Entre les hautes vallées de la Tarentaise et de la Maurienne, le Parc national de la Vanoise, sur le territoire de Savoie Mont-Blanc, déploie ses majestueux sommets mais aussi ses nombreux circuits de randonnées, pour amateurs ou marcheurs chevronnés. Ouvrez les yeux, le bouquetin, espèce emblématique du Parc, n’est jamais loin !
Soixante bougies !
Cette année le Parc national de la Vanoise fête ses soixante ans. Créé en 1963, il est le tout premier Parc national en France. On en dénombre onze aujourd’hui. C’est le bouquetin qui motive la création du Parc.
Dans les années 1960, seule une vingtaine de ces bovidés, en voie de disparition, est recensée sur le territoire du Parc. Ces animaux peu farouches, souvent croisés en chemin pour le plus grand bonheur des randonneurs, sont maintenant plus de 2000 ! Un pari réussi mais à préserver pour cet animal sensible au réchauffement climatique.
• Le saviez-vous ?
Aujourd’hui, avec son voisin le Parc national du Grand Paradis, qui fête ses 100 ans, la Vanoise présente une des populations de bouquetins les plus diversifiées en termes de génome.
Terre d’alpinisme
Avec plus de 30 sommets de plus de 3 000 mètres, le Parc de la Vanoise vous plongera dans une ambiance haute montagne assurée. Le point culminant du Massif, la Grande Casse, à 3 855 mètres, a été gravi en 1860 par le britannique Matthews, accompagné d’Étienne Favre, un chasseur de Pralognan et de Michel Croz, un guide de Chamonix.
Depuis, le Parc de la Vanoise fait le bonheur des grimpeurs en quête de sensations fortes mais il offre aussi la possibilité de s’initier en douceur à ces activités qui vous laisseront des souvenirs mémorables.
Lever de soleil lors de l’ascension de la pointe de la Réchasse
Pour une initiation à l’alpinisme, direction pointe de la Réchasse à partir du refuge du Col de la Vanoise. Accessible à tous - si une marche de 6 h ne vous fait pas peur ! – c’est en faisant vos premiers pas sur le glacier, crampons aux pieds, que vous verrez le soleil se lever. Au sommet, à 3 212 m, ultime récompense, la Grande Casse, en face, révèlera sa cime mythique. Inoubliable !
Un safari… version haute montagne
Espèce emblématique du Parc, le bouquetin aux cornes majestueuses, ne manquera pas d’accompagner vos efforts, tout comme les grassouillettes marmottes pointant régulièrement leur nez. Et avec un peu de chance et d’attention, peut-être pourrez-vous entrevoir le timide chamois ou le tranquille tétras-lyre. Scrutez le ciel : un couple d’aigles et son aiglon ont élu domicile dans le Parc, tandis que le gypaète, une espèce de vautours, y a été réintroduit…
Le saviez-vous ?
L’intérieur du cœur du bouquetin est doté d’un os étrange, en forme de croix, qui sépare les ventricules. Utilisé comme talisman, il a contribué à la chasse et la disparition du bovidé.
Pralognan-la-Vanoise, l’authentique
Surnommée "capitale" de la Vanoise, le village de Pralognan, est le point de départ d’innombrables circuits, dont le sentier conduisant à l’iconique Lac des Vaches.
Cette randonnée est facilement accessible à la journée. Mais pourquoi ne pas poursuivre et dormir au refuge du col de la Vanoise, avant d’enchainer jusqu’à la pointe de la Réchasse ?
Sur votre chemin de nombreuses fleurs alpines, aux pétales bleus, jaunes, roses ou blancs égaieront votre passage. Et avec un peu de chance, de jolies linaigrettes, ces petites touffes ressemblant à du coton, parsèmeront le Lac des Vaches…
Rando des papés
Serti dans son écrin de montagnes d’où dévalent sapins et épicéas, le petit village de Pralognan, 750 habitants à l’année, a su préserver son authenticité et ses traditions.
Des traditions que des guides accompagnateurs vous feront partager lors de randonnées douces aux alentours du village, mais riches de savoirs : vous pourrez repérer les toits, si caractéristiques, faits de tavillon de bois, découvrir les gentianes qui font la fameuse liqueur, ou encore vous initier aux plantes locales, telle la spirée, ou aspirine sauvage…
Et même, lors d’une halte, déguster un petit verre de gentiane en compagnie d’aînés du village.
• Le saviez-vous ?
Un litre de gentiane nécessite 100 kilos de racines de cette plante, parfois profondes de plus d’un mètre.
Rencontre
Trois questions à Xavier Eudes, directeur du Parc national de la Vanoise
Lyon Capitale : Quels sont les enjeux majeurs pour le Parc au regard des prochaines décennies ?
Xavier Eudes : Le parc fait face à deux enjeux majeurs liés aux changements climatiques. Il s’agit d’une part de faire évoluer le modèle économique du tourisme d’hiver vers une autre forme de tourisme, afin d’améliorer l’optimisation de la saison dans sa durée. D’autre part, on constate une appétence de plus en plus marquée des urbains pour les espaces naturels. Or, créer de l’attractivité sur nos espaces ne peut se faire sans réfléchir à l’impact sur le patrimoine biodiversité. Pour cela il est aussi nécessaire que le développement urbain évolue pour que les citadins ne soient pas dépendants des seules "respirations" en montagne.
Comment le Parc accompagne-t-il cette réflexion ?
Nous accueillons et suscitons des débats, colloques, pour faire évoluer petit à petit les modèles d’aménagement. Depuis 60 ans, le Parc est une zone protégée. Il garantit la préservation d’un patrimoine de toute la Nation ! Nous avons su résister au développement des stations. Aujourd’hui, il sert aussi de territoire d’expérimentation : il faut apprendre à se saisir des enjeux écologiques et œuvrer à un développement plus harmonieux.
Quel modèle touristique prônez-vous ?
La montagne est un espace d’authenticité et d’effort. La Vanoise est perçue et vécue comme un espace de haute montagne, même si de nombreuses randonnées sont accessibles. Aujourd’hui encore 80% de notre public se limite à 30 min de marche. Il s’agit de susciter une dynamique volontaire tout en préservant l’espace naturel. Pour observer la faune, il faut savoir être attentif, en petit groupe. L’émerveillement est source de compréhension des enjeux de la nature.
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