.
La ville de Villeurbanne est souvent citée en exemple pour ses performances budgétaires. Le maire sortant, Jean-Paul Bret, se dit particulièrement satisfait par le niveau de la dette. Celle-ci a reculé de 42 % en cinq ans, pour ne finalement représenter que 22 euros par habitant en 2012. Un chiffre appréciable lorsqu’on sait qu’à Vaulx-en-Velin le montant a au contraire augmenté et qu’il atteint désormais 1 475 euros ! “Cela fait des années que nous sommes entrés dans un rythme positif de désendettement, analyse Jean-Paul Bret. L’enjeu consiste à recourir le moins possible à l’emprunt et de parvenir à s’autofinancer sur de nombreux projets.”
La municipalité est parvenue à maintenir ses dépenses de fonctionnement à un niveau très bas (746 euros par habitant, soit le taux le plus faible des 12 plus grosses villes de l’agglomération) grâce à des méthodes managériales efficaces : “On étudie chaque projet au cas par cas, explique le maire. Nous avons par exemple décidé de construire une cuisine municipale et de la gérer en régie directe. Cela permet de produire 6 000 repas par jour à un coût bien moindre que si on devait les acheter à l’unité à une société privée. Nous faisons ainsi des économies à grande échelle.”
Mais, à trop faire attention aux économies, la ville est critiquée pour son manque d’investissement. Béatrice Vessiller, candidate EELV aux municipales, souhaite ainsi tempérer le bilan favorable du maire : “Certes, la dette a diminué. Mais cela s’est fait au détriment du bien-être de la population. La ville a pris 20 000 habitants en dix ans ! Il faut donc pouvoir s’adapter aux nouveaux besoins que cela engendre.” Avec seulement 186 euros dépensés par habitant pour l’équipement, Villeurbanne est en effet la ville qui investit le moins pour sa population, après celle de Bron. Concernant l’impôt, relativement bas dans la ville (457 euros par habitant), le candidat UMP-UDI, Jean-Wilfried Martin, souligne le rôle du mode de taxation : “L’imposition est faible parce qu’une bonne partie de la population ne paye pas. Le fait qu’il y ait beaucoup de minima sociaux fait peser les taxes sur les classes moyennes.”
Des budgets qui mériteraient d’être renfloués
En débloquant seulement 29 euros par habitant pour le social, Villeurbanne investit presque trois fois moins que Décines-Charpieu dans ce secteur, et est même la ville qui y consacre le moins d’argent parmi les 12 villes de notre palmarès.
Autre poste budgétaire peu pris en compte : le sport et la jeunesse. 109 euros seulement sont consacrés à ce budget par habitant, qui devrait pourtant représenter une priorité selon la candidate Béatrice Vessiller : “Nos écoles sont de véritables usines. Les enfants sont tous les uns sur les autres. Il y a parfois 10 classes en maternelle ! Et du coup pas suffisamment de salles d’activités, de salles de couchage, etc. Certaines ont été rénovées, mais il faut surtout créer de nouveaux groupes scolaires.” Jean-Wilfried Martin corrobore l’avis de la candidate écologiste : “Les écoles sont globalement vétustes et pas assez nombreuses. Il y a également un nombre très limité de places en crèches. Financièrement, l’argent n’est pas utilisé correctement.” Le maire sortant, Jean-Paul Bret, se défend : “Nous n’avons pas agi au détriment des investissements. Nos capacités ont même augmenté sur le dernier mandat et nous cherchons toujours à améliorer le quotidien des Villeurbannais. Mais investir davantage signifierait emprunter davantage. Les habitants sont sensibles à la qualité de notre gestion et au fait que la dette soit presque nulle.”
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Le budget de Villeurbanne à la loupe
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Méthodologie
Nous avons pris les chiffres des comptes administratifs 2007 et 2012 de la commune pour calculer les évolutions. Pour obtenir la note générale de bonne gestion, nous avons établi une moyenne selon 6 critères* :
- les dépenses réelles de fonctionnement par habitant
- le produit des impositions directes par habitant
- les dépenses d'équipement brut par habitant (= les investissements)
- l'encours de la dette par habitant
- les dépenses de personnel / dépenses générales
- l’encours de la dette / recettes réelles de fonctionnement
A titre d'exemple, chaque habitant de Villeurbanne doit 22 € pour rembourser la dette et rapporte à la ville 457 € au titre des taxes et impôts locaux.
Tous les critères n'apparaissent pas par souci de compréhension des tableaux. Les résultats complets des 12 principales villes de l’agglomération sont disponibles dans le numéro de janvier 2014 de Lyon Capitale. Nous avons choisi de confronter ces chiffres à ceux de Décines-Charpieu, Caluire-et-Cuire et Vaulx-en-Velin, en gardant Lyon comme ville-témoin.
En temps de crise, ne pas faire peser un impôt excessif sur les habitants, c'est important. Et ne pas payer pour des intérêts de dette, je préfère, oui ! Quand l'impôt sert à engraisser des banques, c'est idiot. C'est une belle fierté d'être la seule ville ou presque à ne pas être dans ce cas.Des économies intelligentes comme la cuisine centrale (meilleure qualité pour moins cher), c'est l'intérêt de tous... sauf des candidats de l'opposition municipale, bien sûr.Frédéric Vermeulin
B.Vessiller n'est pas candidate EELV pour ces municipales, elle est candidate du rassemblement citoyen qui comprend des personnalités issues des écologistes, du FdG, du Covra, de la société civile, et plusieurs anciens militants PS déçus par la gestion du maire actuel.
Quant à engraisser les banques, c'est certainement mal, pour autant investir pour l'avenir reste plus bénéfique qu'avoir des oursins dans les poches. L'endettement doit rester soutenable et doit permettre d'améliorer la qualité de vie des Villeurbannais, en leur fournissant des services ET en leur apportant une partie de leur salaire. Parce que l'investissement à Villeurbanne représente AUSSI le salaire d'une partie des Villeurbannais.
Et en parlant des banques, on aimerait bien que le PS national se décide à les scinder, comme le suggèrent les économistes parmi les plus éminents!