Un joueur discret, mais apprécié pour sa combativité sur le terrain. Kim Källström, qui évolue depuis cinq ans à l’OL, pourrait s’en aller vers d’autres cieux. (Entretien paru dans Lyon Capitale du mois de mai 2011).
Lyon Capitale : Chaque année, c’est plus ou moins le même rituel : vous êtes annoncé comme remplaçant, voire comme partant, puis vous finissez par gagner votre place au sein du onze de départ. Comment l’expliquez-vous ? C’est lié à vos caractéristiques de jeu, à votre personnalité, au contexte... ?
Kim Källlström : C’est un peu tout ça à la fois. Même si je pense que le contexte joue beaucoup. Vous savez, moi je me prépare, je bosse à l’entraînement, je fais tout pour être prêt et opérationnel. Comme je vous l’ai dit, je ne suis pas du genre à baisser les bras. Je me suis accroché mentalement, préparé physiquement pour revenir. Durant cette période où je jouais peu, je n’ai jamais songé à partir.
On a le sentiment que vous êtes un joueur qui ne se met guère en avant, et que ça peut parfois vous jouer des tours dans un milieu du football où l’image a pris une part prépondérante...
Je ne crois pas que cela ait une incidence. Peut-être sur le court terme. Mais, sur le long terme, je ne pense pas que ça soit un handicap. Dans le sens où au club tout le monde me connaît. Ils savent ce dont je suis capable. J’adore ce club ! C’est très agréable et sympathique de jouer à l’OL. On a de bons supporters, on joue les premiers rôles en Ligue 1, on dispute chaque année la Ligue des champions. Bref, pour un compétiteur, toutes les conditions sont réunies pour réussir à Lyon.
Vous faites partie des joueurs les plus anciens du vestiaire, mais vous n’êtes pas perçu comme une star de l’équipe...
Quand je suis arrivé à Lyon, il y avait énormément de stars. De joueurs expérimentés. J’ai débarqué sur la pointe des pieds, j’ai observé et fait ma place doucement au fil des années. Un peu dans l’ombre. Ceci dit, il y a toujours un décalage entre ce qui peut être perçu par le monde extérieur et ce qui se passe réellement au sein d’une équipe. Je veux dire par là que je ne suis pas perçu comme une star, comme vous dites, mais à l’intérieur du groupe je pense que ma parole compte. J’ai emmagasiné de l’expérience et mes cinq années passées ici m’ont permis d’avoir un certain statut. Si Lyon gagne, je ne serai pas mis en avant, mais a contrario, si Lyon perd, je ne serai pas le joueur qui sera mis sur le banc des accusés. Je ne suis pas aigri ni frustré par rapport à mon statut. Je pense également que le fait que je sois suédois rentre en ligne de compte. En Suède, même si nous avons de bons footballeurs, mis à part Zlatan Ibrahimovic, il n’y a pas de grandes stars.
Avez-vous, à l’instar de certains de vos coéquipiers, été surpris par la “gueulante” d’Hugo Lloris à l’issue du match contre Nice [1-1] ? Et auriez-vous pu faire la même chose ?
Pour moi, ce qui c’est passé, ce n’est pas un problème. Cela arrive souvent. C’était une grosse colère et le lendemain c’était déjà oublié. Après, il y a le jeu médiatique. Entre nous les joueurs et vous les médias. Et à l’arrivée, tout le monde en profite. Parce que votre rôle est d’informer nos supporters, le grand public. Même si jeregrette parfois la surenchère de certains médias. Comme pour le fameux tacle de Cris sur Clément [Grenier]. Diffuser les images à la mi-temps d’une rencontre de Ligue des champions, franchement je trouve cela un tantinet exagéré. Pour en revenir à Hugo, je pense que j’aurais pu dire la même chose.
“Il me reste un an de contrat et je me sens bien à Lyon”
Avez-vous été tenté de le faire ?
Oui, bien sûr. D’ailleurs, je l’ai déjà fait. Mais il n’y avait pas de caméras (sourire). Je n’hésite pas à exprimer mon avis lorsque j’estime que c’est nécessaire.
Avec le recul, avez-vous analysé, compris, quelles étaient les raisons des performances en dents de scie de l’OL ?
Oui et non. J’ai une petite idée, mais je préfère la garder pour moi. Ou plutôt en faire part à mes coéquipiers. Mais je n’ai pas toutes les réponses. Le football n’est pas une science exacte. D’ailleurs, heureusement quelque part, c’est ce qui fait la beauté de ce sport.
Concernant votre avenir... De nombreux clubs semblent s’intéresser à vous. Êtes- vous flatté d’attiser les convoitises ? Avez-vous pris une décision ?
Non, pour l’instant, je n’ai rien décidé. Le jour où tu peux prendre une décision, c’est lorsque tu as deux choix différents. C’est compliqué de parler de ce sujet. On est dans un sprint final, chaque cas personnel n’est pas prioritaire. Il me reste un an de contrat et je me sens bien à Lyon. Je suis forcément flatté de voir mon nom associé à des grands clubs européens. Mais je ne vais rien vous apprendre en vous disant qu’un club peut être intéressé mais, des fois, c’est juste des rumeurs qui ne se concrétisent pas. Tu commences à réfléchir lorsque tu as une proposition concrète sur la table (sourire).
Le fait d’avoir joué trois ans à Rennes puis cinq à Lyon, cela ne vous donne-t-il pas envie d’aller découvrir un autre championnat ? Ou envisagez-vous éventuellement de terminer votre carrière à Lyon ?
Cela ne me dérangerait pas du tout. Quand j’ai quitté mon pays, il y a huit ans, je ne vous aurais pas répondu la même chose (rire). Jamais, je n’aurais imaginé rester en France si longtemps. En Suède, on dit : rien n’est écrit dans les pierres. C’est le destin. Quand tu es sportif de haut niveau, tu peux difficilement savoir de quoi sera fait ton avenir. Il y a de nombreux paramètres à prendre en compte. Je peux tout à fait terminer ma carrière ici, comme je pourrais relever un autre défi, jouer dans un autre stade, voir autre chose. Je n’ai jamais eu l’envie de partir à tout prix. Ce n’est pas mon état d’esprit.
Pour l’heure, le club ne vous a pas proposé de prolongation de contrat...
Je ne réfléchis pas trop à ça. Il y a quelques années, la politique du club était différente. Lorsqu’il restait deux ans à un joueur, soit il partait soit il prolongeait. Cet aspect-là a changé, mais c’est valable dans la plupart des clubs. Il y a de nombreux joueurs qui sont en fin de contrat et qui sont dans l’attente. La crise économique est passée par là. Certains joueurs de l’effectif ont déjà prolongé, d’autres vont sûrement suivre, d’autres non, chaque cas est différent.
On imagine que vous aimeriez avoir un signe de vos dirigeants, non ?
Je ne suis pas pressé. Je ne suis pas angoissé avec ça. Il y aura forcément une décision de prise, dans un sens comme dans un autre.
On ne sait pas si vous allez partir ou rester. Prolonger ou non. Mais qu’aimeriez- vous qu’on retienne de Kim Källström, le joueur puis l’homme ?
J’aimerais être vu comme un joueur qui donne toujours tout. Qui travaille pour l’équipe ! Qui respecte les consignes. Qui apporte au niveau des passes, dans l’aspect technico-tactique, et qui marque quelques buts (sourire). Concernant l’homme, j’espère qu’on me perçoit comme quelqu’un de respectueux et d’agréable. D’extrêmement attaché aux relations humaines. Après, on est comme on est. On n’est pas obligé d’aimer tout le monde, mais je pense pouvoir dire qu’on ne peut pas me reprocher grand-chose au niveau comportemental.
Vous êtes suédois, mais vous semblez être attaché à la France, et à Lyon en particulier.
Oui, c’est vraiment le cas. J’ai quitté la Suède à 21 ans. J’ai passé toute ma vie de jeune adulte en France. Je me suis marié en France, j’ai eu un enfant à Lyon. Chaque jour qui passe, je me sens de plus en plus français. Même si je n’oublie pas mes racines suédoises. Concernant Lyon, j’adore cette ville. De vivre ici, c’est extraordinaire. Il y a tout pour s’épanouir, même si c’est dommage qu’il n’y ait pas la mer (sourire).
Vous êtes proche de Yoann Gourcuff. Étes-vous surpris par le décalage qui existe entre la personne que vous connaissez et celle qui est perçue par le grand public ?
On le sait bien, cela fait partie du jeu du milieu du football de stariser un ou deux joueurs. En France, vous avez eu Platini puis Zidane. Deux sacrés joueurs. Derrière, il a fallu trouver d’autres joueurs qui prennent le relais. Dès qu’un milieu enchaîne quelques bonnes performances, tout le monde s’enflamme. On lui a peut-être collé trop vite une étiquette de star. Et du coup, dès qu’il est moins bien, tout le monde lui tombe dessus. Yoann, je l’aime bien. C’est un bon mec, facile à vivre. Il aime bien rigoler et ne se prend pas pour un autre. Il bosse énormément. Il a toutes les qualités requises pour réussir dans un club comme Lyon. J’en suis certain. Maintenant, quel que que soit ton statut, ton niveau, il faut au minimum six mois pour bien t’intégrer dans un tel club. D’autant qu’à son arrivée l’équipe ne tournait pas bien. Il a connu quelques pépins physiques. Mais vous verrez, il va réussir à Lyon.
Entretien paru dans Lyon Capitale du mois de mai 2011.