Si son nom résonne de manière familière – son histoire recoupant pendant un temps celle du sulfureux Gang des Lyonnais –, le château de Fléchères, à Fareins, séduit aujourd’hui par sa beauté tranquille. Sauvé d’un abandon certain par deux passionnés dans les années 1980, élégamment restauré, il offre au visiteur une douce plongée dans la vie des grands notables lyonnais au XVIIe siècle. Son immense parc invite à la rêverie, prétexte parfait à une excursion à la journée ou à un nonchalant week-end en bord de Saône, à moins d’une heure de Lyon, en voiture.
À l’heure où l’automne s’installe, le château de Fléchères invite à une échappée au vert pour se ressourcer. Au détour d’une longue allée bordée de grands platanes, la saisissante beauté de son architecture interpelle.
Le château, entouré de douves, se dévoile après le passage d’un petit pont de pierre, venu remplacer l’ancien pont-levis.
Construit au XVIIe siècle, sur une ancienne maison forte, le château a gardé de nombreux éléments défensifs (fossés, remparts, tours d’angle…), le nouveau propriétaire de l’époque, Jean Sève, souhaitant en conserver la marque, pour asseoir et affirmer dans le bâtiment une noblesse nouvellement acquise.
Un temple protestant au château
Jean Sève construit le château entre 1606 et 1625. Calviniste, proche de Henri IV, trésorier de France, cet homme riche et influent devient échevin et prévôt des marchands en 1612-13, bénéficiant ainsi grâce à ses fonctions d’un anoblissement.
La composition du bâtiment principal, avec un grand corps de logis de trois étages, encadré de petites ailes, peut surprendre. Elle s’explique par la présence d’un temple calviniste de 250 m2 au troisième étage du bâtiment central, éclairé par sept fenêtres sur chaque façade. Laissant à Dieu la place d’honneur, les appartements se cantonnent dans les petites ailes et les tours.
Un pari fou
Acheté en 1997 par Marc Simonet-Lenglart et Pierre-Albert Almendros, après treize ans de négociation, le cossu château menaçait alors de tomber en ruine. “Le château de Fléchères est un coup de cœur très ancien, je l’ai découvert dans les années 1970 dans le film Le Diable par la queue. En 1985, en revenant de Lyon, on s’est arrêté à Fléchères. Le parc était alors en friche et le château, à l’abandon, très émouvant”, explique Marc Simonet-Lenglart.
L’envie de se relancer dans un autre projet après Cormatin [lire plus lojn] les embarque dans ce pari fou. Après bien des rebondissements et complications judiciaires, les rénovations prennent corps et d’exceptionnels décors peints sont mis au jour.
Le saviez-vous ?
On parle de noblesse de cloche pour les bourgeois anoblis suite à l’exercice de fonctions municipales (comme les échevins ou prévôts) dans certaines villes importantes. Cette appellation fait référence aux cloches de l’hôtel de ville qui sonnaient lors de l’élection des officiers municipaux.
Les fresques : un témoignage précieux du XVIIe siècle
Sans descendance, Jean Sève lègue son château et autres possessions à son cousin germain Mathieu Sève. Ce dernier fait appel en 1631 à l’artiste lucquois Pietro Ricchi pour décorer la maison.
“À l’époque, il était beaucoup moins onéreux de faire peindre des fresques que d’installer des boiseries. Pietro Ricchi passa une année complète à Fléchères. De ses quatre ans en France, hormis Fléchères et les décors du château de Bagnols, rien n’a survécu. Il a également répondu à d’importantes commandes à Venise”, explique Marc Simonet-Lenglart.
Masquées sous les boiseries du XVIIIe ou les enduits du XIXe, les fresques, dont seules quelques rares traces étaient visibles, se dévoilent lors des travaux de restauration.
“Leur découverte nous a fortement motivés”, continue Marc Simonet-Lenglart. Un travail colossal, financé en majeure partie sur les fonds propres des propriétaires. Si l’État a aidé à 40 % à la restauration des fresques, “nos principaux mécènes sont les visiteurs”, appuie Marc Simonet-Lenglart.
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