Dans le Rhône, on compte seulement 10 % des dossiers qui aboutissent finalement à une adoption.
Dans le Rhône, on compte seulement 10 % des dossiers qui aboutissent finalement à une adoption.
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Le minutieux travail des professionnels de l’adoption à Lyon

À la Maison de l’adoption, travailleurs sociaux, psychologues et associations œuvrent main dans la main auprès des enfants et des candidats à l’adoption. Reportage sur une administration discrète, sous la houlette de la Métropole de Lyon, qui permet chaque année l’adoption d’environ quinze enfants dans les familles lyonnaises.

Ce pourrait être une salle de jeu ordinaire. Un éclairage doux, des arbres que l’on voit à travers la fenêtre, au sol des balles, des jeux de bébés et des livres d’enfants rangés sagement dans des caisses. L’atmosphère est chaleureuse et impersonnelle. Difficile d’imaginer que c’est ici, au rez-de-chaussée d’un grand bâtiment de bureaux de Gerland, qu’ont lieu les premières rencontres des enfants adoptés dans l’agglomération lyonnaise avec leurs nouveaux parents. “Ça peut être très fort en termes d’émotion. Certains parents ont attendu quatre ans et ils n’ont eu que dix jours entre l’annonce de leur sélection et la rencontre effective avec l’enfant. C’est court pour se préparer”, contextualise Béatrice Bernard, responsable du service Parcours de l’Enfant, Pupilles et Adoption et de la Maison de l’adoption, qui préconise d’ailleurs au moins six mois de disponibilité totale après “l’apparentement”. Elle poursuit : “Pour un bébé de moins d’un an, cela va se faire en douceur pendant neuf jours, avec des temps partagés de plus en plus longs, en lien avec la pouponnière pour apprendre les gestes du quotidien comme l’alimentation ou la toilette.” Pour les plus grands, cela prend plusieurs mois, avec une prise de contact progressive via des échangse de photos, de vidéos de présentation de la future maison, des cadeaux… Tout au rythme de l’enfant. “L’adoption est une mesure de protection de l’enfance. Ce n’est pas un droit à l’enfant. C’est un droit de l’enfant.

Aux dires des témoignages, les réactions le jour J sont variées : allant de la joie profonde à la sidération absolue. “Effectivement, moi ça m’a scié les jambes. Ce n’était pas facile de réaliser malgré le fait que l’on soit en face de l’enfant”, commente Bastien*, père adoptif depuis six ans. “Parfois ils ne savent plus comment faire devant le bébé. D’autres nous questionnent aussi pour savoir s’ils font bien. Nous leur rappelons qu’il faut qu’ils trouvent de l’authenticité. C’est bien leur enfant”, explicite Béatrice Bernard. Des moments cruciaux qui se déroulent étape par étape sous le regard des professionnels de l’adoption. Plus tard, après avoir tissé un lien affectif suffisant, les parents découvriront le détail de l’histoire de leur nouvel enfant. Viendra ensuite un accompagnement des parents pendant une année auprès des services d’adoption, et puis la possibilité, à vie, de venir en consultation.

Plus de candidats que d’enfants

Des appuis indispensables tant la route est longue et souvent ingrate sur le chemin de l’adoption (lire plus bas les étapes). “C’est un peu comme si on faisait tout pour nous rebuter. On sent que les professionnels cherchent nos limites. Il n’y a aucune étape agréable dans le parcours vers l’agrément, l’autorisation à adopter”, témoigne un couple de trentenaires souhaitant adopter. Pendant neuf mois, les candidats endurent une évaluation sociale (parcours de vie, entourage, travail…) ainsi qu’une évaluation psychologique avant de passer devant une commission qui décidera de leur sort. “Pendant les évaluations, il n’y a pas de tabous. On doit tout comprendre de leur projet d’adoption, de leurs propres blessures, leurs capacités affectives. Il y a aussi souvent un gros travail à faire sur leurs représentations. C’est dur pour eux de se représenter le parcours d’un enfant qui a subi déjà peut-être de la maltraitance, de la violence, des carences, et dans tous les cas un abandon. Est-ce qu’ils sont en capacité d’adopter un enfant issu d’un viol, par exemple ? Est-ce que ça peut s’intégrer dans leur histoire ? Pareil pour un enfant avec un handicap”, résument les professionnels du secteur.

Résultat, au bout du parcours, l’agrément n’est donné qu’à la moitié des candidats. Il n’est valable que cinq ans et doit être actualisé chaque année par les candidats eux-mêmes. Derrière, dans le Rhône, on compte seulement 10 % des dossiers qui aboutissent finalement à une adoption. Une situation commune au reste du pays : il y a beaucoup plus de candidats à l’adoption que d’enfants adoptables. Selon les derniers chiffres connus, il y aurait environ 10 000 agréments en cours en France pour environ 1 000 enfants adoptables (ONPE). “Il y a aussi le fait qu’il y a peu de candidats qui veulent adopter des enfants de plus de cinq ans. C’est culturel en France. Les Italiens sont plus ouverts à l’idée de créer une filiation avec un enfant grand. Il y a un travail de sensibilisation à faire car de plus en plus d’enfants arrivent dans le statut de pupille de l’État à plus de 4 ans”, note Béatrice Bernard.

Les alternatives à l’adoption

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