Interview.
Lyon Capitale : Quel est le rôle d'un médecin de club vis à vis de la lutte contre le dopage ?
Jean-Jacques Amprino : En tant que médecin, nous avons un gros travail de prévention. Chaque joueur est suivi avec une prise de sang tous les trois mois dans le but de débusquer de quelconques anomalies. Il y a une certaine transparence puisque les échantillons sont directement envoyés dans un laboratoire à Paris. S'il s'avère que le joueur s'est dopé, il y a une enquête qui est diligentée. Mais avant tout, mon travail c'est de prévenir les risques. Par exemple, je demande aux joueurs de venir me faire voir les médicaments avant de les ingurgiter. Si, je ne connais pas le produit, on ne prend aucun risque et on préfère les mettre à la poubelle. Mon rôle c'est de mettre en garde les joueurs.
Un joueur peut-il refuser de faire ces prises de sang ?
On a besoin du consentement du joueur car on sort du secret médical. Depuis huit ans que je suis médecin à l'OL, aucun joueur n'a refusé de subir ces contrôles.
Malgré tout, le dopage dans le foot reste un sujet assez tabou...
Ce n'est pas un sujet si tabou que ça. En tout cas pas à l'Olympique Lyonnais où on en parle librement avec les joueurs.
Pour vous, quels sont les moyens pour lutter efficacement contre le dopage dans le football ?
C'est en étant rigoureux sur l'hygiène de vie, la diététique, la récupération, le sommeil, faire en sorte que les joueurs soient au mieux. Tout ce travail de surveillance biologique est primordial. Vous savez si un joueur se sent bien dans sa peau, il sera moins tenté par le dopage.
Pourquoi y a t-il plus de dopage dans le cyclisme que dans le football ?
Ce sont deux sports complètement différents. Attention, je ne dis pas qu'il n'y a pas de dopage dans le foot mais il n'y a pas besoin d'être un spécialiste de vélo pour se rendre compte qu'une épreuve comme le Tour de France demande une telle débauche d'énergie, que les cyclistes soient très tentés. Dans le football, je pense que le dopage est moins présent. Pour un footballeur tout dépend de son poste mais sur un match, il va parcourir au total entre 11 et 12 km. C'est dix fois moins intense que de grimper un col.
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