Villeurbanne : triomphe modeste de Bonnell en terre socialiste

En face de la mairie de Jean-Paul Bret et à deux pas de la permanence socialiste, l’ambiance était policée au QG des marcheurs villeurbannais ce dimanche 18 juin pour célébrer la victoire de Bruno Bonnell sur Najat Vallaud-Belkacem dans la 6e circonscription du Rhône.

Bruno Bonnell et ses militants à Villeurbanne, le soir de son élection à l’Assemblée nationale © Antoine Sillières

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Bruno Bonnell et ses militants à Villeurbanne le 18 juin 2017.

Décidément, les "marcheurs" ont le triomphe modeste. Comme lors de la présidentielle, l'ambiance était calme hier à la Brasserie du Théâtre, à Villeurbanne, où Bruno Bonnell avait réuni ses soutiens. Tous les ingrédients étaient pourtant réunis dans la circonscription la plus scrutée du Rhône. Un candidat de la société civile qui l'emporte assez largement sur une ex-ministre socialiste soutenue par le parti dans un de ses bastions. Une forte présence de médias nationaux et des affrontements parfois tendus entre les deux tours. Un personnage, Bruno Bonnell, très actif dans la campagne ces derniers mois, en tant que référent départemental du mouvement, aux côtés d'un Gérard Collomb désormais numéro deux du gouvernement.

Mais force est de constater que la joie contenue n'est pas à la hauteur de l'engouement médiatique suscité par le mouvement. Cris et applaudissements sont strictement mis en scène pour les séquences filmées avant que les décibels ne retombent sitôt le bouton REC éteint. Même la perche tendue aux sarcasmes par la proximité de la mairie de Jean-Paul Bret et de la permanence socialiste n'aiguisent pas le verbiage des marcheurs villeurbannais, en lice pour le prix du fair-play de cette séquence électorale.

“Travailler avec la mairie”

Bruno Bonnell et sa suppléante, Chafia Tifra, à Villeurbanne le 18 juin 2017 © Antoine Sillières

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Bruno Bonnell et sa suppléante, Chafia Tifra.

Sur ce territoire où, particularité unique en France, circonscription et commune se superposent parfaitement, Bruno Bonnell a appelé "à travailler avec la municipalité". Malgré l'amertume à peine voilée du communiqué de Jean-Paul Bret : "L'Assemblée monochrome et monolithique élue ce soir offre une image en décalage avec la réalité politique de notre pays. Je déplore l'abstention, dont le niveau historiquement haut traduit l'absence d'adhésion à la nouvelle majorité présidentielle. Il y a quelque chose d’illusoire dans cette élection. L'usage républicain veut que je félicite le nouveau député de Villeurbanne, qui malheureusement n'habite pas notre ville et qui n'est pas inscrit sur les listes électorales", écrivait le maire de Villeurbanne.

Il y a du chemin à parcourir avant de voir les "marcheurs" du député Bonnell et les socialistes du maire Bret travailler main dans la main, donc. "On doit travailler avec la mairie, oui, parce que parmi les éléments qui vont nous être remontés par les citoyens certains ne rentreront pas dans le rôle du député”, explique Chafia Tifra, la suppléante de Bruno Bonnell, faisant valoir ses fonctions au conseil municipal de Villeurbanne et à la métropole.

L'ambiance est policée chez cette France qui marche. Une France qui va bien. En tout cas pour les militants présents ce dimanche 18 juin à la Brasserie du Théâtre. Tous sont plutôt éduqués intellectuellement, intégrés socialement. Comme Sylvie, docteure en sciences politiques. Cette enseignante de 32 ans fait partie des nombreux "marcheurs" villeurbannais qui ont voté Hollande en 2012. "Mais il nous a déçus", regrette celle qui s'est mise “En Marche” au mois de janvier, même si "on [elle et sa tante, NdlR] suivait Macron depuis qu'il est devenu ministre de l'Economie".

“La gauche parle enfin aux entreprises”

Chafia Tifra (au centre de la photo), la suppléante de Bruno Bonnell, le 18 juin 2017 à Villeurbanne © Antoine Sillières

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Chafia Tifra, suppléante de Bruno Bonnell.

"En matière d'éducation, par exemple, un secteur que je connais, j'ai été stupéfaite de voir que des enfants avec 4 ou 6 sur 20 puissent se retrouver dans la classe supérieure, sous prétexte que le redoublement cela ne marche pas", raconte Sylvie. Un reproche direct à Najat Vallaud-Belkacem, dont la permanence se trouve à quelques mètres seulement. "Je l'ai rencontrée, je lui ai dit tout cela", poursuit notre enseignante, remontée contre l’ex-ministre de l’Education.

À 48 ans, Fabien lui "vien(t) du secteur privé". Il "n'en pouvai(t) plus des frondeurs" et se dit "content que la gauche parle enfin aux entreprises". C'est cet axe qui a séduit ce "Villeurbannais depuis dix-huit ans", qui avait lui aussi voté Hollande en 2012. "On va donner plus de liberté aux entreprises et plus de protection aux travailleurs, notamment à ceux qui n'en avaient pas, comme les autoentrepreneurs ou les agriculteurs, se félicite-t-il. Cette idée de baser l'assurance chômage sur la CSG et non plus sur les cotisations, c'est une très bonne mesure, dont on n'a pas assez parlé à mon sens."

Si les scores de l'abstention sont sur toutes les lèvres et préoccupent les responsables, il semble que le mouvement En Marche a redonné le goût des urnes à certains. Comme Christian, 69 ans. "Je n'aime pas la politique, je ne voulais plus voter car j'en avais assez de ce magma, de ce cynisme", confie ce retraité qui fut ouvrier puis travailleur social. "J'étais macroniste avant Macron, lance cet ancien de la CFDT qui a fait Mai 68. Le macronisme, c'est rechercher ce qui nous rassemble, ce que l'on peut faire." Il voit dans cette transversalité un parallèle avec les préoccupations écologistes qui l'animent. Mais, le sexagénaire l'assure, il restera lucide sur l'action du président de la République et de son gouvernement : "S'il change de discours, je pars tout de suite."

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