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Villeurbanne n'est plus verte et rose

Lundi soir, l'ordre du jour du conseil municipal de Villeurbanne prévoyait le vote du retrait des délégations des adjoints Verts. Il a rapidement viré aux règlements de comptes et s'est conclu dans une atmosphère plus qu'électrique. Pas de divorce à l'amiable donc mais une rupture douloureuse et violente.

18 heures. Dès la première délibération, les élus Verts interviennent pour dire leur déception de voir mis à l'ordre du jour le retrait des délégations des 2e et 14e adjoints, tous deux élus sur la même liste que les élus socialistes en 2008. Les délibérations s'enchaînent mais tout le monde attend le clou du spectacle : les trois derniers points à l'ordre du jour qui concernent le retrait de délégation, la nomination d'un nouvel adjoint et le transfert d'une délégation à une adjointe. La salle du conseil est bondée, avec plus de 70 personnes présentes dont quelques dizaines de militants écologistes et d'autres élus verts comme Etienne Tête, élu de la ville de Lyon sans délégation depuis décembre dernier.

Bret ()

Tim Douet

20h30. Dernière délibération avant le moment crucial et comme elle concerne la santé, Jean-Claude Ray, futur adjoint déchu prend la parole : " Nous sommes écartés de la pire des manières." Il poursuit : "je regrette que vous choisissiez de vous priver d'une vision d'une ville durable et d'appauvrir la diversité au sein de la majorité." Jean-Paul Bret, en victime, rétorque amer: "je suis le bouc émissaire de cette séance. Je suis inhumain, violent dans vos propos et tout ce qui est bien, c'est vous, tout ce qui est mal, c'est moi. Et tout cela ressemble vraiment à un plaidoyer contre moi, alors que c'est une décision collective. Je rappelle que le maire propose mais que le conseil municipal dispose".

L'opposition tape sur le maire

20h45. Tous les groupes ont leur mot à dire sur ce qui se passe entre les Verts et les socialistes villeurbannais. L'opposition voit dans cette fracture une occasion rêvée pour prendre l'avantage. Richard Morales, centriste, regrette cette "guerre picrocholine qui ridiculise une fois de plus la classe politique, de l'ordre de la vengeance en cour de récréation" et il a félicité la compétence et l'efficacité des adjoints concernés. Henry Chabert pour l'UMP se défend de vouloir donner des leçons de morale mais s'autorise tout de même un commentaire: "comme quoi le mariage de la carpe et du lapin, ce n'est pas durable !" Il continue dans une salve de qualificatifs en direction du maire: "autocrate", "partisan", "maître absolu" et même s'octroie le droit de comparer Jean-Paul Bret à Kim Jong Il, dictateur de la Corée du Nord.

Béatrice Vessiller, déçue et en colère

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Et vient le tour de Béatrice Vessiller, l'ex-candidate aux cantonales et 2e adjointe déléguée aux déplacements urbains et à la voirie. Celle-ci ne mâche pas ces mots et ne cache pas sa colère face à une sanction "incompréhensible, déloyale, illégitime, irresponsable et préjudiciable pour Villeurbanne." Elle considère que cette décision est " une prise de position individuelle et locale". Elle interprète cette décision comme "une réaction d'inquiétude" face à la montée d'Europe Ecologie. Après un long discours, plein de regrets, elle a tout de même tenu à rassurer les électeurs en affirmant que les Verts allaient continuer à travailler en bonne entente avec la majorité et à soutenir les projets du programme commun de 2008. "J'ai l'espoir d'un rassemblement durable pour les prochaines élections," a-t-elle conclu.

"Les verts sont seuls responsables"

C'est ensuite le moment pour la majorité de défendre un "choix politique". Samia Belaziz pour le Groupe Radical et citoyen explique que les cantonales n'ont été que l'élément déclencheur d'une incohérence qui existait déjà avant. "Nous ne sommes pas pour un maintien des adjoints qui ne cessent de s'attribuer des réussites municipales qui sont collectives," explique-t-elle. Le PC déplore que la situation se soit dégradée à ce point et n'a fait aucun commentaire sur "des amis politiques".

Il est aussi question de cohérence dans les propos des socialistes qui jugent que "les Verts sont seuls responsables". Loïc Chabrier (PS) insiste : "Comment concrétiser un contrat municipal quand on se fait sans cesse brocarder par ses partenaires ?" Le mot de la fin est pour Jean-Paul Bret qui se défend d'avoir pris une décision unilatérale et précise qu'il s'agissait d'une "réciprocité dans les termes" qu'il proposait pour les prochaines cantonales. "Si les Verts étaient devant, on se serait rangés derrière eux." Il continue: "j'aurais préféré qu'il n'en soit pas ainsi. Les Verts avaient une véritable place à Villeurbanne, c'est du gâchis." Mais après cela, il ajoute: "les Verts sont largement responsables. D'autant que les projets ambitieux, nous les avons proposés dans le programme électoral, nous les socialistes. Celles des verts tenaient sur à peine deux pages. "

Bilan des votes : Béatrice Vessiller et Jean-Claude Ray perdent leurs positions d'adjoints et deviennent simples conseillers. Les six élus verts passent donc dans l'opposition. Claire Le Franc reprend la délégation de Jean-Claude Ray et Didier Vuillerme, fraîchement désigné 15e adjoint, remplace Béatrice Vessiller aux déplacements urbains et à la voirie. Cette sortie de crise a tout de même un fort goût d'échec.

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