Football amateur

L’US Millery-Vourles, le football vrai

Si la rémunération des joueurs est devenue progressivement monnaie courante dans le football amateur, une équipe a opté pour un autre modèle.

Un dimanche banal de décembre au stade champêtre de la Freydière, à Millery (Rhône). L’équipe fanion de l’Union sportive Millery-Vourles vient de s’imposer contre Misérieux-Trévoux pour le compte de la 8e journée de championnat d’honneur régional (7e division nationale). La récompense pour cette victoire ? Sandwichs saucisson ou fromage et boissons dans le club house. Pourtant, à ce niveau-là, les primes sont monnaie courante pour les footballeurs. Mais pas à l’USMV. Le club en fait une de ses valeurs phares. “Je trouve que ça dénaturerait le football amateur”, lance Olivier Dumas, entraîneur des seniors et éducateur au club depuis la fusion des deux villes il y a onze ans. Cette année, Millery-Vourles est la seule formation d’honneur régional qui ne reverse pas de prime de match ni autre dédommagement à ses joueurs.

Pourtant, le club fait partie des trois premiers du classement depuis le début de la saison. Les raisons de cette réussite ? Une formation dès le plus jeune âge. “Nous sommes trois éducateurs salariés à plein temps qui nous occupons de tout le club. On a l’avantage par rapport à d’autres équipes d’avoir une ligne de conduite et de jeu identique dans toutes les catégories”, détaille Dumas. Les dirigeants millerots-vourlois peuvent se féliciter d’avoir formé Benjamin Corgnet, qui évolue désormais en Ligue1 au FC Lorient. Ajoutez à cela une bonne dynamique sportive et un esprit convivial pour un club qui dénombrait 175 licenciés en 2001 quand il en compte 450 aujourd’hui.

"Les joueurs jouent pour le plaisir que leur procure le football et pas pour ce qu’il leur rapporte"

Mais, pour continuer sa progression, l’USMV devra passer un cap et se doter de moyens financiers. “Tant que je serai à la présidence, ça n’arrivera pas. De toute façon, on n’en a pas les moyens”, explique un des deux présidents, Gilles Gutfreund. Avant de poursuivre : “Ça serait donner de l’argent au détriment de la formation. Mais il faut surtout que notre club reste un club familial, où les joueurs jouent pour le plaisir que leur procure le football et pas pour ce qu’il leur rapporte.”

Lors de la fusion entre Millery et Vourles, deux communes de l’Est lyonnais, en 2001, la question de l’argent ne s’était pas posée. Avec la réussite sportive du club, certains joueurs n’ont pas hésité à quitter le club pour toucher leur monnaie ailleurs. “Il faut accepter de perdre des gars pour des raisons financières. Mais on s’aperçoit depuis deux, trois ans que 90% de ces joueurs reviennent chez nous. C’est le signe qu’on est dans le vrai”, constate Olivier Dumas.

"Un fort esprit de clocher"

C’est le cas de Boris Boudrandi, meilleur buteur de l’équipe fanion, qui avait choisi de rejoindre le MDA Chasselay en 2010, une équipe plus prestigieuse. Cette saison, il a décidé de revenir dans son club de cœur. Signe que l’argent n’est pas forcément synonyme de bonheur. En Coupe de France cette année, l’équipe senior a battu deux formations de CFA, le MDA Chasselay et le FC Valence, avec près de 1.000 personnes venues encourager l’USMV. “Il y a un fort esprit de clocher. Même ceux qui n’aiment pas spécialement le football se sont déplacés”, explique Olivier Dumas. “L’argent ôte l’âme des choses”, écrivait Jean Basile. Pour l’heure, l’Union sportive Millery-Vourles a choisi une autre voie.

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