L'OL a publié mercredi soir ses comptes pour 2015/2016. Les six premiers mois au Parc OL ont permis d'augmenter les revenus de la billetterie, mais le club reste dépendant de ses résultats sportifs et des transferts.
Jean-Michel Aulas ne s’en est jamais caché, la cession de joueurs fait partie du modèle économique de l’OL. Associés au déménagement dans le nouveau stade de Décines et la qualification en Ligue des champions, ces transferts permettent au club d’afficher de bons résultats pour l’exercice 2015/2016.
Après seulement six mois au Parc OL, les revenus de la billetterie bondissent de 11,1 millions à 27,7 millions. Il faudra attendre l’exercice 2016/2017 pour tirer le premier bilan d’une année complète au stade. Jean-Michel Aulas précise : « On a prévu pour le budget de cette année 46 millions de revenus issus de la billetterie. Un an à Gerland représentait entre 10 et 20 millions d’euros ».
Le revenu moyen par spectateur passe de 16 à 32 euros, même s’il faudra confirmer avec un bon remplissage sur cette saison 2016/2017. La nouvelle politique tarifaire du club basée sur le yield management comme les compagnies aériennes est encore loin d’être compréhensible pour ne pas dire pertinente dans le contexte actuel. Le club est sans doute trop en avance avec cet usage dans le sport.
Des progressions à tous les étages
Parallèlement, grâce à la qualification en Ligue des champions, l’OL progresse sur les droits TV et marketing (+81%), passant de 45,8 à 83,1 millions. Les produits de la marque s’élèvent désormais à 22,3 millions (+31%). En l’absence du naming, pour les partenariats et publicités, le club se contente d’une hausse de 22,4 à 26,9 millions (+20 %). Dès lors, le produit de ces activités, qui ne comprennent pas les contrats joueurs, augmente de 96,3 à 160 millions (+ 66 %). Malgré ces hausses, cela ne suffit pas à l’OL pour afficher un excédent brut d’exploitation positif, même s’il est quasiment à l’équilibre. À – 0,5 million, hors contrat joueur, il progresse néanmoins comparé à 2014/2015 (- 14,4 millions sur cette période).
L'importance des cessions
Les comptes sont également dopés par les produits de cessions des contrats joueurs affichant un joli + 707 % et passant de 7,2 à 58,1 millions. Le club tire les fruits des ventes de Benzia, Njie, Yattara, Zeffane, Beauvue, Koné et surtout Umtiti et un incentive sur Martial de 8,7 millions d’euros. En comptant ces cessions, l’excédent brut atteint alors 52,1 millions d’euros contre -7,2 millions d’euros sur 2014/2015. Du côté des perspectives, l’OL rappelle que la plus-value potentielle « relative à l’actif joueur reste très élevée avec un effectif professionnel estimé à 191,5 millions » (160 millions net comptable). Le chiffre est théorique et prend en compte d’éventuelles cessions, mais le club peut-il se le permettre quand une nouvelle qualification en Ligue des champions semble incontournable pour afficher de bons résultats pour l’exercice 2016/2017 ?
L’augmentation des revenus du stade...
D’ici 3 à 5 ans, le club espère que le Parc Ol permettra de générer 70 millions d’euros de recettes additionnelles. Jean-Michel Aulas est satisfait des débuts de l’enceinte : « nous avons l’augmentation de la billetterie, la mise à disposition du stade pour l’Euro ou le concert Rihanna. On a gagné l’appel d’offres de la finale de la Coupe de la Ligue, c’est la première fois qu’elle aura lieu en province. Nous aurons un certain nombre de spectacles, on attend les autorisations définitives pour annoncer un grand concert pour juin. Nous avons aussi le match de la Ligue Magnus fin décembre, probablement un certain nombre de manifestations qui permettent de louer l’entièreté du stade ou des parties pour les séminaires. Là aussi les prévisions sont à la hausse, on a depuis le début accueilli plus de 17 000 personnes pour les séminaires, c’est un revenu supplémentaire par rapport à ce qu’on fait faisait avant » (NDLR : selon nos informations, le concert de juin sera celui de Coldplay, même si le club ne peut confirmer pour des raisons de contrat).
...et des charges
Jean-Michel Aulas reste conscient que le nouveau stade entraîne de nouvelles dépenses : « Les charges d’exploitation sont significativement plus importantes. On apprend à mieux les gérer, que ce soit l’électricité, la luminothérapie, les charges d’entretien, le bâtiment fait l’objet d’un traitement préventif pour ne pas réinvestir pour les vingt prochaines années. Les soirs de match, nous avons 2 500 personnes entre la sécurité les guichets, les hôtesses, cela représente des charges considérables même si ce sont des contrats ponctuels. On découvre les charges même si on a fait des prévisions. Sur les six premiers mois, nous sommes largement bénéficiaires, mais on veut maintenir la même qualité du service et optimiser les coûts. Nous avons une amplitude de 15 à 20 % sur la réduction de charge ».
Dans tous les cas l’arrivée du fonds d’investissement chinois IDG Capital Partners et un investissement de 100 millions devrait peser positivement sur l’avenir du club en permettant le refinancement du stade sur l’exercice 2016/2017 comme rappelle Jean-Michel Aulas : « quand on réduit de 100 millions la dette, on améliore le compte d’exploitation de 7 millions par an, on aura tort de s’en priver ».
Reste que le cercle vertueux dépend toujours du sportif. En juillet, interrogé par Lyon Capitale, Jean-Michel Aulas le reconnaissait lui même (lire ici). Pour l’OL, il faudra bien commencer par la base : les joueurs partent à leur plus haute valeur quand les résultats sont bons, de bons résultats permettent de se qualifier en Ligue des champions, d’augmenter les revenus billetteries et mais aussi marketing. Bien que le club doit encore faire des efforts sur sa politique tarifaire, son merchandising parfois indigne de son rang et l’absence de marketing personnel autour des joueurs, les outils sont présents, le potentiel est là et l’équipe va devoir s’en montrer digne.