Alors que les urgences de Lyon Sud sont en grève depuis le mois de mai, le service de réanimation a décidé de les rejoindre. Mercredi dernier, ils ont organisé un rassemblement devant l'entrée de l'hôpital et espèrent fédérer d'autres services.
9h du matin, un mercredi de beau temps, une dizaine de personnes sont rassemblées ce 19 juin devant l'entrée de l'hôpital pour alerter sur leurs conditions de travail et sur la dégradation du service public. Une initiative de la CGT qui vise à rendre visible le malaise au sein du secteur de la santé. La plupart des manifestants viennent sur leurs jours de repos de peur d'être réquisitionnés. Le but du rassemblement est, pour Benjamin Berthet, infirmier au service de réanimation et membre de la CGT, de rallier la grève nationale du service des urgences. À l'heure où une centaine de services se sont mis en grève partout en France, ils espèrent fédérer toutes les branches de l'hôpital Lyon Sud.
Leurs revendications sont toujours les mêmes depuis des années. Les problèmes dans les hôpitaux ne datent pas d'hier. Ils espèrent davantage de moyens, une totale réorganisation, plus de logique de rentabilité, une augmentation des effectifs, et font passer en dernier une quelconque revendication d'augmentation. Pour Marina*, urgentiste, "on n'en est même pas à parler d'augmentation, il faudrait déjà qu'ils nous payent toutes nos heures supplémentaires qui ne sont pas prises en compte" Sally*, une autre urgentiste, en arrêt maladie depuis une blessure au genou, soulignera qu'"il ne faut pas voir des liens de cause à effet entre les urgences en grève et l'attente qui augmente. On souffre de cet amalgame." Stéphane enchaînera sur le fait qu'il y a un énorme turn-over chez les infirmiers. "Une personne travaille pour quatre à l'heure actuelle, avant il fallait passer un concours, maintenant c'est à l'université que vous pouvez devenir infirmier. De plus, le temps moyen d'un infirmier sur un service est de 4 ans."
Le programme du jour consiste à s'implanter devant l'entrée de l'hôpital, distribuer des tracts aux voitures qui entrent et de mettre en scène le message qu'ils portent : la mise à mort de service public.
Pour frapper les esprits, il s'agira de "faire les morts" avec des pancartes explicatives. Les infirmiers seront allongés en tenue de travail avec des pancartes-chocs.
Une réussite discutable
"Vous avez remarqué que les gens s'arrêtent davantage lorsque l'on fait les morts ?", fait remarquer Benjamin à ses collègues en grève. La quasi-totalité des voitures s'est arrêtée. "Dieu vous bénisse !", criera une conductrice, "on vous soutient”, dira un autre chauffeur de taxi. En tout, 300 tracts auront été distribués dans la semaine dans tous les services confirmera Benjamin.
Marie*, aide-soignante au service de réanimation explique que les cadres de l'hôpital sont solidaires, car même certains les poussent à faire grève. Ces derniers ne seront pas présents, car "ils risquent gros". On apprendra au passage qu'une infirmière des urgences qui avait parlé aux médias s'était fait convoquer par la direction de l'hôpital. Elle n'a finalement eu aucune sanction. Là où ils peuvent parler à la rigueur c'est pour les conditions de travail à l'échelle nationale. Aucun médecin n'est, en revanche, présent, mais pour Pia, une des responsables de la CGT, c'est quand même "une réussite, car beaucoup de services s'intéressent à la dégradation du service public, les pompiers klaxonnent, les gens nous soutiennent et les seules voitures qui ne se sont pas arrêtées sont celles des responsables des hôpitaux." Didier Michou un autre membre de la CGT explique qu'"ils savent ce qu'ils se passent, ce n'est même pas la peine qu'ils prennent nos tracts." Ils prévoient de faire des rassemblements d'une heure un jour par semaine pour que le mouvement grandisse et espèrent qu'il y aura davantage de mondes dans les semaines prochaines.
Il est 10h30, les responsables CGT font un signe de croix avec leurs bras, cela signifie que le rassemblement est terminé. Certains rentrent chez eux, d'autres retournent bosser et les autres vont au marché de Saint-Genis-Laval pour distribuer des tracts contre la fermeture de l'hôpital pour handicapés Henry Gabrielle¹.
*Certaines personnes ont souhaité rester anonyme.
¹Les HCL ont tenu à préciser “que l’hôpital Henry Gabrielle ne fermait pas mais que les services étaient transférés au sein de l’hôpital Desgenettes”.