Le Lyonnais Franck Solforosi, médaillé olympique d'aviron quatre sans barreur en catégorie poids léger, vient de rentrer de Rio. "Parrain d'honneur" de la journée dédiée aux handisports place Bellecour, il a répondu à quelques questions.
Lyon Capitale : Vous venez de rentrer des J.O de Rio avec une médaille de bronze autour du cou. Mais vous êtes aussi présent pour cette journée dédiée aux handisports par rapport à votre métier ?
Franck Solforosi : On a un stand ici avec mon employeur et mes collègues de travail, je ne pouvais pas ne pas être là. C'était normal en tant qu'athlète, mais aussi en tant que kinésithérapeute. Dans la vraie vie, je suis là pour rééduquer les paraplégiques et les ramener à faire du sport.
Vous encouragez vos patients à en faire ?
On ne fait pas de pressing, car s'il y a une volonté de leur part, elle doit venir d'eux et pas de nous. Mais nous sommes là pour leur dire que c'est possible, qu'ils peuvent même espérer le haut niveau, les jeux et les championnats du monde. Mais c'est à eux de se mettre dans le projet, on ne peut pas les obliger à le faire. Surtout qu'on s'occupe des paraplégiques dans la période critique, c'est-à-dire celle où ils viennent de se faire opérer, donc ils ont du mal à se projeter. Nous sommes là pour leur montrer des projections, à eux de voir laquelle ils veulent prendre.
Le sport peut-il permettre de se libérer ?
Le sport permet de se réapproprier son corps, et cela vaut pour tout le monde. On se revalorise aussi soi-même parce qu'on a l'impression d'être vivant, de faire quelque chose de notre vie. Ça donne aussi des projets, des objectifs. Quand on a eu un handicap, tous les projets tombent souvent à l'eau. C'est la reconstruction de projets qui permet d'avancer.
La médaille de bronze que vous aviez obtenue en Championnat du Monde d'Aviron était passée presque inaperçue en comparaison à celle remportée lors des Jeux olympiques de Rio. Il y a quand même une grosse différence en terme de visibilité suivant les compétitions ?
Les Jeux olympiques, surtout pour les disciplines qui sont peu médiatisées, sont vraiment une vitrine très importante. D'autant plus les Jeux paralympiques, car les athlètes ont encore moins de visibilité. C'est important. Je pense que les jeux sont une énorme expérience et que c'est hyper valorisant pour ceux qui les font.
Ça a changé votre quotidien à Lyon d'avoir une médaille olympique ?
Pas vraiment, je suis toujours kiné au même endroit. C'est juste que j'ai plus de sollicitations, car c'est encore frais, mais je sais que ça va retomber donc j'en profite. Je ne suis pas comme un Teddy Riner ou un Tony Parker.
Vous ne l'êtes pas … encore ?
J'aimerai croire que ça pourra changer. Mais quand je vois les retombées médiatiques qu'ont les champions olympiques d'aviron, je me dis que ça n'arrivera certainement pas, en tout cas pour moi. Peut-être sur les prochaines générations. Il faut en profiter, les sports comme ça, anonymes, c'est quelque chose d'énorme. Aux Jeux, l'aviron est un sport qui ramène des médailles. On a énormément de clubs sur Lyon, avec beaucoup de pratiquants. C'est un sport local.