En lutte depuis le printemps 2019, les salariés de Luxfer, dernier fabricant de bouteilles d’oxygène pour respirateurs artificiels de l’UE, demandent la nationalisation de leur entreprise (©Thierry ZOCCOLAN / AFP)
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La crise du Covid pour réveiller la souveraineté sanitaire

Berceaux historiques des grandes découvertes médicales et pharmaceutiques, Lyon, la France et l’Europe ont vu filer entre leurs doigts les industries du secteur, direction l’Asie. Une perte de savoir-faire particulièrement stratégiques dans une économie mondialisée. Devenue dépendante de lignes de production situées à l’autre bout de la planète, la patrie de Pasteur craint désormais pour sa souveraineté sanitaire, face à une pandémie qui voit des nations prêtes à s’arracher des masques de protection sur les tarmacs d’aéroport.

Août 2019. Alors que la France se prélasse au cœur d’un été brûlant, bien loin du confinement du printemps suivant, 26 chercheurs de la Pitié-Salpêtrière lancent une alerte dont l’écho viendra résonner avec force quelques mois plus tard. Dans une tribune au JDD, ils dénoncent la dépendance européenne sur la production de médicaments, pointant la vulnérabilité du continent face aux pénuries. "Très rares il y a une dizaine d’années, les pénuries de médicaments se multiplient, soulignaient-ils. Ces pénuries ne touchent pas les très chères innovations thérapeutiques mais des médicaments peu coûteux qui, bien qu’anciens et tombés dans le domaine public, constituent toujours l’essentiel de la pharmacopée." L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a dénombré 868 signalements de tensions ou ruptures d’approvisionnement en 2018, soit 20 fois plus que dix ans plus tôt. Tout y passe, corticoïdes, anticancéreux, vaccins, traitements contre les maladies cardiaques, l’hypertension… Le Vieux Continent n’a plus la main sur la production de médicaments, 80 % des principes actifs sont produits hors d’Europe, en Chine et en Inde principalement.

Made in China

"Il y a des années que la délocalisation de la production se fait vers des pays à bas coût, retrace Hani Houssami, directeur du master "Management des industries pharmaceutiques" à l’IAE. On a réussi à fabriquer en quantité à bas coût, dans le but de générer des économies pour les différentes Sécurités sociales." Ce mouvement est particulièrement visible sur les médicaments génériques, ces molécules dont le brevet est tombé dans le domaine public, et qui sont vendues à bas prix. "On a encouragé les génériqueurs, mais les génériqueurs fabriquent en Chine parce qu’ils doivent produire moins cher, à la demande des systèmes de Sécurité sociale", poursuit Hani Houssami. Si bien qu’en deux décennies, la Chine est devenue capable de produire des médicaments avec des standards du niveau européen. À mesure que les labos s’y sont installés, les entités de contrôles se sont multipliées, afin de garantir la qualité des produits.

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