Les sportifs lyonnais, notamment les footballeurs, ne sont guère bavards lorsqu’il s’agit d’exprimer leurs opinions politiques. (Article paru dans le mensuel Lyon Capitale du mois de février).
“Tu es fou, tu veux briser ma carrière !” La plupart des sportifs lyonnais hésitent à parler politique. Yann Cucherat, double champion d’Europe aux barres parallèles et vice-champion du monde à la barre fixe ne semble pas surpris par ce silence. “Je peux comprendre que certains sportifs soient sur la réserve ; ils ne veulent pas avoir de casquette politique”, confie-t-il. Pour le joueur de l’Olympique lyonnais Ederson, il s’agit surtout de protéger sa carrière : “Il est préférable de rester neutre et de ne pas afficher ses idées politiques, car ça peut nous porter préjudice.” Le Brésilien reste toutefois informé. Il parle plus volontiers de ce qui se passe au Brésil. “Je suis un peu la politique mais de très loin, car je préfère rester concentré sur le football. Au Brésil, je trouve que Lula a fait de bonnes choses pour le pays. La présidente actuelle [Dilma Rousseff, Ndlr] est dans la continuité et c’est quelque chose de positif”, souffle-t-il.
Yann Cucherat votera Hollande
Si, dans le milieu du sport en général, il est malvenu d’afficher ses idées politiques, pour un footballeur, c’est un risque énorme. “En tant que gymnaste, je suis moins médiatisé qu’un footballeur. Je comprends ce que dit Ederson (ici en photo à droite). Pour lui, c’est plus compliqué, car il va être amené à changer de club à plusieurs reprises dans sa carrière”, souligne Yann Cucherat, qui parle sans détour de ses idées. “Ça ne me dérange pas de prendre position. Avant d’être des sportifs de haut niveau, nous sommes des hommes, et la question politique nous concerne, indique-t-il. Je suis l’élection présidentielle comme récemment les primaires socialistes. C’est important de savoir ce qui se joue au sein de notre pays.”
Le gymnaste lyonnais, qui a dernièrement affiché son soutien à Thierry Braillard (PRG) pour les législatives de juin prochain, avoue aussi qu’il a choisi son candidat pour la présidentielle de 2012. “Sur le plan local, je soutiens Thierry Braillard comme Gérard Collomb. C’est avant tout des choix d’hommes. Au niveau national, c’est tout naturellement que je voterai pour François Hollande”, affirme-t-il.
Si les footballeurs évitent de s’afficher publiquement, ils ne se privent pas d’échanger dans les vestiaires, ainsi que le rapporte un ancien joueur de l’OL : “En 2007, certains, surtout les plus anciens, parlaient politique. L’idée, c’était qu’il fallait voter pour Nicolas Sarkozy car avec lui au moins on aurait moins d’impôts à payer.”