Analyse. Ce samedi, face à Nantes, l'OL va disputer son dernier match de la saison. Lyon célébrera son nouveau titre de champion avec ses supporters place des Terreaux. Mais cette saison sonne le glas de la fin d'un cycle. Tout au long de la saison, de vives tensions ont éclaté au grand jour.
Et pourtant tout avait si bien commencé. Dès le début de saison, les Gones vont répondre présent en remportant, début juillet, face au PSG, le Trophée des Champions.* La saison démarre en fanfare pour Lyon, les victoires s'enchaînent. Lors de la première partie de saison, l'OL va réaliser un quasi sans faute (16 victoires, 2 nuls pour 1 défaite). Lors de ces matchs aller, Lyon va totaliser jusqu'à cinquante points. Autant dire que le titre de champion était déjà en poche.
Le vestiaire lyonnais en ébullition
Début janvier, Lyon présente une tout autre physionomie. Les Brésiliens et notamment Cris reprochent à leur entraîneur de ne pas faire jouer Claudio Caçapa. L'ambiance est morose dans le vestiaire lyonnais. Cela va vite se ressentir sur le terrain où l'OL ne gagne plus. Une équipe lyonnaise méconnaisable, n'arrivant plus à pratiquer son jeu. Gérard Houllier semble dépassé par les événements et a du mal à expliquer cette baisse de régime. Va s'en suivre le cas Alou Diarra. Le milieu de terrain n'est pas content de son temps de jeu. Il va le faire savoir et refuser d'aller jouer en CFA. Recruté en remplacement de Mahamadou Diarra parti au Real Madrid, l'ancien lensois n'imaginait pas faire banquette entre Rhône et Saône.
Début mars, Lyon est éliminé de la Ligue des champions. Une défaite en huitième de finale face à l'As Roma (2-0) qui va laisser beaucoup de traces. Juninho va faire une déclaration assez surprenante en disant qu'il ne gagnerait jamais la Ligue des champions avec Lyon. Gérard Houllier va devoir régler un autre problème. Son attaquant Fred a des soucis d'ordre familial. Il arrive à plusieurs reprises en retard à l'entraînement sans prendre la peine de se justifier. Tous les regards se tournent vers Gérard Houllier dont l'avenir à Lyon semble trouble.
Jean-Michel Aulas va alors saisir l'occasion pour affirmer haut et fort que ce dernier serait toujours l'entraîneur de l'OL, la saison prochaine. Mais pour ne rien arranger à toutes ces péripéties, l'affaire Wiltord va faire surface. La veille du match Lyon-Rennes, l'ancien Gunner va se faire remarquer dans un hôtel lyonnais en fêtant de manière très personnelle le nouveau titre de champion avec une dizaine de ses coéquipiers. Gérard Houllier décide de le sanctionner en ne le convoquant pas pour le déplacement à Paris. Fou de rage, Wiltord vide son vestiaire et quitte le centre d'entraînement. Il sera reçu par Jean-Michel Aulas et sanctionné par une mise à pied de 48h.
Houllier à Kiev ?
L'entraîneur des septuples champions de France va refaire parler de lui. Jeudi dernier, un quotidien parisien annonce que Gérard Houllier aurait signé au Dynamo Kiev. Ce dernier s'empresse de démentir et donne rendez-vous à la presse à l'issue de l'entraînement pour s'expliquer sur cette nouvelle rumeur. Gérard Houllier va faire court : "Je pense que votre présence présuppose qu'il y a la nécessité d'apporter un démenti formel à tout ce qui a été dit et écrit concernant Gérard Houllier au Dynamo Kiev. Je suis flatté à vrai dire, c'est toujours flatteur quand un grand club s'intéresse à vous. Je peux vous assurer que je ne serai pas à Kiev la saison prochaine. Voilà, c'est tout, je n'ai rien d'autre à ajouter." Une conférence de presse qui va en surprendre plus d'un. Car en réalité Gérard Houllier nie bien avoir signé à Kiev mais ne met pas fin aux rumeurs. En bon homme de communication, il reste sur ses gardes et pèse ses mots.
Le duel Houllier / Lacombe
Gérard Houllier souhaite avoir des garanties. Il veut avoir les pleins pouvoirs dans le domaine sportif, être le seul décideur en matière de recrutement. Ce qui à Lyon est impossible, et l'entraîneur lyonnais le sait parfaitement. Jean-Michel Aulas a toujours fonctionné ainsi. Il laisse le soin à son conseiller, Bernard Lacombe, de gérer la cellule "recrutement" en accord avec l'entraîneur en place. Seulement, entre Lacombe et Houllier, les relations sont plutôt tendues. A tel point que Bernard Lacombe aurait déclaré dernièrement à son président "si lui reste, moi je m'en vais".
Jean-Michel Aulas le sait, il va falloir vite trancher entre les deux hommes pour éviter une guerre des clans. Si on fait le lien entre toutes ces affaires, on peut juste constater que c'est la première saison où autant d'histoires remontent à la surface. Autrefois à Lyon tout était contrôlé, filtré, étouffé. Ajoutée à ça, la cruelle désillusion en Ligue des champions, qui aura causé beaucoup de mal. Malgré ce sixième titre historique de champion de France, c'est bien la fin d'une époque.
En cette période de transferts, l'agitation en coulisse a déjà commencé. Abidal est annoncé partant à Barcelone, Malouda à Chelsea et Juninho et Coupet n'ont toujours pas prolongé. C'est la fin d'un cycle à Lyon, même si Jean-Michel Aulas ne l'entend pas de cette oreille et prévient : "Je serais à la place de nos adversaires, je ne me réjouirais pas trop de ce qui va se passer pendant l'intersaison." On aura compris, une nouvelle ère se dessine à l'horizon pour l'Olympique Lyonnais.
* Le Trophée des Champions oppose le champion de France à l'équipe qui a remporté la Coupe de France.
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