Foot : pour assainir les finances des clubs, l'exemple de la NBA

Le foot-business est au bord de la crise. Endettés, déficitaires, les clubs peinent à suivre les exigences de leurs joueurs et de leurs agents. Un problème pourtant réglé depuis longtemps outre-Atlantique, dans le basket par exemple, où sportifs comme dirigeants y trouvent leur compte.

Une perte globale de 578 millions d'euros

L'UEFA vient de faire état de la situation économique catastrophique des clubs européens, en particulier chez les grandes écuries. On y apprend que les salaires des joueurs ont augmenté de 18,1% en 2008, et que 57 équipes y consacrent plus d'argent qu'ils n'ont de revenus.

Côté transferts, la palme revient aux clubs anglais et espagnols : entre les sommes dépensées pour l'achat de joueurs et les sommes rapportées par la vente d'autres joueurs, les clubs perdent 385 millions d'euros (sur un marché de 550 millions d'euros pour toute l'Europe).

Au final, le football européen affiche pour la même année une perte globale de 578 millions d'euros et 22% des clubs accusent un déficit supérieur à 20%…

Michel Platini, président de l'UEFA, tente d'ouvrir le débat sur une harmonisation européenne des législations. Véritable enjeu : la réduction de la dette des grands clubs. 650 millions d'euros pour Manchester, 562 pour le Real ou 420 pour l'Inter de Milan…

La surenchère salariale et les transferts exorbitants ont plombé les bilans, avec la bienveillance des banques et des actionnaires, censés assurer leurs arrières. Des clubs qui n'ont pas intérêt à abandonner leur hégémonie sportive et qui font pression pour maintenir le statu quo.

Un système mieux régulé aux Etats-Unis

On pourrait croire que les ligues outre-Atlantique connaissent les mêmes problèmes. Loin de là : la rémunération des joueurs des grandes équipes de basket est extrêmement cadrée. Pourtant c'est, pour les joueurs, le sport d'équipe le plus lucratif du pays.

Le secret réside dans le « salary cap », qui définit la masse salariale maximale à laquelle tous les clubs sont soumis. Chaque dollar de dépassement peut entraîner jusqu'à un dollar d'amende et des restrictions de recrutement.

Détail déterminant : un contrat signé ne peut être rompu. Même en cas de longue blessure ou de transfert, le salaire des joueurs reste immuable jusqu'à la fin de leur engagement. Un bon moyen d'empêcher l'inflation et de maintenir un niveau de jeu relativement homogène.

Les joueurs y sont aussi beaucoup mieux organisés. Tous syndiqués, le « collective bargaining agreement » (ou CBA), sorte de convention collective, est renégocié tous les sept ans avec les clubs et définit le « salary cap », les conditions de transferts ou encore le « Smic » des joueurs. Un salaire minimum qui se chiffre en millions de dollars mais qui, couplé à un plafond de rémunération, empêche les stars de monopoliser tout l'argent disponible.

A tout cela s'ajoute un droit de grève illimitée, dont l'utilisation s'est déjà révélée décisive. Ainsi, en 1999, après un désaccord sur les salaires, la NBA avait démarré avec deux mois de retard, pour finalement céder à toutes les revendications des joueurs.

Une autre conception de la formation

Il serait pourtant impossible d'importer ce système tel quel aux ligues du vieux continent. Les championnats américains sont des « franchises fermées » : il existe une liste fixe des clubs participants et il n'y a pas de système de divisions inférieures. Tout l'inverse du football européen, où la relégation est une tradition et les liens avec le sport amateur plus forts.

La formation n'a elle non plus rien à voir. Les joueurs américains sont formés dans les facs et choisis par les clubs selon un système savant de tours (« drafts ») : les équipes choisissent à tour de rôle des joueurs sortant de l'université.

En Europe, les clubs forment eux-mêmes les joueurs, achetés parfois lorsqu'ils sont à peine adolescents pour des millions d'euros et soumis très vite au monde professionnel et à la compétition de haut niveau. La reconversion des joueurs, une fois leur carrière terminée, est d'autant plus difficile qu'ils arrêtent très tôt leurs études souvent par manque de temps, quand les sportifs américains restent dans le système scolaire jusqu'à parfois 20 ans.

Tout le monde s'accorde pour dire qu'une réforme ne pourra se faire qu'à l'échelon européen. Mais en attendant des positions claires des instances footballistiques ou une véritable action politique, ce sont les supporters qui s'activent.

Les craintes des supporters

Critiquant ouvertement les actionnaires de leurs clubs -comme à Manchester où la famille Glazer, propriétaire du club, envisage de s'en débarrasser pour être tranquille-, ils s'inquiètent des sanctions sportives à l'encontre de leur équipe en cas de problèmes financiers.

En Angleterre, la faillite du club de Southampton lui a coûté une rétrogradation en troisième division. Portsmouth, Valence et la Lazio de Rome seront bientôt dans le même cas, et tout le monde redoute que la chute d'un grand club ait un effet domino dévastateur.

Dans ses plus mauvaises années, le Real Madrid avait pu compter sur le roi d'Espagne pour renflouer ses caisses. Pour les autres...

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