La conversion tardive de l’électorat catho à l’extrême droite a bénéficié du silence de l’Eglise et de l’empreinte de la Manif pour tous.
Avant même les fêtes, c’est déjà la gueule de bois. Pour le catholicisme français, l’automne a été celui des discrets déchirements, puis des calamités. Vieille constante de la science électorale, la digue catholique dressée contre le vote en faveur du FN, a cédé, ce dimanche 6 décembre. Ce jour-là, au premier tour des régionales, les catholiques se sont mis à l’unisson d’une France malade et qui se droitisait : ils ont représenté un tiers de ceux qui ont voté le parti de Marine Le Pen. Pour la cathosphère (déjà bien à droite), ce choix révèle une nouvelle géographie, un paysage qui s’est fortement modifié depuis les bruyantes batailles contre le mariage gay.
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Pas à pas, l’Eglise catholique en France est en train de normaliser ses relations avec le Front national. Loin des années 80 et 90, où l’institution prenait régulièrement (et nettement) position contre le vote pour le parti de Jean-Marie Le Pen. De grandes voix de l’épiscopat, telle celle du cardinal-archevêque de Lyon, Albert Decourtray, ou celui de Paris, Jean-Marie Lustiger pesaient de tout leur poids et s’exprimaient publiquement. Ce n’est plus le cas.