Villeurbanne : une agression antisémite qui ternit une tradition d'accueil

Jeudi dernier, un jeune étudiant de 21 ans a été agressé. Le maire de la ville, Jean-Paul Bret, condamne les faits mais estime que les actes antisémites ne progressent pas à Villeurbanne.

Un jeune homme a été agressé à Villeurbanne. Parce qu'il est Juif. Les faits se sont déroulés jeudi dernier, à 22h. Jérôme (21 ans) sort de l'école Beth Menahem où il suit des cours du soir et rentre chez lui, vers le gymnase Léon Jouhaux, rue Charles Montaland. Cet étudiant ne porte pas de signe religieux distinctif, pourtant deux individus l'abordent, lui demandent avec insistance son prénom. L'échange est tendu, mais le jeune homme finit par l'assumer. Oui, il est Juif. Les insultes pleuvent, il se fait frapper par l'un des deux qui brandit un pistolet à billes. Il tire à quatre reprises. Les blessures ne sont pas très profondes. "C'est un jouet, mais tiré à bout portant, ça peut faire mal", indique un policier.

Le jeune Villeurbannais souffre de petites plaies au visage, sur le torse et au bras. Son médecin généraliste lui a prescrit dix jours d'incapacité de travail mais Jérôme était ausculté ce lundi par un médecin légiste. Les enquêteurs ne semblent pas démunis. "On a des choses", avance l'un d'eux. Outre le portrait robot des agresseurs, les policiers s'attachent à recueillir des témoignages. La famille, pudique, ne souhaite pas donner trop d'ampleur à cette agression.

Pas de recrudescence d'antisémitisme pour le maire

Ces faits surprennent dans une ville qui s'apparente à un refuge pour la communauté juive. Il n'est pas rare de croiser des familles avec kippa, chapeau ou papillotes. Cette agression peut-elle remettre en cause ce sentiment de sécurité et de tolérance ? Le maire, Jean-Paul Bret, a tenu à condamner "fermement cet acte intolérable". Mais tient-il à préciser, "on est dans une ville où il n'y a pas de tension entre les communautés. Il faut aller place Lazare Goujon (derrière la mairie, ndlr) pour voir la communauté juive côtoyer des femmes voilées sans problème".

L'édile estime que les actes antisémites n'ont pas progressé dans la ville. Villeurbanne garde cependant le traumatisme de l'attentat à la voiture piégée contre l'école Nah'alat Moshé en 1995. Depuis un dispositif de sécurité spécifique entoure les synagogues et écoles juives : caméras de vidéosurveillance (privées), interdiction de stationner devant ces établissements. Et les jours de fêtes religieuses, la police s'avère particulièrement vigilante.

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