L’eau en bouteille n’est pas forcément exempte des problèmes de pollution aux perfluorés. C’est ce que révèlent plusieurs études ainsi que les récents scandales des majors du secteur, qui ont filtré leur eau après avoir trouvé des PFAS. Qu’importe le contenant, il semble impossible d’échapper totalement aux polluants éternels.
Cet article fait partie d’un dossier complet sur la qualité de l’eau du robinet à Lyon mais aussi de l’eau en bouteille, depuis la découverte de quantités inquiétantes de pollutions aux perfluorés (PFAS, TFA…) :
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Il y a de quoi être déboussolé. Si l’eau du robinet n’est pas absolument sûre pour la santé, comment répondre à ce besoin si simple et si vital ? Dans ce contexte, le réflexe du consommateur pourrait être de se tourner vers les eaux en bouteilles. Problème : certaines d’entre elles connaissent les mêmes contaminations que l’eau du robinet lyonnais. Le récent scandale sanitaire autour des majors du secteur, dont Nestlé Waters – qui représente à lui seul pas moins d’un tiers des bouteilles vendues dans les supermarchés français (Vittel, Perrier, Contrex, Hépar…) – a mis la lumière sur les difficultés qu’ont les industriels de l’eau, quelle que soit leur taille, à échapper à la pollution de leurs eaux. Dans ce cas précis, un audit commandé en octobre 2023 par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) a révélé en plus des contaminations bactériennes (type Escherichia coli, entérocoques…) la présence de PFAS dans les bouteilles de ces grands groupes. Malgré un prix jusqu’à cent fois plus cher que l’eau du robinet, les eaux de sources et eaux minérales naturelles ne permettent pas d’échapper aux polluants éternels. Autre preuve : en décembre dernier, une étude du réseau Pesticide Action Network a retrouvé des niveaux élevés de TFA dans plusieurs eaux minérales vendues à travers l’Europe. Parmi elles, Vittel qui dépasserait de quatre fois le seuil réglementaire.

De quoi remettre en question la promesse de tout un secteur d’une eau naturellement protégée parce que forée très profondément dans les nappes phréatiques. “Le problème c’est quand il y a du surpompage, analyse un autre dirigeant d’une eau de l’ouest de la région, préférant garder l’anonymat tant la tension sur le secteur est importante. Ces grandes enseignes ont probablement surpompé leurs sources pour remplir leurs milliards de bouteilles. Or, quand vous pompez plus que le débit de réapprovisionnement de la nappe, cela crée des chemins vers l’extérieur par ruissellement. Ainsi, même si leurs sources sont extrêmement protégées, ils ont aspiré des eaux venant de la surface avec des traces de pesticides, de déjections animales ou de perfluorés des zones industrielles.” “Quoi que ces entreprises racontent, elles sont forcément concernées de près ou de loin par ces contaminations”, abonde Fabrice Pouliquen, journaliste et spécialiste de ces questions auprès de l’association de consommateurs UFC-Que Choisir.
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