L’OL féminin à la conquête du public lyonnais

Déterminé à être le premier président français à devenir champion d’Europe avec son équipe féminine, Jean-Michel Aulas est intimement convaincu que le football professionnel peut autant se conjuguer au masculin qu’au féminin.

“On est nombreux à s’être demandés, s’il n’était pas devenu fou. C’était bizarre de mettre autant d’énergie et surtout autant d’argent dans une équipe féminine”. Ces propos d’un cadre de l’OL symbolisent parfaitement bien l’inquiétude qui régnait au siège de l’OL, lorsque Jean-Michel Aulas a pris la décision d’investir dans une équipe de football féminin. C’était il y a six ans. Depuis, les mentalités ont quelque peu évolué. La finale de la Ligue des Champions disputée en mai dernier à Getafe contre le club allemand de Turbine Potsdam (0-0, 7-6 t.a.b.) n’y est pas étrangère. Malgré la défaite, les Lyonnaises, encouragées par les salariés du club et quelques représentants des “Bad Gones”, ont prouvé qu’elles étaient capables, à l’instar de leurs homologues masculins, de rivaliser sur la scène européenne. Quelques jours plus tard, celles qu’on surnomme les “Poupées” remportent un quatrième titre de championnes de France dans un relatif anonymat. “Les choses évoluent progressivement. J’ai tout de même été sollicité par quelques journalistes mais il est évident qu’en France, le football féminin n’est pas reconnu à sa juste valeur”, confesse Paul Piemontese, le président de la section féminine de l’OL.

Calendriers sexy

À tel point, qu’en 2009, afin de promouvoir leur sport, plusieurs footballeuses enlèvent leurs maillots pour une séance photo sexy. Une opération orchestrée par la Fédération française de football qui suscite l’intérêt des médias mais a agacé au plus haut point Paul Piemontese. “Je n’ai pas du tout apprécié, s’emporte-t-il. D’être obligé de faire des calendriers sexy pour des joueuses de football, c’est une méthode traditionnelle. Alors certes ce sont de belles filles mais ce sont avant tout des sportives de haut-niveau.”

Si les médias traditionnels suivent épisodiquement les performances des féminines, Sébastien Duret, un jeune webmaster a décidé en 1999 de créer un site Internet entièrement dédié au football féminin (footofeminin.fr). “À la base, c’était un blog qui a évolué en un véritable site qui attire 3000 visiteurs uniques par jour”, confie-t-il. Malgré un enthousiasme débordant, Sébastien Duret, ne vit pas de son site et regrette vivement le manque d’engouement des clubs de Ligue 1 pour le foot féminin. “Je trouve dommage que la plupart des clubs français, mis à part l’Olympique Lyonnais, ne soient pas très emballés par le foot féminin.”

Un avis complètement partagé par Patrice Lair, le nouvel entraîneur des féminines de l’OL. “Je me suis battu durant deux ans à Montpellier pour que le foot féminin soit reconnu. Je dois reconnaître, que je me suis vite lassé." Le successeur de Farid Benstiti qui a la réputation d’être un entraîneur travailleur et exigeant, a immédiatement été séduit par le discours des dirigeants lyonnais. “Dans mon esprit tout était clair : si je devais à nouveau entraîner une équipe féminine, c’était Lyon et rien d’autre. L’objectif du club, c’est de gagner la Ligue des Champions d’ici à deux ans. Aujourd’hui, l’OL est le club français le plus armé, en terme de structures et de moyens, pour réaliser cet objectif.” Si les mythes et idées préconçues autour des femmes jouant au football ne disparaîtront pas du jour au lendemain, Jean-Michel Aulas a bien l’intention de faire de son équipe féminine, une référence dans l’Hexagone.

Lire sur le même sujet : L'interview de Jean-Michel Aulas

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