Rapidement distancé dans la course mondiale au développement d’un vaccin contre le Covid-19, le géant français des produits pharmaceutiques, installé à Lyon, a décidé d’investir massivement dans l'ARN messager, déjà utilisé par ses concurrents et dont les promesses médicales dépassent de loin la seule maladie du Covid-19.
Depuis plusieurs mois, le géant français des produits pharmaceutiques, installé à Lyon, tente de redorer son image en matière d’innovation, après le retard pris dans le développement d’un vaccin contre le Covid-19. Pour revenir sur le devant de la scène, Sanofi a décidé de miser massivement sur l’ARN messager, une technologie qui s’est révélée essentielle dans la création des vaccins contre le Covid-19. Les laboratoires BioNTech, associé à Pfizer, et Moderna ont ainsi développé les premiers vaccins contre la maladie à l’aide de ce procédé.
Cibler des maladies qui vont du sida au cancer
Sanofi a fait le choix de ne pas recourir à cette technologie pour son propre vaccin anti-Covid-19, qui doit être commercialisé en fin d’année, mais le groupe pharmaceutique n’a pas renoncé pour autant à l’utilisation de l’ARN messager. Au contraire, l’entreprise veut accélérer ses recherches sur cette molécule, dont les promesses dépassent de loin la protection contre le Covid-19 et qui pourrait être utilisée pour répondre à une immense gamme de maladies, qui vont du sida à plusieurs types de cancer. L’Allemand BioNTech a ainsi annoncé travailler à un vaccin contre la malaria.
"Notre objectif est de libérer le potentiel de l’ARN messager dans d’autres domaines stratégiques, comme l’immunologie, l’oncologie et les maladies rares, en plus des vaccins", Paul Hudson directeur général de Sanofi
Le rachat du spécialiste américain de l’ARN messager Translate Bio, pour 3,2 milliards de dollars, un partenaire avec lequel le laboratoire français travaillait déjà étroitement, s’inscrit donc dans cette volonté de ne pas rater le tournant médical promis par cette molécule. "Notre objectif est de libérer le potentiel de l’ARN messager dans d’autres domaines stratégiques, comme l’immunologie, l’oncologie et les maladies rares, en plus des vaccins", déclarait ainsi dans un communiqué Paul Hudson, directeur général de Sanofi.
Si le groupe reste plutôt discret sur ses ambitions exactes et le nom des maladies sur lesquelles il souhaite travailler, il a dévoilé en juin avoir lancé de premiers essais avec Translate Bio pour un vaccin contre la grippe saisonnière.
Un centre de recherche sur l’ARN à Marcy-l’Étoile
De plus, cette information de rachat intervient seulement quelques semaines après l’annonce par Sanofi d’un vaste programme d'investissements dans l'ARN messager, qui s'est vu allouer deux milliards d'euros d'ici à 2025. Celui-ci comprend notamment la création d'un centre de recherche spécialisé, qui sera installé sur ses sites déjà existants de Marcy-l’Étoile, près de Lyon, et de Cambridge, aux États-Unis.
À l’inverse d’un vaccin classique, qui utilise une version affaiblie ou neutralisée d'un virus, la technologie de l'ARN messager introduit directement dans les cellules du corps une séquence de génome pour qu'elles génèrent les anticorps destinés à reconnaître le virus et l'éliminer.