PORTRAIT - Depuis quatre ans, Christophe Toni œuvre en coulisse à la bonne marche de l’Olympique lyonnais. Un rôle méconnu du grand public mais qui, en France, commence à faire des émules.
Ne lui dites surtout pas qu’il est la nounou des joueurs de l’Olympique lyonnais ! De nature calme et réfléchie, Christophe Toni, 31 ans, qui occupe la fonction de coordinateur sportif de l’équipe professionnelle, ne vous en tiendra pas rigueur mais ne veut surtout pas qu’on se méprenne sur sa tâche au sein du club. “Je n’aime pas ce terme de nounou, car ça veut dire quelque part que je dois répondre aux caprices des joueurs. Et je peux vous dire que c’est loin d’être le cas, souffle-t-il. Mon travail ne consiste pas à faire de la conciergerie.” Quoique. Si le natif de Romans-sur-Isère (Drôme) n’est pas du genre à se mettre en avant, les joueurs sont unanimes quant à son rôle au sein de la maison rhodanienne. Lorsqu’ils ont un service à demander, ils trouveront toujours Christophe pour les dépanner. "Il gère de nombreuses choses, il est un élément central entre le coach, le staff, les joueurs et les différents services du club, confesse Rémi Vercoutre. C’est génial de l’avoir avec nous, il est devenu incontournable."
En quoi consiste donc la mission du Drômois ? “Je fais principalement l’intermédiaire entre le sportif (joueurs, staff technique) et le reste des services du club (fondation, OL TV, marketing, sécurité, boutiques officielles...).” En somme, Christophe Toni est amené à demander aux joueurs de se rendre dans le bus d’OL TV à l’issue des rencontres ou bien de veiller à ce qu’ils ne zappent pas une opération organisée avec un partenaire du club. À chaque début de saison, il sélectionne avec l’aide d’OL Voyages environ cinq hôtels dans chaque ville visitée. Bref, un rôle important dans la bonne marche de la vie quotidienne du club. Le moindre souci peut pénaliser la vie interne de l’équipe entraînée par Rémi Garde. “Dans de nombreux grands clubs européens, il existe ce même genre de fonction. En France, les clubs commencent à mettre en place ce type d’organisation.”
C’est Christophe Toni qui est chargé de donner aux joueurs leur fiche de paie : “C’est un document personnel, je préfère le leur remettre personnellement que de le laisser dans leur casier.” L’arrivée de Christophe Toni à l’OL coïncide avec celle de Claude Puel. Explications du principal intéressé : "Il souhaitait avoir à ses côtés un adjoint en charge de toute la logistique. Une personne qui puisse faire le lien entre le domaine sportif et tous les autres services du club.” Pour la création de ce nouveau poste de régisseur appelé "team manager" (coordinateur sportif), l’OL - une fois n’est pas coutume - a souhaité faire appel à une personne qui ne soit pas issue du milieu du football.
De Jazz à Vienne à l'OL
Avant l’OL, Christophe Toni a eu une autre vie professionnelle. Il a notamment travaillé de nombreuses années sur différents festivals culturels de la région. Mais pas seulement. Il a également officié au sein d’une agence de marketing sportif basée à Paris (Roland-Garros, le prix de l’Arc de Triomphe...). Mais c’est bel et bien dans la culture, sa passion de toujours - il serait d’ailleurs plutôt bon musicien -, qu’il va se construire une bonne réputation. "Le fait qu’il ait changé de milieu, ça n’est pas du tout surprenant, confie Cyrille Bonin, le directeur du Transbordeur. Christophe, c’est un type qui fait le job à base d’hyperorganisation, de psychologie fine, d’énergie permanente et d’ultradisponibilité... le tout teinté de bonne humeur et d’intelligence ironique, autrement dit le genre de mec qui ne se prend pas au sérieux mais qui fait sérieusement son travail."
Il officie ensuite pendant trois ans au festival Jazz à Vienne, où il occupe différentes fonctions. Avant de postuler à l’annonce émise par l’OL. "Je ne suis pas un grand passionné de football, je n’aurais jamais imaginé travailler pour une équipe. Mais le challenge me paraissait intéressant à relever. Je ne le regrette pas", dit-il, tout sourire, conscient que son parcours est un sacré atout dans son travail au quotidien. "Avoir pris une personne qui ne connaissait pas le monde du foot, avec du recul, c’est une très bonne chose. Parce que je ne suis pas arrivé dans le vestiaire avec des yeux qui brillent", reconnaît-il.
L’humain avant tout !
Voix posée, ton calme et plutôt chaleureux, tout au long de notre entrevue Christophe Toni parle avec envie et délectation de sa mission. Très apprécié au sein du club, tant des joueurs que des entraîneurs, Christophe Toni a réussi à se faire sa place dans un milieu où tout est très codifié et formaté. “Ce n’était pas évident au début, il a fallu faire sa place au sein du groupe. La ligne la plus difficile, c’est de garder la confiance des joueurs mais également celle du staff technique.” Et de poursuivre : “Mon travail de coordination à l’OL est sensiblement le même que ce que je pouvais faire dans le milieu culturel. C’est simplement l’environnement qui est différent. J’ai une concentration de personnes à fort caractère avec une notoriété importante.” Cyrille Bonin, qui tout au long de l’année voit défiler de nombreux artistes, ne peut qu’acquiescer : “Au final, ce sont deux univers qui génèrent pas mal de fantasmes mais dont la réalité de terrain est assez similaire, à savoir organiser un sacré bazar, fait d’egos, d’économie et de spectacle.”
Proche des jeunes joueurs -"je suis un peu leur grand frère" -, Christophe Toni ne l’est pas moins du reste de l’effectif. En atteste ce beau témoignage de Rémi Vercoutre, gardien numéro deux de l’OL et pilier du vestiaire lyonnais : "On est contents de l’avoir avec nous. Il faudrait qu’il reste le plus longtemps possible. Car, sincèrement, il ne sera pas facile à remplacer.” Plutôt flatteur, dans un milieu footballistique où les amitiés ne sont pas toujours sincères. “Coordonner, c’est organiser des rencontres. J’aime cet aspect humain de mon travail. Il faut mettre l’humain au centre des choses. C’est également le discours de Rémi Garde cette saison. Et je me sens en phase avec ça", dit Christophe Toni qui semble avoir réussi pleinement son intégration à l’OL.