Patrick Carlioz, chirurgien à Lyon
Patrick Carlioz, membre de l’Académie nationale de chirurgie @Antoine Merlet

Le Nobel de médecine 2023 raconté par un chirurgien lyonnais

Un chirurgien Lyonnais raconte la "saga" de Katalin Karikó, prix Nobel de médecine 2023, pour sa contribution au vaccin à ARN messager anti-Covid.

Dans son traité de 900 pages "ARN messager, une (R) évolution", le chirurgien pédiatre lyonnais Patrick Carlioz, membre de l'académie nationale de chirurgie, fait l'éloge et de Katalin Karikó, qui vient de se voir attribuer le prix Nobel de médecine, avec Drew Weismann, pour sa contribution déterminante à la mise au point d'un vaccin à ARN messager contre le Covid.

En 2021, dans les colonnes de Lyon Capitale, Patrick Carlioez avait eu du nez en nous assurant que "Katalin Karikó sera la prochaine prix Nobel."

Katalin Karikó est Hongroise, professeure à l'université Sagan, en Hongrie, et professeure adjointe à l'université de Pennsylvanie. Dans ce pays, écrasé par un des régimes les plus répressifs du bloc communiste, la famille Karikó "peine à joindre les deux bouts au sein de la boucherie" familiale, sans avoir ni frigo ni eau courante. Pourtant Katalin Karikó, qui "s'intéresse plutôt par l'anatomie des carcasses ensanglantées de porcs que son père veut bien lui laisser observer", poursuit de brillantes études et obtient son doctorat en biochimie à l'université hongroise de Szeged.

 Katalin Karikó © Nobel Prize Outreach

Licenciée à 30 ans car ses supérieurs ne croyaient pas à ses recherches

"Mais dans cette université, poursuit le Dr Patrick Carlioz, les chercheurs manquent de tout. Elle est licenciée le jour de ses trente ans , car ses supérieurs ne croyaient que très modérément à la réussite de ses recherches qui ne portaient déjà que sur l'ARN messager, alors que toutes les financements soutenaient ls recherches sur l'idole ADN, placée à l'époque sur le podium de l'hérédité."

Katalin Karikó vend alors sa Lada contre des devises et part aux Etats-Unis, le seul pays qui l'accueille. Elle décrochera un emploi à l'université Temple de Philadelphie. "En cette fin des années 1980, la communauté scientifique ne jurait que par l'ADN (...). Elle poursuit quant à elle inlassablement ses recherches auxquelles personne ne croit, et ce dans un contexte d'autant plus difficile qu'elles sont menées par une femme au fort accent étranger."

Patrick Carlioz - dont le biologiste François Gros, l’un des pionniers de la biochimie cellulaire en France a salué son ouvrage de "traité remarquable" - rappelle que les recherches "hors normes" de Katalin Karikó puis ses travaux conjoints avec le Dr Weismann sont passé "inaperçus". Pourtant, c'est le duo qui a réussi à "placer leur précieux ARN dans un enrobage de 'nanoparticules lipides', évitant une dégradation trop rapide (...)". En créant cet ARNm hybride, explique-t-il, qui peut se faufiler dans les cellules sans alerter les défenses de l'organisme, le duo dépose une série de brevets à partir de 2006.


"Katalin Karikó venait de lancer véritablement la course aux vaccins à travers la planète..."


"Mais cette découverte majeure, publiée et décrite dans une série d'articles scientifiques, est cependant passé largement inaperçue, mais elle a offert l'absolution à la chercheuse, à son équipe et à ses confrères. Elle qui avait gardé la foi malgré des années de vaches maigres, venait de lancer véritablement la course aux vaccins à travers la planète..."

A lire : "ARN messager, une (R)évolution - De l'origine à la vaccination, puis à la thérapeutique" , Patrick Carlioz - 38 euros
arn-messager-revolution.com(carlioz)

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