Dossier mercato : les jeunes, la base du recrutement lyonnais

Quelles sont les techniques, les astuces utilisées par le club de Jean-Michel Aulas en matière de recrutement ? Comment l’OL opère-t-il ? Recruteurs, dirigeants, observateurs, Lyon Capitale a mené l’enquête pour y voir plus clair au sein d’un milieu peu prolixe à révéler ses petits secrets.

Un dimanche traditionnel à Gerland. Les équipes de jeunes de l’OL foulent les pelouses de la plaine des jeux. Les recruteurs, de tous bords, y sont nombreux. Stylo à la main, cahier sous le coude, notes en tous genres, ils observent les talents de demain. Parents des futures graines de champions ou simples spectateurs scrutent ces personnes souvent peu loquaces, à l’écart de la foule : “C’est un recruteur de quel club ? Un club anglais, tu crois ? Et il suit qui, il est là tous les dimanches ?” Souvent érigé en exemple dans l’Hexagone, le centre de formation de l’Olympique lyonnais est particulièrement prospecté. Car, au fil des années, Lyon s’est fait un nom. Pour la qualité de ses éducateurs certes, mais aussi pour la finesse de son recrutement, chapeauté depuis 2000 par Gérard Bonneau.

Le profil : vitesse et prise d’information

Toute l’année, des jeunes sont scrutés à la loupe par des observateurs, missionnés par le club de Jean-Michel Aulas. La priorité revient au vivier rhônalpin. 60 à 70 % des pensionnaires du centre de formation de l’OL restent originaires de la région. Outre Patrice Girard, à temps complet sur l’Afrique, la région parisienne et le suivi des pôles espoirs (Dijon, Vichy, Clairefontaine, Aix-en-Provence notamment), quatre observateurs sillonnent les terrains de Rhône-Alpes, deux l’Île-de-France, un la région PACA et un la Suisse romande. Des partenariats avec des clubs de la région ont également été mis en place.

Mais quel est donc le profil type d’un jeune joueur recherché par l’OL ? “Le raisonnement a évolué. Dans l’observation, l’important aujourd’hui c’est le jeu et la vitesse de la prise d’information. Et ce dès la préformation (12-15 ans), souligne Gérard Bonneau, qui n’hésite pas à faire son autocritique sur les reproches formulés aux clubs français, notamment pendant l’affaire des “quotas”, de trop privilégier la dimension physique : “À un moment donné, je l’ai fait aussi, de prendre des grands et costauds. On raisonnait en termes d’individus. Après, à Lyon, on n’est jamais tombés dans l’extrême physique. On a une culture de jeu.” Une fois repéré, le plus difficile pour le club est souvent d’appréhender l’environnement autour du joueur.

Maurice : “On remet la formation en avant”

Sa capacité de progression aussi. “On sait former. Avec le sportif, on n’a aucun souci. Ils ont tellement de référents au club – le coach, le médecin, le préparateur physique – qu’ils sont idéalement encadrés. Après, autour du joueur, il y a un entourage qu’on ne connaît pas forcément…”, narre Bonneau. En lien étroit avec Florian Maurice (lire entretien), l’accent mis sur le centre de formation et principalement sur la cellule de recrutement a été renforcé depuis quelques saisons. Son importance demeure capitale pour l’Olympique lyonnais de demain : “C’est une stratégie du président depuis qu’il est arrivé. Elle avait un peu évolué un temps, dans le sens où il y a eu de gros investissements. On est repartis dans un cycle où on remet la formation en avant, même si elle n’a jamais été mise de côté”, explique l’ancien numéro 9. L’OL souhaite ainsi continuer de cultiver sa spécificité française : recruter et former des jeunes, tout en se maintenant à un haut niveau de compétitivité chez les professionnels.

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Scout 7, le logiciel prisé par l’OL

C’est la référence de nombreux clubs de football européens. Scout 7 est une base de données qui fournit des statistiques détaillées sur 130 000 joueurs évoluant entre la CFA et la Ligue 1 (buts, minutes jouées, caractéristiques, poids, taille, clubs successifs). Fondée en Angleterre en 2001, la société est devenue l’une des organisations les plus fiables et respectées du football. Rémi Garde, qui connaissait ce logiciel lors de son passage outre-Manche, l’a exporté à Lyon où il est utilisé depuis 2007. Chaque joueur qui intéresse le club lyonnais est scruté à la loupe. Scout 7 a notamment permis de dénicher le milieu de terrain argentin César Delgado en janvier 2008. “C’est un outil très utile, concède Florian Maurice. Il permet d’avoir une mine d’informations et de pouvoir rédiger des rapports sur des joueurs qui peuvent être lus en interne.” Aujourd’hui, Scout 7 est exploité par 160 clubs dans le monde, dont 14 en Ligue 1. “On a des analystes dans chaque pays qui s’occupent de mettre à jour la base de données. On est également plusieurs à gérer le suivi et les demandes spécifiques des clubs au quotidien”, relate Pierre Michaud, responsable du service consulting de Scout 7.

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Plan de rigueur à l’OL

Seule équipe de football française cotée en bourse, l’Olympique lyonnais a subi de plein fouet la crise économique. Le club de Jean-Michel Aulas va devoir se serrer la ceinture durant les cinq prochaines années, en réduisant progressivement sa masse salariale d’environ 20 millions d’euros et en prévoyant des cessions de joueurs pour un montant global d’environ 40 millions d’euros afin de “diminuer les charges d’amortissement de contrats joueurs”.

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