C'est là qu'il a été formé, c'est là qu'il a remporté son unique titre de champion de France, en 1972. C'est également là qu'il est devenu international. Et c'est encore là qu'il a fait ses premières armes comme coach en Ligue 1, en assurant plusieurs intérims dans un club où l'entraîneur se retrouve souvent sur un siège éjectable. Pourtant, si Albert Emon est aujourd'hui l'entraîneur du club de son coeur c'est presque par accident. Quand, l'été dernier, Jean Fernandez décide de quitter l'OM, le président Pape Diouf part à la recherche d'un entraîneur de renom. Emon l'adjoint n'est alors pas du tout pressenti. Et puis, devant les atermoiements des uns et des autres, Albert Emon se positionne. Il sort des coulisses et fait entendre son accent provençal pour clamer qu'il est là, prêt à relever le défi qui consiste à réinstaller l'OM au sommet du football français. Et Pape Diouf finit par dire : "Banco !". Albert Emon jubile : "Pour la première fois, je vais avoir le temps de construire et de diriger une équipe à Marseille. Le challenge est énorme mais je pense que c'est le bon moment pour le relever. Je me sens prêt car ce défi est merveilleux".
Quelques mois plus tard, à l'heure de défier l'OL - un club où il a évolué de 1981 à 1983 - Albert Emon est dans un tout autre état d'esprit. Il doute. Son équipe traverse une passe difficile. Marseille ne vient, en effet, de prendre que deux points en six matchs de Ligue 1. Pour espérer accrocher l'une des places qualificatives pour la Ligue des champions, Marseille se doit donc de faire un résultat face à Lyon. En cas de nouvel échec, les jours d'Albert Emon sur le banc de l'OM pourraient sérieusement être comptés. Être limogé à ce moment-là de la saison, ce serait un drame pour ce Marseillais de coeur tout près d'offrir à l'OM son premier titre depuis quatorze ans. Marseille est en effet qualifié pour les demies-finales de la Coupe de France. Après avoir éliminé... l'OL en 1/8 de finale.