Mouvement “Nous voulons des coquelicots”

Villeurbanne rejoint l'appel "Nous voulons des coquelicots"

Le conseil municipal de la ville voisine de Lyon a voté un voeu à l'unanimité pour rejoindre l'appel des coquelicots, pour l’interdiction de tous les pesticides de synthèse, lancé au mois de septembre 2018 par le journaliste Fabrice Nicolino et le militant François Veillerette.

Le calendrier fait parfois bien les choses. Alors que le Centre culturel et de la vie associative (CCVA) de Villeurbanne accueillait hier une soirée festive en clôture de la Semaine pour les alternatives aux pesticides, le conseil municipal votait la veille un voeu pour rejoindre l'appel "Nous voulons des coquelicots". Un mouvement national pour l’interdiction de tous les pesticides de synthèse (lire ici), lancé au mois de septembre 2018 par le journaliste Fabrice Nicolino et le militant François Veillerette. La pétition en ligne à ce sujet compte aujourd'hui plus de 570.000 signatures. L'adjointe en charge du Développement durable et de la nature en ville, et conseillère métropolitaine, Anne Reveyrand avait proposé ce voeu en début d'année. Jeudi, il a été voté à l'unanimité des voix.

"Il s'agit avant tout d'un acte symbolique, reconnaît la conseillère municipale, pour affirmer un soutien et une solidarité entre monde urbain et rural. Le but est de dire qu'il est possible de faire autrement pour préserver la biodiversité mais aussi la santé des agriculteurs, qui sont les premiers concernés". Une décision qui n'aura donc rien de contraignant. "Les collectivités ont un rôle d'exemplarité", poursuit l'élue, dont la commune a devancé le Législateur, de 15 ans, en abandonnant l'utilisation de pesticides dans ses espaces verts dès 2002. Pour proposer des terrains propres sur les 60 hectares de square et 10 de jardins urbain cultivés que compte la municipalité. "Si on utilise des substances toxiques, on n'est pas dans notre rôle d'offrir des espaces sains", tranche Anne Reveyrand. Si la démarche a été bien acceptée des habitants, il a fallu sensibiliser, sur la question des cimetières notamment, où il peut être difficile de voir pousser des herbes folles. "Finalement on se rend compte qu'un pissenlit qui pousse dans la rue, ce n'est pas si horrible", glisse la conseillère municipale.

Le Professeur Séralini, bête noire des lobbys

Conférence du Professeur Séralini à Villeurbanne (© Antoine Sillières)

Si la conseillère a été applaudie par l'assistance du CCVA, la vedette de la soirée était bien le professeur Séralini, ce vendredi soir. Environ 200 personnes avaient répondu à l'appel de la dizaine d'association présentes pour venir écouter le scientifique honni des lobbys de l'agrochimie depuis son étude remarquée et critiquée sur l'impact du Roundup et du mais OGM, en 2012 (lire ici).  Auteur de plusieurs livres sur l'influence des lobbys, il est aujourd'hui en contact avec le cabinet d'avocat américain qui défend Dewayne Johnson, cet Américain atteitn d'un cancer en phase terminale, qui a fait condamner Monsanto-Bayer, l'été dernier, à un dédommagement record de 78 millions de dollars. "Je leur ai conseillé de demander la déclassification de documents, raconte le Professeur Séralini, ce qui a donné les Monsanto Papers", cette masse de document internes, et d'échanges mail entre responsables de la firme, basée à Saint Louis, dans le Missouri. Documents qui prouvent notamment le recours au paiement de scientifiques reconnus pour signer des études favorables au géant de l'agrochimie ou encore la connaissance des danger potentiel du glyphosate par Monsato depuis des décennies. Le nom de Séralini serait cité des dizaines de milliers de fois dans ces documents.

A ce sujet, Lyon Capitale publiera, dans son prochain numéro, en kiosque vendredi prochain, un large dossier sur la pollution aux pesticides dans la région, et son impact sur la santé. Terre du siège de Bayer, qui a racheté Monsanto, mais aussi du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), à l'origine d'une étude classant le glyphosate comme "cancérogène probable", en 2015, la métropole lyonnaise est au coeur de la lutte pour l'interdiction des pesticides de synthèse. Une nouvelle décision de justice sera d'ailleurs rendue, le 11 avril par la cour d'appel, dans le procès qui oppose Monsanto à Paul Francois, un agriculteur charentais intoxiqué au Lasso, un pesticide aujourd'hui interdit. Le point dans notre magazine papier, dans une semaine.

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