Après un passage au pôle espoir de Toulon, Armel Ahidazan est revenu chez les Falcons de Bron-Villeurbanne, son club formateur. Une saison plus tard, le voilà sélectionné en équipe de France. Le moment pour lui de faire le point sur un sport en plein essor.
Il pourrait en parler des heures. À 20 ans, Armel Ahidazan se lance dans de grandes tirades lorsqu’il s’agit d’évoquer son sport favori. Pourtant, il a rencontré quelques difficultés pour pratiquer le football américain. "A 16 ans, j’étais surclassé pour jouer en junior car il n’y avait pas de catégories chez les jeunes", déplore-t-il. Après deux années aux Falcons de Bron-Villeurbanne, le natif de Lyon intègre le pôle espoir de Toulon. "Une super expérience". Mais l’envie de revenir dans le Rhône était trop forte. "Une décision personnelle plus que sportive. Les Falcons, c’est ma maison", explique-t-il.
Avec 20 300 licenciés en 2011, le football américain ne fait pas partie des sports plébiscités par les Français. Néanmoins, la Fédération française de football américain (FFFA) enregistre chaque année une augmentation de 10% du nombre de licenciés depuis sept ans. "Tous les clubs sont en train de créer des catégories pour les plus jeunes. Désormais, les plus petits connaissent le foot américain et veulent le pratiquer", s’enthousiasme Armel.
"Une mentalité exceptionnelle"
Le choix du football américain s’est fait sans contestation possible pour le jeune Lyonnais. "Le foot US regroupe tout ce que j’aime. C’est à dire le physique avec le ballon", affirme-t-il, sûr de lui. Quitte à se mettre ses parents à dos. "On n’était pas vraiment emballé. On se disait que c‘était un sport viril. On voulait le décourager mais sa passion était trop forte", explique son père. À 20 ans, ce grand costaud se pose en défenseur d’un sport peu connu dans l’Hexagone.
Avec ses gestes et sa voix posée, il décrit l’ambiance au sein des Falcons. "Nous sommes une vraie équipe d’amis. La mentalité est exceptionnelle". Peu médiatisé en France, le football américain n’attire pas les diffuseurs. Ce sport est jugé trop complexe par les non-initiés. Une thèse que réfute le porteur de balle de Bron-Villeurbanne. "Avant d’être un sport de brutes, c’est un sport tactique. Nous élaborons des plans de jeu. C’est pour ça que le jeu est souvent arrêté", indique-t-il.
L’équipe de France ? "Un tremplin"
En France, le football américain n’est pas professionnel. N’y a-t-il pas une sorte de frustration par rapport à cela ? "C’est vrai que c’est difficile à avaler. On n’est pas payé mais on peut être rémunéré en coachant des équipes ou en créant un pole espoir", envisage le Feyzinois. La vingtaine passée, Armel Ahidazan affiche une grosse ambition. Celle d’un jour, pouvoir aller s’exiler du côté des Etats-Unis pour devenir professionnel dans le fief du football américain. "C’est un rêve. Mais je suis déjà trop vieux", regrette-t-il.
En guise de lot de consolation, le Lyonnais a découvert l’équipe de France cet été. "C’est un tremplin. Les projecteurs seront braqués sur nous. C’est l’occasion de se faire repérer", glisse-t-il, des étoiles plein les yeux. À défaut de devenir professionnel, Armel continue ses études à Lyon 1 en licence mathématiques appliquées et sciences sociales (MASS). Mais avec toujours un seul objectif en tête : promouvoir le football américain en France.