Zones inondables : divisions autour d'un projet immobilier lyonnais

A l'heure où dans l'ouest de la France, l'Etat s'apprête à détruire des habitations situées en zone inondable, à Lyon, une association d'habitants se bat pour empêcher la construction d'un complexe immobilier sur une zone déjà inondée à plusieurs reprises.

Construire un complexe immobilier comprenant des bureaux ainsi qu'une résidence hôtelière à la place d'un ancien terrain de tennis: tel est le projet de Constant Giorgi, un promoteur immobilier. La future construction se situerait donc à côté de l'hôtel Métropole sur les quais de Saône (4e arr.). Cependant, non loin de là, se trouvent les résidences Lyon Plage, deux groupes de deux immeubles coquets. Et la perspective de voir débarquer ce complexe immobilier fait des mécontents.

Les habitants des résidences Lyon Plage se sont donc constitués en association. Ils font tout pour empêcher l'érection de l'ensemble immobilier, d'autant que ce dernier serait situé dans une zone potentiellement inondable. Le promoteur attend d'obtenir le permis de construire qui sera délivré ou non le 9 juin prochain. Lyon Capitale a interrogé Jean-Jacques Alexandre, président de l'association.

Lyon Capitale: Quels risques cette construction présente-t-elle ?

Jean-Jacques Alexandre : Elle est située sur une zone de crue fréquente de la saône. En effet, nous sommes en bord de Saône, et la zone a déjà été inondée plusieurs fois. Quatre crues ont eu lieues entre 1991 et 2003. En 2007, le préfet du Rhône avait même diligenté une commission pour mener une enquête publique relative au plan de prévention des risques naturels d'inondations (PPRNI).

Qu'a conclu cette enquête ? En a-t-on tenu compte ?

Elle a conclu que ce secteur est soumis à des risques d'inondation, c'est pourquoi il ne convient pas d'augmenter la population dans cette zone. Or, l'avis de la commission n'a pas été pris en compte. En effet, cette zone a été laissée en zone bleue (ndlr : risque d'inondation moyen, voire faible), c'est-à-dire que l'on peut construire sous certaines conditions.

Par ailleurs, cette zone est aussi classée géo-technique, c'est-à-dire qu'elle présente des risques d'éboulement et de glissement de terrain. Malgré tout, le projet est entériné, comme si, juste à cet endroit, il ne pouvait rien se passer. Donc, on a vraiment l'impression qu'il y a deux poids, deux mesures. Mais nous n'avons pas l'intention de nous laisser faire.

Vous estimez que cette construction est incompatible avec le projet de Gérard Collomb de rendre aux berges du Saône leur côté sauvage...

Il s'agit d'un projet immobilier de vingt mètres de haut entièrement fait en béton qui va dévaloriser nos immeubles. Le projet n'est pas en adéquation avec l'architecture du quartier. D'autant que cette construction se compose de blocs de béton de toutes les couleurs. C'est une horreur. Ce béton fait disparaître le côté sauvage des lieux : il va empiéter sur les balmes, sur la verdure qui s'étend des quais de Saône jusqu'à la Croix-Rousse. De plus, nous ne voyons pas l'intérêt d'installer des bureaux à cet endroit, car dans Lyon, il existe des parties d'immeubles inoccupées, plus appropriées pour ce type d'installation.

Les habitants du quartier ont-ils été informés de ce projet et du problème du classement en zone inondable?

Il y a eu très peu d'information. On a sollicité notre maire d'arrondissement, mais il était très embarrassé. Il faut dire que Constant Giorgi a de l'influence à Lyon.

Vous avez dit avoir alerté les pouvoirs publics au plus haut niveau de l'Etat. Qui avez-vous contacté exactement ?

Nous avons écrit au président Nicolas Sarkozy, ainsi qu'au ministre de l'environnement Jean-Louis Borloo et à Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat à l'écologie. Mais ils nous ont tous renvoyés vers le préfet du Rhône.

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